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  • Paroisse St-Pierre et St-Paul de Niort - dimanche 9 novembre 2014 en l'église St-Hilaire
    (en images et à la lecture de l'homélie du père Bernard Châtaignier)

    Quelques photos supplémentaires

    "Dieu choisit des pierres vivantes pour bâtir son Eglise"

     

    Homélie du père Bernard Châtaignier


     En ce jour, où nous renouvelons plusieurs équipes locales des communautés de notre paroisse St Pierre & St Paul, je voudrais d'abord rappeler leur importance.
     Nous croyons que Dieu est mystère d'unité, est un et trinité, qu'il est Père, Fils et Saint-Esprit, qu'il est mystère de relation, de dialogue, de communication, d'échange, de communion, d'amour.
     La communauté locale, c'est d'abord de vivre ce qu'elle croit, de mettre en œuvre, à échelle humaine, ce mystère de relation entre des personnes, ce dynamisme du dialogue et de l'échange, de partage. De ce point de vue, avant d'envisager des choses à faire, la communauté, c'est une expérience à vivre, une expérience personnelle et une expérience en équipe.
     Le deuxième raison c'est que l’Église, qui naît de la grâce de Dieu, n'est pas d'abord une institution à faire survivre, mais une réalité toujours en train de naître, qui se reçoit sans cesse de l'amour de Dieu et de la découverte incessante de l'évangile. Si le renouvellement oblige à appeler, c'est qu'il s’agit de garder une dynamique de la fondation grâce à de nouveaux contacts.
     Une exigence est liée à ces affirmations, l'appel n'est pas simplement une invitation à prendre des responsabilités, c'est appeler à devenir de plus en plus chrétien, à servir en ce monde la vie évangélique, à entrer encore plus dans la foi, à être témoin de la foi.
     Nous avons l'habitude de parler d'une église de proximité, en proximité. En 1995, quand les 1ères communautés locales ont été créées, on parlait d'une Église à portée de voix.
     La paroisse a pour mission, non pas de se substituer aux communautés, mais de les mettre en communion, en concertation, en dialogue, elle le fait par des rassemblements comme aujourd'hui, par quelques projets communs, préparation des mariages, journal, site internet par exemple. Elle a pour but aussi d'ouvrir les communautés à d'autres réalités ecclésiales : aumôneries, mouvements, services…
     Elle le fait avec une équipe de prêtres et une équipe pastorale. Pourquoi une équipe de prêtres ? Dans sa lettre pastorale d'octobre 2013, notre archevêque l'avait annoncé dans un paragraphe « communion et diversité dans le ministère des prêtres ». Je le cite : « Le choix d’un petit nombre de paroisses est aussi celui de paroisses qui permettent à plusieurs prêtres de travailler ensemble. Plutôt que de vouloir parler au singulier : une paroisse = un prêtre, le choix a été fait du pluriel : une paroisse = plusieurs prêtres. » Et plus loin : « il signifie que les prêtres sont ensemble membres du même presbyterium, celui de Poitiers, et qu’ils sont ensemble les coopérateurs de l’évêque. Ensuite, le pluriel signifie la diversité des missions qu’ils peuvent recevoir : dans une même équipe de prêtres, certains pourront davantage être chargés de l’ensemble de la vie paroissiale, alors que d’autres porteront davantage attention aux jeunes, à la pastorale de la santé, à la vie des mouvements, etc. » Et vous le savez sans doute, le concile Vatican II parle plutôt des prêtres au pluriel, du presbyterium.
     Et nous vivons ce renouvellement en cette fête de la dédicace de la Basilique du Latran, la cathédrale de Rome.
     En vivant cette fête, nous nous inscrivons dans une longue tradition qui n’est pas que chrétienne : depuis longtemps l’humanité a marqué des espaces, des lieux, des édifices, d’un caractère sacré. Les chapelles et les églises sont pour nous ces maisons particulières où nous entrons pour vivre la rencontre avec le Seigneur.
     Il me semble que le premier texte et le psaume rappellent cette première fonction du Temple, du lieu consacré : là le Seigneur lui-même est entré, là est sa demeure, là est posé le trône, le signe qu’Il est et demeure au milieu de nous.
     Il me semble que le 2ème lecture nous rappelle que nous sommes nous-mêmes la maison que Dieu construit.
     L’enjeu de ce que vivons dans cette église, dans cet espace, dans des temps et des rythmes réguliers est un enjeu qui nous concerne personnellement et touche le cœur de notre foi en Jésus Christ, Jésus que l’apôtre désigne comme fondation, fondation posée par l’architecte qu’est Dieu lui-même.
     Je trouve que la prière d’ouverture l’exprimait déjà magnifiquement par un déplacement de vocabulaire : « Dieu qui choisis des pierres vivantes pour bâtir la demeure éternelle de ta gloire. »
     La prière nous déplace du sacré vers la sainteté. Et je pense qu’il faut y voir la marque de l’originalité chrétienne.
     L’espace consacré, le temps consacré ne sont pas leur propre finalité, mais des médiations offertes pour que nous entendions l’appel à la sainteté, pour que nous entendions l’appel à la vie évangélique, et aussi pour que les prières et les célébrations que nous vivons ici soient de l’ordre de la réponse à cet appel.
     La préface appuiera cela en reprenant le mot alliance. On dirait en langage moderne : la finalité, c’est l’amour, c’est-à-dire rencontrer Dieu qui nous aime, exprimer l’amour que nous lui rendons et découvrir la fraternité et la paix que nous pouvons vivre entre nous, fraternité qui s’exprime dans la vie communautaire et par la vie évangélique au cœur du monde.
     La communauté qui s’assemble pour prier trouve sa cohérence dans la charité. C’est la sainteté que le Seigneur nous demande, c’est la seule réponse digne de son amour.
     Et voici que l’évangile dans la bouche de Jésus nous oriente vers le Père. Le temps et l’espace avec les rites qui les consacrent sont transcendés : « Ne faites pas de la maison de mon Père »
     Lisons bien, parce que le verset renverse nos perspectives habituelles : « la maison de mon Père. » Si j’entends bien, le Père est nommé par Jésus comme celui qui est présent, celui qui habite, celui qui fait de nous son Temple, son habitation.
     Nous entrons ici pour la prière et la célébration, notre première mission est peut-être en le faisant d’attendre celui qui est à notre recherche, d’accepter qu’Il nous cherche et nous trouve, d'accepter que ce soit Lui d'abord qui nous prie, nous appelle, nous demande de servir.
     Mystère de la foi, de la rencontre, de l’amour, de l’adoration. Sainte Thérèse, que nous honorons particulièrement cette année, avec une audace spirituelle étonnante dit que pour que Dieu la trouve, il doit la chercher en Lui.
     Un de mes maîtres parlait de court-circuit : nous sommes dans l’espace sacré et nous devenons nous-mêmes la maison de Dieu, nous sommes appelés à entrer dans sa sainteté, nous sommes en lui. Voici pour conclure, quelques versets de sainte Thérèse :
     
    Et si par hasard tu ne savais
    Où me trouver, moi,
    Ne va pas de-ci, de-là,
    Mais, si tu veux me trouver,
    Moi, tu dois me chercher en Toi.
     
    Car tu es ma chambre,
    Tu es ma maison et ma demeure
    J’appelle donc à n’importe quelle heure,
    Si je trouve de ta pensée
    La porte fermée

    Hors de toi, il est vain de me chercher,
    Puisque pour me trouver, Moi
    Il te suffira de m’appeler,

    Car j’irai à toi sans tarder,

    Et Moi tu dois me chercher en toi.- [1]


    [1] Œuvres Complètes par Marcelle Auclair. Extrait des Poésies. VIII « A la recherche de Dieu ». DDB p 1087.