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  • Nous vivons le calvaire syrien dans la discrétion entourés par plusieurs vagues des familles déplacées et réfugiées…Elles forment plus de 50% des syriens en cette quatrième année de guerre..
    Le regard de ces réfugiés et familles sinistrées, exprime un code de langage humain assez triste et complexe à percevoir avec le cœur, la patience et la compassion :

    1) Regard hagard :
    Toujours sous le choc certains réfugiés ne comprennent pas ce qui se passe et s’enfoncent dans le silence dans un regard perdu.

    2) Regard interrogatoire :
    Pourquoi ce drame m’a choisi ? Quelle est ma faute ?pourquoi ma famille et ma maison ? Où sont mes amis, mes voisins, mon quartier, ma ville, mon école, mon église, mon curé et mon cimetière ?


    3) Regard révolté
     :
    Je suis une victime innocente, qu’ai-je fait pour mériter cette lourde punition ? Pourquoi cela n’arriverait pas aussi aux autres ? Dois-je être le seul à payer ?

    4) Regard résigné :
    Que ta volonté soit faite.. Je paie pour les autres.. je supporte la souffrance et l’abandon en tant que Croix salvatrice.

    5) Regard soumis  :
    Je n’y peux rien.. je suis devenu pauvre, dépendant pour la vie de mes enfants.. Merci de tout ce que vous faites pour m’aider.

    6) Regard fier  :
    Je sacrifie mes biens pour la bonne cause. Priorité au salut de la patrie.
    Vive la cause juste. Je m’engage encore plus loin s’il le faut.

    7) Regard accusateur  :
    Vous regardez ma souffrance sans rien faire. Pourquoi vous êtes si lents à venir en aide ? Vous n’avez rien fait pour me défendre et arrêter le massacre ? C’est bien de votre faute que je suis là...

    8) Regard rancunier :
    J’ai tout perdu et vous me regardez avec pitié.. Pourquoi je dois souffrir seul ? Pourquoi mes parents ont été tués ?


    9) Regard optimiste
     :
    Je n’ai pas peur, j’ai confiance.. Je peux recommencer à zéro..La vie me sourira de nouveau .Le Seigneur ne me laissera pas tomber.

    Ces réfugiés sont toujours sous le choc, et ne réalisent pas l’ampleur du drame. Ils n’ont pas encore assimilé leur nouvelle situation d’anti-chambre sur la route de l’exode.

    Naviguer entre ces différents regards chaque jour est source d’une plus grande souffrance. La profonde inquiétude s’installe devant un espoir illusoire au moment où l’intolérance envahit l’Irak et menace toutes les minorités du Proche Orient.

    Impuissant devant ce drame installé en Syrie depuis plus de trois ans, sans merci et sans issue, tous ces regards douloureux interpellent la conscience mondiale et accablent notre silence.. Ces yeux bien tristes qui cherchent à comprendre, croisent le regard attendri de notre Sauveur sur La Croix qui nous les renvoie..

    SAURONS-NOUS ETRE A LA HAUTEUR DE CETTE DELICATE RESPONSABILITE ET MISSION ECCLESIALES ?

    + Samir NASSAR
    Archevêque Maronite de Damas