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  • La mangeoire et le foie gras

    Les fêtes de fin d’année approchent.
    Il s’agit de célé­brer le Père Noël, ses cadeaux et ses menus de copieux repas, de se réjouir de l’année qui commence.
    Rien à redire à une manifestation de joie qui rapproche les membres d’une même famille, ou qui apporte un peu de réconfort à ceux qui sont si seuls, pendant que les autres se réjouissent. Mais, ce qui pose problème, c’est, lors de cette circons­tance, la débauche de consommation, en particulier au plan de la nourriture.
    D’où l’importance des huîtres, de la dinde aux marrons et du foie gras, n’en déplaise aux végans.

    Bien sûr, la fête est aus­si l’occasion de gestes de solidarité pour les plus pauvres de nos contemporains ; et cela n’est pas négligeable. Le fête de Noël n’a pourtant, dans l’esprit de nos contemporains, plus rien de religieux.
    A preuve, les catalogues publicitaires que nous recevons de toutes parts, sans aucune image de Crèche, pour­tant, naguère, traditionnelle. Il faut être laïc le plus possible ! Plus de sym­bole religieux, même dans la publicité !

    Nous rencontrons un autre éclairage de l’événement, si nous lisons le récit que fait saint Luc, dans son évangile, de la naissance de Jésus (Lc 2, 1-20). Un détail est frappant, qui suggère l’idée de nourriture. [Marie] accoucha de son fils premier-né, l’em­maillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes. (Luc, 2,7) Joseph et Marie ne trouvent pas de place dans l’habitation commune, qui accueille les voyageurs.
    Ils partagent ainsi le même sort que les bergers, dont la réputation n’est pas fameuse, dans la culture de l’époque.
    Il s’agit de pauvres gens qui exercent un métier fort mal considéré. Ils vivent de­hors et en dehors de la société ! Le nouveau-né est couché dans une mangeoire, où l’on met le foin des animaux. Berceau bien mo­deste pour un tout petit.
    Ce sont les évangile apocryphes qui ont rajouté l’âne et le bœuf, pour ré­chauffer l’enfant. La mangeoire dans laquelle est couché l’enfant Jésus rappelle « l’arche » dans la­quelle est déposé l’enfant Moïse (comme l’arche de Noé, qui sauve la création).

    Ces situations sont annonce d’une alliance avec Dieu (Arc en ciel, Tables de la Loi). La mangeoire est ici :
    - figure du nécessaire et définitif accomplissement du dessein de Dieu (le moment de l’accouche­ment) ;
    - figure de l’humilité de Dieu (de même, la nuit) ;
    - figure de nourriture offerte et Jésus est, réellement, le don, la nourriture :
    - nourriture de sa Parole, dans l’écoute et dans la mise en pratique. Cette parole qui doit, dans notre bouche, être annonce de la Bonne Nouvelle aux autres hommes, nos frères ;
    - nourriture de son Corps dans l’Eucharistie, qui nous donne vie et force. Dans cette mangeoire s’accomplit la Nouvelle Alliance avec Dieu. Ainsi, ce n’est pas tellement de foie gras dont le monde a besoin, mais de la foi dans le Christ sauveur.

    Alain.