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  • « Entre dans la joie de ton maître » Mt 25, 23

    Nous apprenons le décès du Père Hilaire Chessé, à l’âge de 93 ans, le 16 août 2022, à Niort.

    La célébration des obsèques aura lieu en l’église Saint Étienne de Niort

    Le lundi 22 août 2022, à 14 heures 30

    Ses cendres seront déposées dans le caveau familial du cimetière de Terves .

    Homélie de Philippe Genty, prêtre
    Mot de Pascal Wintzer, achevêque de Poitiers


    Homélie pour l’adieu au père Hilaire CHESSE
    Niort - Eglise Saint-Etienne-du-Port – 22 août 2022
    (Lectures : Romains 6, 3-9 et Luc 24, 13-35 )

    Merci à la famille d’Hilaire d’avoir choisi ce récit bien connu des deux disciples d’Emmaüs, un chemin qui va de Jérusalem où ces hommes ont vu leur ami Jésus mourir sur une croix et être déposé dans un tombeau, à ce petit village d’Emmaüs où leurs yeux aveuglés par la pesanteur de la mort et malgré le témoignage des femmes qui leur disaient qu’il est vivant, vont enfin s’ouvrir sur sa présence parce que la mort n’a pas pu éteindre et effacer le lien d’amitié qui les unissait. Ils le reconnurent, nous dit l’Evangile. Ce chemin qui fait passer de l’expérience de la mort à celle de la vie, de la tristesse du deuil à la joie de l’espérance, c’est celui de la foi, chemin de nos vies éclairé par la rencontre et la présence du Seigneur qui nous donne de passer avec lui des ténèbres à la lumière, de porter sur les événements un regard nouveau. C’est ce chemin que l’ Evangile nous appelle à prendre au moment où la mort semble vouloir nous séparer de notre ami, de notre frère Hilaire. Et cette église Saint-Etienne, elle peut devenir maintenant pour nous comme l’auberge d’Emmaüs si nous voulons bien laisser la Parole du Seigneur réveiller nos cœurs parfois lents à croire et recevoir de lui le pain de vie, le pain de sa présence qui soutient et qui éclaire notre marche.
    En pensant aux dernières rencontres que j’ai vécues avec Hilaire, dans sa petite chambre à l’EHPAD du Sacré Cœur où il accueillait ses visiteurs avec le visage lumineux qu’on lui connaissait, j’ai surtout envie de reprendre la fin de ce récit, quand les deux disciples sont envahis par la joie de la rencontre et qu’ils regardent le chemin parcouru en disant : « notre cœur n’était-il pas brûlant tandis qu’il nous parlait sur la route ». Je me garderai bien de faire parler ici Hilaire mais à chacune de ces dernières rencontres, il regardait le chemin de sa vie en disant qu’il était heureux et plus encore qu’il avait été un prêtre heureux. Et je sais que cela, il l’a dit à d’autres que moi, en particulier à des frères prêtres. Dans les moments parfois difficiles que nous connaissons, il est bon, il est encourageant d’entendre au soir d’une vie un témoignage de joie, un témoignage lumineux, comme un passage de relais qu’Hilaire cherchait à vivre. Et sans doute se serait-il reconnu dans ces deux disciples qui repartent d’Emmaüs vers Jérusalem le cœur brûlant pour annoncer cette joie que Jésus est bien ressuscité et qu’ils l’ont rencontré. Cette joie c’est celle dont le pape François aime à parler : « la joie de l’Evangile qui remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus » (Evangelii Gaudium N°1), la joie de l’amour qui est vécue au cœur des relations, la joie de se donner au service du Christ. En disant cela je pense encore à ces mots du Seigneur quand il nous dit « que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite » (Jn 15, 11). Ce don de la joie, Hilaire fidèle au sens même de ce prénom, a eu la grâce de le porter jusqu’au bout… J’ai été un prêtre heureux disait-il et j’ajoute volontiers, un prêtre dont la rencontre rendait bien souvent les autres heureux. Et même si nous sommes à l’heure de la séparation, comment ne pas laisser son témoignage réveiller en nous cette joie de l’Evangile que nous sommes appelés à accueillir et à rayonner et pas seulement par des paroles et des discours (cf 1 Jn 3, 18-24).
    De ce chemin qui fut le sien, Hilaire disait encore qu’il avait été un chemin relativement ordinaire et simple, le chemin d’un prêtre diocésain envoyé vers des communautés paroissiales, accompagnant telle ou telle équipe de Mouvement (l’ACGF, l’ACI), chemin d’un homme discret qui n’a jamais recherché les premières places. De l’église de Terves où il a été baptisé à la maison du Sacré-Cœur ici à Niort où il a vécu ses dernières années, en passant par Saint-Gaudent, Argenton-Château, Thouars ou encore le Secteur pastoral de la Source, en particulier ce quartier du Port et celui de Sainte-Pezenne, son chemin a été tissé de multiples rencontres, chemin de compagnonnage disait-il en rappelant volontiers que l’étymologie de ce mot signifie ceux qui partagent le pain ensemble. Comme les deux disciples d’Emmaüs qui ont partagé le pain de la rencontre et de l’amitié, le pain de la Parole, le pain de l’eucharistie, Hilaire a eu à cœur de nourrir et de se laisser nourrir par celles et ceux que le Seigneur lui a donné de rencontrer et au nombre desquels nous sommes. Beaucoup l’appelaient volontiers et avec affection « le père Hilaire » mais n’était-il pas surtout un frère ? A titre personnel et Michel ici présent pourrait le dire avec moi, il nous a accueillis et il a accompagné nos premiers pas dans le ministère après nos ordinations. Il l’a fait avec une grande amitié fraternelle, beaucoup de délicatesse, de confiance et de respect, nous partageant son expérience, nous laissant vivre nos expériences en nous apportant son soutien, en acceptant aussi que nous soyons différents, d’une autre génération. Oui c’est vraiment un frère prêtre, un grand frère qui nous a été donné et beaucoup pourraient dire avec nous qu’il a cherché à vivre la fraternité qui témoigne de l’Evangile pour reprendre ici une belle expression du dernier Synode de notre Diocèse. Et si nous l’appelions « père » c’est parce que par son accueil bienveillant, par sa douceur – il n’aimait pas le conflit même s’il avait à cœur d’exprimer son point de vue – par son écoute et par son attention aux autres (je pense notamment aux plus jeunes auxquels il avait à cœur de donner leur place dans l’Eglise), il a cherché avec le Christ, à rendre témoignage au Père des cieux, à rendre témoignage au Père de miséricorde et de tendresse, le seul Père de tous les hommes qui nous donne d’être frères et sœurs. Le concile Vatican II a cette belle phrase : « pris du milieu des hommes et établis en faveur des hommes… les prêtres vivent avec les autres hommes comme des frères. C’est ce qu’a fait le Seigneur Jésus : Fils de Dieu, Homme envoyé aux hommes par le Père… » (Presbyterorum ordinis. N°3). Au cœur du ministère des prêtres c’est ce double attachement qui doit nous animer et nous mettre en route comme les deux disciples d’Emmaüs qui repartent vers Jérusalem le cœur tout brûlant : attachement au Christ en premier lieu - Paul rappelait dans l’épître aux Romains que nous avons entendue que nous lui sommes unis par notre avant même notre ordination - et attachement aux hommes nos frères vers lesquels il nous envoie. Même si c’est parfois difficile, il nous faut rechercher et tenir ce grand amour du Christ et des personnes que nous n’avons pas choisies et qui ne nous ont pas choisis, jamais l’un sans l’autre. C’est ce qu’Hilaire a cherché à vivre dans son ministère.
    Avant d’être inhumé à Terves dans le caveau familial, il a voulu nous rassembler aujourd’hui dans cette église Saint-Etienne où il a si souvent célébré le Seigneur et porté avec l’Eglise « les joies, les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps » (Vatican II, Gaudium et spes N°1). Et pour beaucoup d’entre nous, comment ne pas rappeler maintenant dans nos cœurs ce que nous avons vécu ici avec lui entre ces murs, dans cette maison de la famille chrétienne qu’il a embellie et entretenue et je pense en particulier à l’orgue qui nous accompagne et qu’il a contribué à sauver et à nous transmettre parce qu’il aimait le beau, qu’il était attaché aussi à l’histoire de ce lieu et de ceux qui l’ont façonné (une anecdote il aurait aimé savoir jouer de l’orgue et il espérait qu’au paradis il pourrait enfin le faire). Pour cette célébration, il a d’ailleurs demandé qu’on joue de cet orgue et, je le cite, qu’on « mette des chants populaires pour que tout le monde puisse chanter et participer » … autrement dit pour que chacun se sente accueilli, attendu et puisse rendre gloire à Dieu.
    Et même s’il y a une grande peine dans nos cœurs - une peine à la mesure de l’amitié et de l’affection que nous lui portions - c’est bien une prière et un chant d’action de grâce qui peuvent monter désormais vers Dieu pour notre frère Hilaire, pour l’homme, pour le baptisé, pour le prêtre qu’il a été. Que le Maître lui donne, tel le serviteur bon et fidèle de l’Evangile (cf Mt 25, 23) d’entrer maintenant dans la joie de son Seigneur, de le voir de ses yeux et de le reconnaître comme les disciples à Emmaüs. Confiants dans l’amour et dans la miséricorde de Dieu c’est aussi notre prière pour toi Hilaire. Et à nous, Seigneur, donne-nous de repartir de cette église, confiants, heureux de te savoir avec nous sur le chemin, comme les disciples sont repartis d’Emmaüs, avec la foi, avec la joie de l’espérance dans leurs cœurs.

    Philippe GENTY


    Père Hilaire Chessé

    Avec un tel prénom, le Père Chessé ne pouvait que servir son diocèse de Poitiers.

    Né dans le Nord des Deux-Sèvres, à Terves, membre d’une grande et belle famille, il a beaucoup servi l’Évangile et ses frères et sœurs en humanité à Niort, en particulier dans le quartier de l’église Saint Étienne, là où seront célébrées ses obsèques, ce lundi 22 août, à 14h30.

    Homme affable, de relation agréable, il savait ce qu’il pensait, ce qu’il voulait, ce qu’il disait. Un homme droit et direct ; pour cela, il était apprécié. Fidèle aux liens avec les personnes, aussi à des convictions de service, d’engagement, aussi à telle ou telle publication (qui va perdre un de ses fidèles abonnés).

    Il vécut ses dernières années à l’EHPAD du Sacré-Cœur à Niort, comme aumônier, comme frère des résidents et du personnel.
    Il visitait les personnes, il était aussi visité.
    Sa rencontre était un soutien pour ceux qui le côtoyaient.

    Il fut un homme heureux d’être prêtre, joyeux de l’Évangile ; il le partagea. Beaucoup recevaient de la joie à son contact.
    Les chrétiens le confient à l’amour de Dieu, certains que la vie de chacun continue à porter du fruit au-delà des années terrestres.
    Tous ont le cœur dans la gratitude et méditent l’exemple de celui et de ceux qui nous précèdent et nous entourent.

    Mgr Pascal Wintzer


    Photo prise quand il célébrait ses 60 ans de sacerdoce au 144 avenue de Paris à Niort