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  • 4ème de Pâques

    En ce dimanche du bon pasteur qui est aussi le dimanche des vocations, je vous propose de nous arrêter sur le psaume 22, psaume de la messe de ce jour et qui commence par ces mots : « Le Seigneur est mon berger. » Il est dans le lectionnaire des funérailles et est assez souvent prié lors des célébrations de sépulture. Il est aussi dans le lectionnaire du baptême. C’est sur ce point que je voudrais m’arrêter, car dans l’antiquité chrétienne, il a été appelé le psaume baptismal. On sait qu’à Naples, il était remis solennellement aux catéchumènes, comme on le fait encore aujourd’hui dans le rite des traditions avec le « Symbole des apôtres », c’est-à-dire le « je crois en Dieu » et avec « l’oraison dominicale », c’est-à-dire le « Notre Père ».

    En effet, en lisant attentivement le psaume, on peut y voir les figures des sacrements de l’initiation chrétienne.

    Ainsi quand le psaume dit : « Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre », on peut penser à l’eau du baptême et quand il ajoute : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal », on se rappelle que le baptême nous associe au mystère du Christ qui est mort et ressuscité. » Dans l’épître aux Romains, St Paul affirme que « Si donc, par le baptême qui nous unit à sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, comme le Christ qui, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. » (Rm 6,4).

    Dans la même lignée, voici la lecture proposée au 4ème siècle par Grégoire de Nysse : « il te faut devenir la brebis du bon pasteur, conduite à travers une belle catéchèse vers les sources et les pâturages divins de l’enseignement, pour être enseveli avec lui par le baptême, sans craindre une pareille mort. »

    Continuons et remarquons que le psaume dit : « Tu prépares la table pour moi ». Comment ne pas penser à la table eucharistique, à l’autel vers qui nous avançons pour recevoir la communion ? La nourriture pour notre vie chrétienne est le pain eucharistique. L’interprétation est peut-être trop rapide. En citant le premier livre des rois, Ambroise de Milan y voyait la table de la Parole : « Après avoir dit que Salomon fit un autel en or, on ajoute immédiatement : ‘Et une table en or, pour y déposer des pains de proposition’ (1 R 7, 48). La table en or, c’est la sainte Écriture, rendue féconde par la clarté d’une compréhension spirituelle. C’est à propos d’elle que le psalmiste dit au Seigneur : ‘Tu as préparé sous mes yeux une table contre ceux qui me persécutent’. En effet, pour que les adversaires qui nous persécutent ne nous fassent pas incliner vers l’erreur, notre Créateur nous a préparé la table de la science du ciel, qui nous réconforte dans la foi en la vérité ».

    Le psaume nous dit aussi : « Tu me parfumes la tête. » Nous pensons alors à l’huile sainte, à l’huile parfumée, que nous prenons pour l’onction du baptême et la chrismation lors du sacrement de confirmation.

    La dernière strophe nous dit la finalité de la vie chrétienne : « Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie ; j’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours. ».

    Vous voyez qu’en ce dimanche du bon pasteur et des vocations, la lecture du psaume à la lumière de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus nous montre que l’initiation chrétienne est toujours devant nous : nous sommes chrétiens et nous avons encore à le devenir.

    Je vous propose de terminer avec la dernière prière écrite par notre ancien évêque Mgr Joseph Rozier, la prière du pasteur :

    Seigneur envoie ton Esprit.
    Que vienne ton Esprit d’Amour
    créer et recréer en moi
    et en tous ceux que tu as appelés à ce ministère
    un cœur de Pasteur.
    Qu’il ouvre mes yeux
    pour y inscrire la lumière de ton regard
    et y réfléchir la douceur de ton Amour.
    Qu’il ouvre mes lèvres
    Pour y faire éclore la joie de la louange
    en même temps que le cri de la détresse.
    Qu’il habite mon cœur
    pour y maintenir l’ardeur
    et la fascination de ta présence
    et pour y inscrire toujours la blessure
    et le manque ouvrant sur l’Amour.
    Qu’il guide mes mains
    pour y mettre toujours l’énergie du service
    et la force du geste gratuit
    uniquement soucieux de dire l’amitié.
    Qu’il imprègne ma vie,
    tout mon champ d’existence et de relations,
    tout le corps de mon histoire,
    pour y exhaler le parfum de ton Mystère,
    y semer et y faire grandir les germes de ton Royaume.
    Amen !

    Bernard Châtaignier