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  • 3ème Rencontre de Jésus dans l’Evangile 2017-2018

    Syméon rencontre Jésus
    (Luc 2, 22-31)

    Cette scène peut être incluse dans la présentation parallèle de Jean et de Jésus.

    Les 2 nouveau-nés y sont en effet manifestés ; le cantique de Syméon (vv. 29-32) puis son oracle (vv 34-35) jouent un rôle analogue à celui du psaume prophétique de Zacharie pour Jean (Luc 1, 67-79). Cependant les oracles de Syméon sur Jésus sont enchâssés dans un récit qui montre la fidélité des parents de Jésus à la Loi.

    Syméon salue l’avènement du Sauveur et dévoile à ses parents quelques nouveaux traits de sa mission.

    L’entrée de Jean dans l’histoire du Salut s’est produite dans le Temple, lors du culte, mais il n’y viendra jamais lui-même.

    Conçu humblement, Jésus va être manifesté au Temple (vv. 22-24). En fait la Loi de Lévitique 12, 1-8 ne concerne que la mère. Cette présentation de l’enfant au Temple n’est pas requise par la Loi. En la rapportant, Luc veut indiquer le zèle avec lequel les parents de Jésus s’acquittent de la tâche que Dieu leur a confiée. La présentation de Jean Le Baptiste au Temple n’est pas mentionnée. Alors que pour Jésus un double événement prévu par la Loi de Moïse est l’occasion de sa manifestation : La purification de Marie (v. 22 et 24), et le rachat du fils premier-né (v. 22-23).

    Luc fait ici les 2 seules références explicites à l’Ecriture dans son « Evangile de l’enfance  ». Quand elle est pauvre, une femme qui vient d’accoucher « prend deux tourterelles ou deux pigeons », l’un servant à un holocauste et l’autre à un sacrifice pour le péché ; quand le prêtre a fait sur elle le rite d’absolution, elle est purifiée (cf Lv. 12, 8). Quant au rachat du premier-né, il est conforme à a Loi d’Exode 13, 12 : « Tout être qui ouvre la matrice…, tous ceux qui seront à toi, les mâles, tu les consacreras au Seigneur ».

    Le modèle de ces versets est puisé en 1 Samuel 1, 22-24 : Anne monte présenter au Seigneur le petit Samuel qui vient d’être sevré et celui-ci reste « comme servant dans la maison du Seigneur ».

    Les parents de Jésus sont pieux et obéissent à la loi de Moïse (mentionnée 3 fois dans les versets 22-24). Aucun membre au sacerdoce n’est mis en scène dans ces versets d’introduction qui, d’ailleurs, ne décrivent pas les 2 rites prévus par la Loi. C’est un homme extérieur au service du Temple qui vient, poussé par l’Esprit (vv. 25-35). Il n’est pas seulement juste et religieux. Comme d’autres (v. 38), il attend que se réalise la prophétie, que vienne l’heure ultime où Dieu viendra sauver, une fois pour toutes, son peuple : Une Espérance que proclamait le Livre de la Consolation (Isaïe 40-55). Mais Syméon bénéficie d’une Grâce unique : Il sait cette intervention imminente ; il verra l’instant où, avec la venue du Messie, l’histoire va basculer définitivement.

    Lui, l’ultime veilleur de l’ancienne Alliance, qui attendait l’aube des temps messianiques, prend dans ses bras le premier-né du monde nouveau qu’il a reconnu. Il prononce successivement un cantique (vv. 29-32) et un oracle (vv. 34-35).

    À l’inverse de Marie et de Zacharie qui parlaient de Dieu dans leur hymne, à la 3ème personne, Syméon s’adresse directement à lui. Devant le maître qui a tenu sa promesse, il reconnaît que sa tâche de « veilleur » est parvenue à son terme : tel Abraham, il peut « s’en aller en paix vers les pères pour être enseveli (gn 15,15). Le patriarche avait reçu la promesse, lui la voit se réaliser. Plus encore, l’Esprit prophétique lui donne une lumière inédite sur le rôle de l’enfant, un message que Gabriel n’avait pas révélé à Marie : Jésus sera le Serviteur que Dieu a destiné à être la lumière des nations, afin que son salut parvienne jusqu’à l’extrémité de la terre (Isaïe 49,6). Les païens ne seront pas seulement les témoins, mais les bénéficiaires du salut définitif, au même titre qu’Israël. Il y a là une formidable anticipation, puisque ce sera là le programme annoncé par le Ressuscité en Luc 24, 47, et réalisé par Paul qui accomplira, au nom de son Seigneur, cette prophétie d’Isaïe 49,6 (Actes 13, 46-47).

    Le salut des païens est annoncé ici pour la 1ère fois dans l’œuvre de Luc. Il ne sera clairement proclamé qu’à partir de la révélation Pascale (Luc 24,47).

    Père Jean-Marie Loiseau
    18 janvier 2018