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  • Le Père Joseph nous adresse ses voeux depuis Ouagadougou - 01 janvier 2019

    Le 31 12 18

    Chers parents, amis(e)(s) …

    C’est le dernier jour de l’année et je me décide enfin à vous envoyer ma circulaire traditionnelle de vœux de fin d’année. Déjà, beaucoup d‘entre vous m’ont envoyé vos vœux en me souhaitant « Joyeux Noël » par différents médias (lettres écrites à la main, SMS, wathsapp, mail, et même téléphone direct ! ) On n’arrête pas le progrès ! Merci pour tous ces signes d’affection, d’amitié fraternelle. Cela me culpabilise de ne pas avoir pris le temps de vous envoyer les miens plus tôt. Je le fais donc aujourd’hui en vous souhaitant de tout cœur des bonnes et saintes fêtes de fin d’année. C’est toujours l’occasion des retrouvailles en famille.

    J’espère que vous avez invité l’ami le plus important.

    Pape François a écrit : « Il n’y a pas de Noël sans Jésus ! » Alors qu’il vous rejoigne chacune chacun et vous accorde santé, paix, joie, peut-être réconciliation. Que le Père Dieu qui sait ce dont chacun a besoin vous donne d’être heureux, même dans les difficultés, les misères dues à nos âges, nous les anciens, mais aussi les plus jeunes dans leurs vies de famille, professionnelle et d’engagement dans la société.

    Le message que je veux vous partager est celui du Pape François pour demain le 1er janvier, journée de prières pour la paix, eu égard à la situation que nous vivons au Burkina et dans notre monde.

    « Offrir la paix est au cœur de la mission des disciples du Christ. Et cette offre est adressée à tous ceux qui, hommes et femmes, aspirent à la paix au milieu des drames et des violences de l’histoire humaine. La ‘‘maison’’ dont parle Jésus, c’est chaque famille, chaque communauté, chaque pays, chaque continent, dans sa particularité et dans son histoire ; c’est avant tout chaque personne, sans distinctions ni discriminations. C’est aussi notre ‘‘maison commune’’ : la planète où Dieu nous a mis pour y vivre et dont nous sommes appelés à prendre soin avec sollicitude.

    C’est donc également mon vœu au début de l’année nouvelle : ‘‘Paix à cette maison ! »

    Quelques nouvelles de ce que je vis actuellement.

    Si j’ai tant tardé, c’est que je suis « en retrait » de la paroisse St Jean XXIII où j’étais curé, mais les services à rendre ne manquent pas. Hier, j’ai assuré 3 mariages et les visites des paroissiens à mon nouveau domicile au centre ville de Ouaga sont nombreuses. Je suis donc à la Communauté des Missionnaires d’Afrique qui est chargée d’accueillir les confrères de passage. Nous sommes 4 confrères permanents : P. Rémy Kambole, originaire de Zambie, le responsable ; le P. Darek, de Pologne, qui travaille au Pélican (pour aider des jeunes qui ont des difficultés dans leurs études…) et un stagiaire Missionnaire d’Afrique, Joseph Souverain, de République Démocratique du Congo, et moi-même.

    On m’a confié au nom du diocèse un service de confession, 1 jour par semaine, mais aussi et surtout l’accompagnement de la Commission Diocésaine pour le dialogue entre chrétiens et musulmans. Un jeune abbé, qui a été se former en islamologie à Rome en a pris la responsabilité et nous travaillons ensemble pour animer les nombreuses réunions et activités. C’est un travail plus que jamais nécessaire dans la situation actuelle de notre pays. Au Nord où j’ai eu l’occasion de vivre et travailler (Ouahigouya, Dori, Djibo) mais aussi à l’Est vers le Niger, (Fada n Gourma, Pama), et à l’Ouest vers le Mali, (le Sourou, Nouna), il y a des attentats, (attaques de gendarmeries, de polices, d’écoles…). Les extrémistes violents ont infiltré les populations et les tiennent dans la peur de la répression s’ils dénoncent… Une véritable guerre asymétrique, difficile à mener par les Forces de Défense Burkinabé. Cette guerre est d’abord à l’intérieur de l’islam lui-même : entre ceux qui se réclament d’un Islam extrême et violent, intégriste et ceux qui se réclament d’un Islam du « juste milieu » fait de modération et tolérance. Nous travaillons à renforcer les liens avec ces derniers qui acceptent volontiers de collaborer avec nous, nous invitant eux-mêmes à leurs manifestations parce qu’ils savent qu’ils sont menacés de la même façon que les chrétiens ou autres… D’où beaucoup de rencontres interreligieuses, et aussi des actions auprès des Communautés Chrétiennes de Base et les paroisses pour éclairer, former à la connaissance de l’autre…. C’est un travail qui me rend heureux.

    Au niveau de l’Eglise et pour nous, les Missionnaires d’Afrique, nous venons de vivre deux évènements importants.

    C’est :

    • - l’ouverture de l’année jubilaire des 150 ans de la fondation de Pères Blancs et Sœurs Blanches par le Cardinal Lavigerie, les 8 et 9 décembre. Une occasion de remercier Dieu pour l’immense travail des missionnaires qui ont donné leur vie pour l’Afrique.

      -* - La béatification des 19 martyrs en Algérie, dont 4 Pères Blancs, en sont un exemple.

    Je viens de découvrir un film (57mn) intitulé : « Le cimetière des éléphants » diffusé par KTO et réalisé par une fille burkinabé, journaliste, sur le travail de nos anciens actuellement en maison de retraite en France. Admirable, et vraiment essayez de le trouver par Internet….

    Peu à peu, je deviens moi-même, un des ces éléphants, pas encore au cimetière, mais sur le chemin, encore actifs ! en tout cas heureux et fier d’être Père Blanc, missionnaire d’Afrique, à la suite de tous mes anciens…

    Ce matin, ma joie a été d’aider 2 personnes grâce à vos aides financières [1].

    • - Un jeune aveugle chrétien, Wilfried, qui m’a connu depuis Séguénéga, qui a son bac et qui va être embauché pour aider les autres handicapés, mais qui a besoin d’une machine à écrire le braille : 35000 Fr CFA= 55 euros…
    • Une jeune femme qui se bat pour sa survie et avait besoin d’une petite aide pour faire des gâteaux à vendre au bord de la route. 32000 Fr CFA. = 48 euros…

    Mais ce qui demande le plus d’investissement, c’est quand il s’agit d’opérations chirurgicales. Actuellement, je soutiens deux cas sérieux :

    • - Ali Diallo, un jeune peulh que je connais depuis mon séjour à Dori et qui a fait un grave accident en moto, et qui traîne dans les soins depuis 2 ans,
    • - et Alice Sawadogo, une femme veuve de Djibo, qui a perdu 2 de ses enfants par manque de soin de la belle-famille peulh et qui est entrain de vouloir sauver son 3ème, opéré à Tanggèta au Bénin, chez les frères de St Jean de Dieu, et qui elle-même vient d’être opérée d’un kyste à l’utérus…

    Je peux dire que je suis souvent stressé à cause de leurs demandes tout en étant admiratif de leur courage pour s’en sortir. J’en profite pour vous dire merci pour les aides que vous continuez à m’apporter dans ma mission.
    C‘est tout cela qui fait mon emploi du temps et bien d’autres choses ! c’est ce qui m’a valu d’être silencieux…

    Donc, je termine en vous souhaitant à nouveau une bonne fête de 1er de l’an. Je ne peux oublier ceux et celles qui nous ont quittés cette année, depuis mon départ, tout dernièrement ma cousine Paulette. Nous prions ensemble que Dieu leur accorde son Royaume de paix, de joie et de pardon. Quant à nous, nous sommes chacune, chacun en train de lutter pour plus de justice et de paix pour un vivre ensemble respectueux de l’autre, avec un souci pour les plus pauvres. C’est cela le Royaume de Dieu qui commence sur terre.

    Je vous embrasse de tout cœur avec toute mon amitié fraternelle.

    Joseph Clochard, dit Jojo

    Père Joseph Clochard
    Missionnaires d’Afrique
    BP 630 Ouagadougou
    Burkina Faso