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  • Homélie du jour de Pâques 2024

    Homélie du jour de Pâques 2024 - P. Julien

    Chers amis, Chers frères et sœurs en Christ,
    Chers jeunes, Chers catéchumènes,

    En cette année où les jeux olympiques vont se dérouler dans notre pays, permettez-moi de commenter en ce matin de Pâques cette course de vitesse  ! Sur la ligne de départ, trois coureurs sont présents : Marie-Madeleine, Simon-Pierre et l’autre disciple qui, selon la Tradition, serait l’auteur même de l’Évangile que nous venons d’entendre, à savoir Jean.

    Une course à trois donc, dont nous sommes les spectateurs, à défaut d’en être les juges. Qui d’ailleurs est le vainqueur de cette course ? Simon-Pierre qui est entré le premier ou Jean, qui est arrivé le premier ? À vrai dire, tout dépend des règles du jeu… Et si c’était Marie-Madeleine qui avait réussi cette course ? Sans elle, nous ne serions pas là ! C’est elle, la première à avoir partagé deux faits toujours salutaires pour notre foi : « on a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé » (Jn 20, 2). En fait, il n’y a pas de vainqueur et de vaincus… Tous partagent la même vision d’un tombeau vide et c’est là qu’est le véritable vainqueur ! Jésus, le Christ, est vainqueur de la mort. Ressuscité, la mort n’a pas de prise sur lui.

    Mes amis, là est le cœur de notre foi, foi sur laquelle repose votre baptême : Christ est mort, il est ressuscité, et il reviendra dans la gloire. C’est vers Lui que nos regards se tournent aujourd’hui, lui qui est étonnamment absent et présent à la fois ! Absent du tombeau que nous visitions avec Marie-Madeleine, Simon-Pierre et Jean ; mais vraiment présent car, vainqueur de la mort, il est Celui qui vit en nous ! Ce Dieu présent dans l’absence est Celui que nous confessons. N’attendez pas de le trouver en dehors de vous-mêmes. Cela me rappelle d’ailleurs un très beau texte du pape François pour les jeunes, texte publié il y a cinq ans quasiment jour pour jour : « Il vit le Christ (…) Il est en toi, il est avec toi et jamais ne t’abandonne. Tu as beau t’éloigner, le Ressuscité est là, t’appelant et t’attendant pour recommencer. Quand tu te sens vieilli par la tristesse, les rancœurs, les peurs, les doutes ou les échecs, il sera toujours là pour te redonner force et espérance » (Christus vivit § 2).

    Avec une telle affirmation de foi, nous passons d’une apparente course de vitesse à une enquête policière ! Car si les chrétiens affirment que le Christ est « en » nous, présent malgré une apparente absence dans ce tombeau vide, il reste une question non-élucidée : où est le corps qui fut déposé ? Traditionnellement, les linges pliés avec soin sont le signe que le corps n’a pas été déplacé ou volé ; mais que le Seigneur est vraiment ressuscité. C’est-à-dire qu’il est revenu à la vie, notamment avec sa pleine capacité à agir, comme nous : il a pu ranger les linges (v. 6-7), mais aussi parler (v. 15.19.21.26), et même manger (Jn 21, 13) ! Mais en fait, pour l’évangéliste, ces linges bien rangés avec le tombeau vide sont des signes visibles qui permettent de croire.

    Qu’est-ce qui vous permet de croire ? Ou, dit autrement, qu’est-ce qui vous a conduits, vous, jeunes catéchumènes, jusqu’à ce jour ? Les raisons de votre demande de baptême sont variées. Chacun sait – en partie – ce qui l’a conduit jusqu’à ce jour de fête. Mais n’oubliez pas qu’il faut comprendre pour croire et croire pour comprendre selon le bel adage de Saint Augustin. Il faut faire un effort pour savoir rendre compte de votre foi et en même temps adhérer de tout votre cœur… fortifiés par cette rencontre unique et définitive que vous avez faite avec le Christ-Jésus.

    Pour conclure son exhortation apostolique Christus vivit, le pape François nous partage un désir : « chers jeunes, je serais heureux en vous voyant courir plus vite qu’en vous voyant lents et peureux. Courez, « attirés par ce Visage tant aimé, que nous adorons dans la sainte Eucharistie et que nous reconnaissons dans la chair de notre frère qui souffre » (§ 299). Ensemble, faisons un effort d’intelligibilité et saisissons le sens de cette formule : par sa résurrection, nous n’avons pas à honorer le corps physique du Christ-Jésus comme on va se recueillir sur une tombe au cimetière. Mais nous avons à le reconnaître dans le corps qui est l’Église, le corps mystique, celui que nous formons en ce jour. Nous sommes le corps du Christ, chacun étant membre avec la même dignité mais pas avec la même responsabilité. Baptisés, nous sommes tous marqués par une égale dignité à devoir demeurer dans le Christ prêtre, prophète et roi… Mais, par exemple, ceux qui sont ordonnés doivent en plus de cette mission honorer le service de l’Église pour le bien de tous !

    Permettez-moi ici de le formuler avec plus d’insistance : vainqueur de la mort, Christ est ressuscité, il vit en nous… Il n’a donc que nos propres vies pour témoigner de lui ! Voilà pourquoi le pape insiste auprès de chacun dans Christus vivit : « ne prenez pas votre retraite avant l’heure » et « ne regardez pas le monde comme des touristes » (§143). Oui, Dieu compte sur nous pour, à la suite de Marie-Madeleine, Simon-Pierre et Jean, témoigner de lui ici et maintenant ! Amen, alléluia !

    P. Julien DUPONT