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  • Promenade dans le cimetière d’Aiffres

    Ensevelir nos morts est l’acte par lequel nous manifestons nos sentiments vis à vis de celui qui nous quitte, mais aussi nos croyances, notre piété.

    Dans la Palestine antique, la majorité des Juifs de classe inférieure ou les condamnés étaient inhumés dans une fosse recouverte de cailloux. Le corps de Jésus, lui, fut placé dans une tombe à meule (pierre ronde qui en fermait l’entrée), apanage des classes supérieures.

    Au Moyen Âge, est créé le cimetière (du grec Koimêtêrion, « lieu ou l’on dort »). C’est alors paradoxalement un lieu plein de vie où l’on trouve des marchés, des foires, des jeux, des spectacles... et ce jusqu’au XIIIe s., où ces activités y sont interdites et où l’Église en fait un espace de prières. A cette époque, les tombes sont regroupées dans un enclos qui entoure l’église.

    On retrouve cette configuration à Aiffres, avec une église du Xe-XIe s. plantée au milieu du cimetière.

    Entrer par le portail vert, c’est entrer dans le monde du silence avec quelques cyprès, un peu de mousse, des fleurs et beaucoup de pierres. Si l’on descend vers l’église, on remarque que toutes les tombes sont dans la même direction, orientées comme l’église vers l’Est et le soleil levant. Jésus ressuscité le matin de Pâques offre sa lumière ainsi à ceux qui espèrent une vie nouvelle chaque matin . La croix hosannière semble comme aimanter toutes le tombes du dessous. Cette orientation majoritaire dans les tombes les plus anciennes a quelques exceptions dans le vieux cimetière pour être abandonnée dans le nouveau. Ce vieux cimetière est le seul attenant à l’église sur la paroisse avec celui de François.

    Deux signes toujours présents : le nom et la croix

    Signe le plus fréquent, la croix. Elle est de toute forme. Dressée en haut des pierres, en fer forgé, en marbre. Deuxième signe toujours présent et souvent oublié : le nom du défunt avec son prénom. Si chacun mène sa vie sur la terre à sa manière, la vie éternelle nous reconnaît aussi dans notre différence et la diversité des ornementations respecte cette diversité.

    Après la croix hosannière sur la droite, le passant trouvera un ange, signe de cette vie invisible. Un autre ange veille sur une tombe d’enfant.

    Une dizaine de colonnes brisées montrent la fragilité d’une vie que la mort casse. Souvent, un rameau de lierre s’y accroche comme signe d’espérance.

    L’armée est présente avec un vielle tombe tout à fait à gauche en haut avec deux sabres sculptés. A gauche dans l’allée un militaire mort à la guerre avec son calot et en bas à droite un autre avec ses quatre médailles sculptées dans le marbre noir. Une seule Vierge Marie aperçue, en vert forgée au centre d’une croix. Plusieurs médaillons en émail montrent des visages avec une précision photographique.

    Un caveau imposant.

    Près du chevet de l’église, un grand caveau en pierre lutte sous le lierre. La famille qui habitait « le château », devenu la maison de retraite aujourd’hui, a construit cet édifice, signe d’éternité. Les décorations sont nombreuses

    avec au-dessus de la porte « in te speravi » (En toi nous espérons). Sur les côté de la porte sculptée, on trouve

    une ancre de marine, signe d’espérance et un calice, pour l’eucharistie, pain de la vie éternelle. Sur toute la façade une diversité de blasons mérite d’être étudiée.

    Si la partie gauche du cimetière est moderne, faites un tour pour partager le chagrin des familles qui ont enterré un proche. La mairie a jouté un colombarium pour ceux qui veulent être incinérés (40% des sépultures aujourd’hui). Un troisième cimetière, paysagé, sera adjoint aux deux premiers dans les années qui viennent.