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  • Synthèse Synode 2023 – Diocèse de Poitiers - 03/05/2022

    Synthèse Synode 2023 – Diocèse de PoitiersPNG

    Présentation rapide de la Synthèse du Synode

    1. Processus de consultation : octobre 2021-avril 2022
    2. Expérience de la synodalité vécue au cours de cette phase préparatoire
    3. L’Église attendue

    3.1 Une Église en chemin, qui écoute et qui dialogue
    3.2 Une Église ouverte au monde et attentive aux évolutions de la société
    3.3 Une Église qui se ressource à la Parole de Dieu et en vit
    3.4 Une Église appelée pour témoigner
    3.5 Une Église de la participation et de la co-responsabilité

    4. Et maintenant, pour notre diocèse ?

    - Postface de Mgr Pascal Wintzer

    Synthèse Synode 2023 – Diocèse de Poitiers v1 - 03/05/2022

    Synode 2023 - Synthèse pour le diocèse de Poitiers


    1. Processus de consultation : octobre 2021-avril 2022

    Une rencontre diocésaine de lancement de la démarche a rassemblé environ 150 personnes qui, par groupe de six à huit, ont initié ce temps d’écoute et de rencontre et apporté une vingtaine de contributions avec un premier outil proposé pour cette occasion. La consultation a recueilli environ 165 contributions, quelques-unes individuelles, la quasi-totalité émanant de rencontres par groupes de quelques personnes à quelques dizaines. Certains groupes ont pu se rencontrer entre une et six fois. On peut estimer très grossièrement qu’entre 1000 et 1200 diocésains se sont impliqués dans la démarche.
    Quelques paroisses se sont très activement saisies de cette opportunité pour s’organiser et produire en leur sein plusieurs contributions ; les groupes concernés ont alors exploré méthodiquement l’ensemble des thématiques proposées. Par ailleurs, des chrétiens ont pris l’initiative de se retrouver autour de telle ou telle question : aumôneries, communautés religieuses, membres de conseils diocésains, mouvements d’action catholique, fraternité diaconale, groupes de prêtres, Maisons d’Évangile ou groupes bibliques, acteurs de différents domaines de la pastorale, etc.
    La totalité des contributions émane d’instances et de groupes intra-ecclésiaux. Des mouvements, structures et instances qui auraient pu, par leur audience potentielle, élargir le cercle et le profil des contributeurs et sans doute la nature des contributions, n’ont pas répondu ou très peu : mouvements éducatifs et familiaux, par exemple.
    Le profil dominant des contributeurs est celui d’une génération de « conciliaires », souvent à la retraite mais actifs dans l’Église, convaincus de la nécessité de sa réforme permanente et aptes à formuler en ce sens des axes de conversion, dans un contexte marqué par la publication récente du rapport de la CIASE, qui les a particulièrement interpellés. Les catholiques trentenaires et quarantenaires se sont très peu investis dans cette consultation, quelques-uns exprimant un désaccord avec son principe même. La voix des plus jeunes (12-25 ans) n’est présente que dans quelques contributions des aumôneries : AEP, étudiants, jeunes pros. L’appel à faire entendre la voix des pauvres, des personnes en précarité, ainsi que des périphéries de l’Église a bien été relayé, mais leurs paroles n’ont été recueillies que dans un nombre très réduit de contributions : accueil des étrangers, Secours catholique, aumônerie de prisons, parents de personnes homosexuelles, groupes de personnes sourdes, artistes...

    Notre expérience synodale diocésaine est déjà ancienne (1988-1993) et nous vivons la réception et la mise en œuvre d’un 3ème synode diocésain (2017-2018) : « Avec les générations nouvelles, vivre l’Évangile ». Cette culture diocésaine où le « marcher ensemble » fait sens a globalement favorisé la consultation et la production de contributions.
    L’équipe diocésaine a pris l’option de proposer des supports variés (dont certains s’inspirant des sets de table du dernier synode diocésain), susceptibles de s’ajuster à des publics divers.
    Ce choix, apprécié, a entraîné une grande diversité formelle des remontées, orientant également la nature et l’étendue de leurs contenus.

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    2. Expérience de la synodalité vécue au cours de cette phase préparatoire

    Si l’ensemble des contributions traduit un engagement global de ceux qui les ont produites, plusieurs d’entre elles en attestent d’une façon marquée et impressionnante, tant par le dynamisme pastoral qu’elles illustrent au plan local que par leur qualité de réflexion et le soin de rédaction qui leur a été apporté. Elles révèlent un grand amour de l’Église et un vif désir de la servir. Certains laïcs se sont particulièrement mobilisés, avec disponibilité et générosité, pour organiser et stimuler dans leurs réseaux ecclésiaux ce « marcher ensemble ». Plusieurs témoignages expriment la joie de s’être retrouvés en groupes et d’avoir vécu cette expérience d’écoute mutuelle de l’Esprit-Saint et de chacun dans un climat fraternel. Parmi les plus engagés, l’attente de la synthèse diocésaine et de ses suites est forte, avec cependant une question : « je critique, mais suis-je prêt à m’impliquer, à donner du temps » ?
    Quelques groupes ont tenu à faire état de désaccords internes sur tel ou tel sujet, ce qui les a stimulés pour affiner leur écoute et accueillir avec respect d’autres avis : « nous avons essayé de nous écouter et de nous comprendre ». Certains pointent avec gravité et parfois souffrance des divergences dont les conséquences pastorales affectent l’unité des communautés, paroissiales notamment. Elles existent entre laïcs, et entre laïcs et prêtres, curés en particulier.

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    3. L’Église attendue


    3.1 Une Église en chemin, qui écoute et qui dialogue

    Par l’impulsion donnée depuis longtemps et à différents niveaux aux pratiques synodales, la pastorale diocésaine a rendu nécessaires et régulières les rencontres, concertations et collaborations entre les membres actifs des communautés chrétiennes. Dès lors, il n’est pas surprenant que les compagnons de voyage les plus souvent mentionnés soient d’abord ceux qui sont rencontrés dans ce cadre ecclésial, en particulier au sein des communautés locales.
    Cependant, si ce compagnonnage en Église est salué comme fructueux et porteur de joies, il connaît aussi des difficultés : la dispersion géographique en rural, les différences d’allure et de rythme, les différences de générations, de sensibilités, de comportements, d’états de vie, etc., susceptibles de provoquer des tensions et des blessures.
    Certains témoignent que la vie de proximité dans les communautés locales rurales suscite la reconnaissance des habitants ; les chrétiens engagés dans ces communautés deviennent « des personnes référentes, des compagnons de voyage lors des baptêmes, mariages, sépultures, dans la vie associative, dans la vie de voisinage à l’occasion de rencontres fortuites. » Une fonction de « veilleur » dans son quartier est appelée à naître et à se développer. Les chrétiens sont plus que jamais invités à être des « tisseurs de liens ».
    Plus largement, l’Église est appelée à marcher aussi avec ceux qui sont isolés, éloignés, empêchés de rejoindre ses rassemblements, mais aussi avec ceux qui n’attendent rien d’elle, ceux qui n’ont jamais la parole. Une contribution résume l’exigence attachée à la rencontre de l’autre : « pas celui qui vient à la messe ou à des manifestations religieuses », mais « notre voisin, notre collègue, nos amis à qui nous n’osons pas dire ce en quoi nous croyons et leur proposer la vraie Rencontre à travers leurs soucis en leur disant que Celui qui peut tout est présent, même pour eux ». Dans la même visée, c’est une écoute sans jugement que l’Église est invitée à pratiquer : les étapes d’une marche ensemble peuvent s’effectuer « par le témoignage de notre attention, compréhension, tendresse, dans la fidélité des relations » ; la même contribution affirme que « si l’Église porte ce témoignage de proximité – surtout près des pauvres – elle sera toujours crédible et annoncera le message de l’Évangile. » Cette qualité d’écoute attendue l’est aussi particulièrement de personnes qui, en raison de leurs différences, se sentent encore trop peu reconnues et qui, en référence à l’accueil inconditionnel réservé par Jésus à l’égard de quiconque, interpellent vivement l’Église, tel un groupe d’homosexuel(le)s et de parents d’enfants homosexuels.

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    3.2 Une Église ouverte au monde et attentive aux évolutions de la société

    Il convient de remarquer que les propositions sur cet enjeu sont beaucoup moins nombreuses que celles portant davantage sur « le fonctionnement interne » de notre Église ; néanmoins, elles suscitent beaucoup d’interrogations. La question nous est posée : « s’engager dans le monde au nom de Jésus Christ et/ou s’engager essentiellement dans le fonctionnement de la structure Église » ? Serait-il plus facile de vivre « l’entre soi » ?
    On a l’impression d’une Église qui s’enferme dans « ses vérités », se coupe de la société, d’une Église trop souvent occupée par des questions de morale au détriment de l’annonce de Jésus-Christ au cœur de ce monde.
    Pèlerins sur de multiples routes d’Évangile, nous devons être en capacité de recevoir, d’écouter, de discerner les différents messages envoyés par une société civile sans cesse bousculée, qui nous bouscule nous-mêmes. Nous devons être aussi attentifs aux personnes en quête de sens.
    Il est remarqué qu’il est de moins en moins fait référence aux fondements de l’enseignement social de l’Église, qui restent pourtant d’une actualité permanente. Certains chrétiens regrettent que les encycliques du Pape François Laudato Si’ ou Fratelli tutti ne « guident » pas suffisamment la vie des communautés chrétiennes.
    Par exemple, sont posées les questions suivantes :
    - comment faire émerger une conscience environnementale fondée sur l’Évangile ? c’est quoi exactement faire « Église verte » ?
    - comment traduire en actes l’accueil inconditionnel de tous ?
    - comment vivre une fraternité ouverte permettant d’entendre et de valoriser chaque personne, en portant une attention particulière pour « les invisibles », les « hors radars », les migrants, les blessés de la vie comme les blessés aussi de notre propre Église (souvent citées : les personnes divorcées remariées, homosexuelles) ? On ose parler de « mur entre Église et société », voire de « ghetto » pour l’Église. Cependant ce mur est en bien des circonstances traversé lors des différentes étapes de la vie humaine et sociale que nous sommes appelés à accompagner dans nos communautés. Dès lors, comment poursuivre le cheminement avec des personnes parfois éloignées de l’Église qui ne nous rejoignent que pour des événements ou temps forts familiaux comme les baptêmes, les mariages, les obsèques ? Il est également fait remarquer que nous ne laissons pas suffisamment entrer dans nos communautés locales, nos paroisses, la vie citoyenne vécue par nos frères et sœurs engagés dans la diversité et la richesse de la vie associative, engagés dans la vie publique locale de nos communes, dans la vie économique, dans les services publics, dans l’éducation, dans la culture, dans les sciences, dans les moyens de communication. « Il est souhaitable de faire en sorte qu’aucune réalité humaine ne soit étrangère à notre façon de faire mémoire du sacrifice du Christ », dit une contribution.

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    3.3 Une Église qui se ressource à la Parole de Dieu et en vit

    Dans de nombreuses contributions, les participants expriment la joie de se retrouver en paroisse pour vivre des moments conviviaux de fraternité, mais aussi le besoin de se rencontrer en petite équipe régulièrement pour « revenir à la source de la Parole de Dieu », vivre l’Évangile et grandir dans la foi. Le Covid a mis à mal ces rencontres, et leur reprise cette année, parfois dans le cadre du synode, a fait prendre conscience de leur nécessité :« un chrétien ne peut vivre seul, il doit partager sa foi ».
    On constate cependant un écart entre le désir de se rencontrer, de partager autour de la Parole et la faible présence des fidèles lors des propositions hors messe. Il s’agit de trouver la bonne mesure et l’articulation entre les rencontres en communautés locales et des temps forts paroissiaux, diocésains, nationaux.
    Beaucoup expriment l’importance des grands rassemblements, des temps forts, qui permettent à tous les âges de la vie « des expériences ressourçantes » pour couper du quotidien, favoriser la rencontre et redynamiser la foi, dynamisme qui rejaillit ensuite dans la pastorale locale pour fréquenter et approfondir les Écritures et être soutien mutuel dans la prière avec les autres. L’expérience des Maisons d’Évangile, la participation à certains mouvements spirituels semblent répondre à ce besoin, et ne demandent qu’à être multipliées. L’habitude prise de commencer les réunions de groupes et d’équipes par la prière et le partage de la Parole de Dieu est à entretenir et à encourager. Il est intéressant de noter que les temps d’adoration, de confessions, de louange sont aussi demandés à tout âge.
    D’autres souhaitent diversifier les manières de célébrer et de prier, avec ou sans prêtre, les laïcs devant se former en conséquence.
    Le langage des célébrations, considéré par certains comme « inaccessible », constitue un frein à la participation des fidèles et amplifie le sentiment d’ennui et d’exclusion, notamment chez les plus jeunes et leurs familles, les personnes en situation de handicap, les personnes en périphérie.

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    3.4 Une Église appelée pour témoigner

    Ce qui donne à l’Église sa force de témoignage, c’est :
     que la conscience de sa vocation missionnaire demeure vive, comme l’illustre une paroisse qui envisage de créer en son sein une « équipe missionnaire » ;
     que les baptisés désirent communiquer à d’autres le bonheur d’être chrétiens, de connaître le Christ ;
     que chaque baptisé soit considéré comme membre à part entière du peuple de Dieu, que sa place y soit pleinement reconnue ; que soient réparées les blessures occasionnées par la non-reconnaissance ou l’exclusion du corps (divorcés-remariés, homosexuels, transgenres, personnes d’autres cultures...) ;
     que tous les membres du corps ecclésial vivent en communion les uns avec les autres ;
     que leurs engagements soient inspirés des valeurs évangéliques : joie, simplicité, humilité, sens de l’accueil, bienveillance, disponibilité, respect, non jugement, écoute mutuelle, partage, affection fraternelle, patience, esprit de miséricorde, confiance – « c’est à l’amour que nous nous portons qu’on nous reconnaît »  ;
     que les baptisés dialoguent avec l’autre à partir de ce qu’il est, comme le faisait Jésus, et dans un esprit réellement synodal : « marcher ensemble aide à accepter la différence, à se réjouir de la complémentarité, à oser se laisser interpeller » ;
     qu’ils décèlent le plus positif en chacun : « chacun dit quelque chose de Dieu » ;
     qu’au nom même de leur foi, ils acceptent de quitter une posture de sachants, de se laisser déplacer voire désarçonner, et donc de travailler sur eux, de remettre en cause leurs certitudes ;
     qu’ils « portent le message de Jésus de manière créative », adaptée à notre temps.
    Pour ne pas contre-témoigner, les communautés sont alertées sur leur propension à se clore sur elles-mêmes, à se laisser absorber par leur fonctionnement, à rester dans « l’entre-soi ». Il faudrait alors qu’en leur sein des « veilleurs » soient attentifs aux nouveaux arrivés, aux « brebis perdues », aux situations personnelles. Cette vigilance est aussi requise à l’égard de compagnons ponctuels de voyage, rencontrés notamment lors de célébrations de sacrements et d’obsèques ; ces circonstances sont porteuses d’enjeux missionnaires et appellent un suivi dont les modalités peinent encore à se définir et à se concrétiser.
    Comme celui du corps de l’Église, le témoignage personnel se nourrit de la Parole de Dieu, de l’expérience de l’amour inconditionnel de Dieu et de ses conséquences sur une manière d’être, de vivre et d’agir. Il sait par avance que l’autre pour qui il est donné demeure toujours libre de sa réponse.
    Une Église appelée pour témoigner, c’est aussi une Église appelante, qui pratique et développe une culture de l’appel. Pour accompagner et aider les personnes appelées à exercer une mission en Église, une formation initiale et permanente est requise. On observe que les formations qui mobilisent le plus concernent les paroisses, en lien avec leurs priorités pastorales. La dynamique de l’appel est par ailleurs favorisée par des expériences positives de « travail en commun » dans les communautés locales, dans différentes équipes (équipes liturgiques, équipes de visites aux malades, dans les EHPAD ou auprès des personnes en situation de handicap), ainsi que par des services rendus modestes mais essentiels (ouverture et fermeture des églises, ménage, fleurissement...). Pour faire participer un plus grand nombre de fidèles à la vie de l’Église, des personnes proposent une participation ponctuelle, pour découvrir le service à rendre et peut-être s’engager davantage ensuite, par exemple dans une équipe liturgique. Le manque de formation et de connaissance du fonctionnement de l’Église est souvent cité comme un frein à la participation et à l’engagement.
    Une Église appelante, c’est aussi une Église qui sait offrir en son sein une diversité de ressources, répondant aux aspirations d’aujourd’hui. Parmi elles sont plébiscitées celles qui permettent de vivre des expériences et des partages en petits groupes : groupes de méditation, pratiques de relecture, B’ABBA, parcours Alpha, Maisons d’Évangile... Ce besoin d’une vie amicale, conviviale et fraternelle est fortement exprimé par tous, notamment par les jeunes.

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    3.5 Une Église de la participation et de la co-responsabilité

    La gouvernance est très souvent évoquée et remise en cause à travers ce qui, pour beaucoup, ne correspond pas à l’Église du Christ : « une institution très hiérarchisée, pyramidale et masculine, souvent éloignée des réalités de la société ». Il faudrait en ce sens combattre le cléricalisme et réformer la gouvernance en vue d’une Église dont « le seul pouvoir est de servir les autres ». Une contribution reprend ces attentes : « aider chacun à tenir sa place, s’interroger sur la co-responsabilité dans la mission, développer de vraies délibérations, s’interroger sur la composition et le rôle des équipes pastorales, des conseils paroissiaux et diocésains... développer la culture de l’évaluation et l’exercice de la relecture », mais aussi « développer les modes de consultations sur les choix à faire » et « mettre en œuvre la subsidiarité ». Beaucoup de groupes expriment le désir d’être
    davantage associés aux décisions prises. Ils souhaitent que les différents « conseils soient plus délibératifs que consultatifs », « présidés par un tandem homme/femme », à l’image des aspirations portées aujourd’hui dans la société civile. Quelques-uns suggèrent même que les évêques, curés et autres « responsables soient élus plutôt qu’appelés et nommés ». Certains expriment le « sentiment que l’Église est dirigée comme une entreprise et non comme l’Église du Christ » quand d’autres déplorent un manque « de professionnalisme dans l’Eglise ».
    L’aspiration de beaucoup à décider est repositionnée en ces termes par des personnes en responsabilité : « Comment, sans démagogie, consulter, impliquer chacun dans la décision sans renoncer à être véritablement « pilote », à décider et à trancher ? Il faut aussi savoir distinguer les instances de réflexion et les instances de décision. Expliciter le rôle de chaque instance. Le cadre doit être clair : qui décide ? Selon quel processus ? À quel moment, dans quelle instance ? »
    Si l’expérience diocésaine des communautés locales, très souvent évoquée, « responsabilise les laïcs » et « favorise la communion », plusieurs déplorent un « manque de visibilité et de communication » sur la composition des instances, les réflexions et projets en cours, et considèrent que « les choix et les décisions sont prises par les prêtres seuls » qui ne délèguent pas assez. Certains envisagent « une gestion synodale des paroisses ».
    La place des femmes est un sujet récurrent des contributions : elles doivent avoir « toute leur place dans l’annonce de la Bonne Nouvelle, dans toutes les dimensions de la vie de l’Église (prédications, présidences liturgiques, gouvernance à égalité avec les hommes, etc.) », et dans les « instances de décision ». La place spéciale laissée aux filles et aux femmes dans certaines célébrations liturgiques est considérée comme inacceptable aujourd’hui. Plusieurs demandent l’ouverture du diaconat aux femmes. Certains s’inquiètent des conditions de vie des prêtres et suggèrent « d’alléger leur charge », rappelant qu’ils ne doivent « pas tout faire ni tout décider ». On attend d’eux « qu’ils soient des pasteurs, libérés de contraintes matérielles trop lourdes », pour être plus présents aux personnes et disponibles pour l’annonce de l’Évangile. Sont dénoncées des formes d’abus de pouvoir et des relations prêtres-laïcs parfois tendues. La formation des prêtres est à encourager, particulièrement pour les curés afin de soutenir et d’accompagner de nouvelles formes de gouvernance, formation « à mutualiser avec celles des laïcs en responsabilité ». Les prêtres devraient pouvoir « choisir entre le célibat et le mariage ». Il faudrait aussi « éviter le décalage entre le titre ‘père’ et le vivre fraternel de l’Evangile  » ; plusieurs demandent l’abandon de telles appellations.
    Pour les jeunes sont importants : les temps forts et pélés, les témoins, le groupe, l’ambiance, le partage. Ils ne se sentent pas compris ni écoutés, ils disent « s’ennuyer à la messe, ne pas comprendre » et souhaitent « des liturgies plus vivantes, des chants plus animés et un langage plus accessible ». Ils aiment être acteurs et sont prêts « à participer, aider, animer », ils attendent « des formations spirituelles ». De leur côté, les adultes regrettent souvent leur
    absence, évoquent la difficulté de la transmission, quelques-uns étant plus attentifs à ce qu’ils vivent et à leurs aspirations.

    En ce qui concerne le langage et la communication de l’Église, des critiques sont apportées à son vocabulaire « codé », « inaccessible », qui freine l’accès au sens et décourage les « non-initiés ». Il s’agit de « parler vrai avec des mots compréhensibles sans infantiliser », d’adopter « un langage connecté à la vie et à l’expérience existentielle des hommes et des femmes de ce temps ». Même si leur développement est salué, les divers moyens et supports de communication (sites, newsletter, journal missionnaire, RCF...) n’améliorent pas toujours la visibilité de la vie et des réalités de l’Église. La communication interne doit répondre aux attentes concernant la gouvernance : plus de transparence pour communiquer sur le rôle de chacun, rendre compte des processus de décision et sortir de la « culture du secret ». Bien plus qu’un moyen ou une technique, la communication est au service tant de la communion entre baptisés que de l’annonce de l’Évangile.

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    4. Et maintenant, pour notre diocèse ?

    Les contributions reçues et le type de personnes que cette consultation a mobilisées confortent a posteriori la pertinence du thème du dernier synode diocésain : « Avec les générations nouvelles, vivre l’Evangile ». En effet, le fait que ces « générations nouvelles »aient si peu participé à cette démarche nous interpelle fortement, et nécessite d’explorer toutes les voies pastorales susceptibles de les rejoindre. Par ailleurs, la perception de certaines fractures dans l’Église est une source de préoccupations.
    La réception de cette « synthèse » diocésaine pose la question de la suite à en donner.
    Comment les différentes réalités et instances de la vie diocésaine vont-elles s’approprier ce document ? Quels messages essentiels en retiennent-elles ? Quelles orientations de la pastorale diocésaine s’en trouvent vivifiées ? Quelles pistes nouvelles sont ouvertes ?
    L’équipe diocésaine partage l’élan qui a porté cette consultation et est témoin de la confiance qui a présidé aussi bien aux temps de réflexion qu’à la communication des contributions. Elle a vécu en son sein une belle expérience synodale !

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    Postface de Mgr Pascal Wintzer
    Je reçois avec bonheur cette contribution du diocèse de Poitiers au synode romain de 2023.
    J’y retrouve la générosité des catholiques des Deux-Sèvres et de la Vienne, leur souci missionnaire, leur désir d’être ancrés dans la Bible et la vie avec le Christ. Ceci s’exprime aussi dans la souffrance que nous pouvons tous éprouver lorsque nous ne savons pas trouver les attitudes et les paroles ajustées aux personnes que nous rencontrons, faisant ainsi obstacle à des liens plus forts avec le Seigneur.
    Les générations qui se sont davantage exprimées et dont rend compte notre contribution sont celles qui ont vécu un « décrochage » dans les liens entre l’Église catholique et l’ensemble de la société. La présence institutionnelle de l’Église est en effet très fragilisée, des espaces tant géographiques qu’humains et sociaux ont vu une diminution sinon un effacement de cette présence et des liens que ceci permettait. La création des communautés locales n’a pas enrayé ce mouvement de fond ; telle n’était pas leur finalité. Ceci désigne, pour moi, les manières d’envisager la vie chrétienne, dans le diocèse, pour les décennies à venir. Dans un diocèse avant tout rural, avec des déplacements qui seront plus onéreux et complexes, la mission chrétienne repose et reposera de plus en plus sur les liens locaux et personnels, grâce aux relations que les chrétiens pourront créer et entretenir, ou pour lesquels ils seront sollicités. Les communautés locales y ont toute leur place, moins comme des institutions veillant à des structures et à des bâtiments, lesquels perdront de leur utilité, que dans ce qui soutient et donne sens aux liens interpersonnels. Demeureront et pourront aussi se renforcer quelques lieux forts de vie liturgique, de formation, de soutien spirituel ; avant tout dans les villes principales du diocèse.
    À l’heure où les institutions sont fragilisées et souvent remises en cause, où elles ne peuvent plus être des supports à la vie et aux convictions, la vie chrétienne ne peut trouver sa force que dans une relation forte avec le Seigneur. Mon rôle est de le vivre, de le dire et d’en proposer les moyens.

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    À Poitiers, le 13 mai 2022, en la mémoire de saint André-Hubert Fournet

    + Pascal Wintzer, Archevêque de Poitiers

    https://www.poitiers.catholique.fr/synthese-diocesaine-de-la-consultation-du-synode-romain/