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  • Présentation du Seigneur au Temple - Journée de la Vie Consacrée

    Homélie du P. Jean-Luc Voillot le 2 février 2024 - Présentation du Seigneur au Temple - Journée de la Vie Consacrée

    Mes sœurs mes frères,

    Nous venons d’entendre la Parole de Dieu qui éclaire cette fête que nous célébrons. Je vous invite à une double démarche recevoir le message de cet Évangile que nous venons d’entendre et, dans un deuxième temps, mener une enquête pour découvrir pourquoi le Pape Jean-Paul II a choisi cette date en 1997 pour célébrer la journée de la Vie consacrée !

    L’Évangile selon saint Luc souligne l’obéissance de Marie et Joseph à la loi de Dieu et viennent au temple pour offrir leur fils premier né. Les sémites, depuis la nuit des temps, ont coutume, pour remercier Dieu, de lui offrir le premier né de la famille comme du bétail ! « Celui qui ouvre le sein maternel appartient à Dieu ».

    Nous avons une trace de cette coutume sacrificielle dans le livre de la Genèse quand Abraham va offrir son fils unique Isaac, sur la montagne. Dieu bénit Abraham pour sa démarche mais retient sa main et substitue à son fils, un bélier qui par son sacrifice rachète cet enfant que Dieu bénit et rend à Abraham ! Marie et Joseph sont des personnes modestes, ils offrent deux tourterelles ou deux colombes, l’offrande du pauvre, pour racheter leur fils que Dieu couvre de sa bénédiction et leur rend ! Mais il y a de l’inattendu dans le rituel accompli aujourd’hui dans le Temple. Ce n’est pas un prêtre mais un laïc, un vieil homme, juste et religieux qui accueille ce couple, prend dans ses bras cet enfant et bénit le Seigneur. Conduit par l’Esprit, parmi tous les enfants présentés ce jour là, il en reconnaît un seul, Jésus dans lequel il contemple celui qu’il attendait, le Messie de Dieu. Il avait appris qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu l’accomplissement de la promesse de Dieu. L’Esprit-Saint lui ouvre les yeux et l’intelligence pour prophétiser sur le destin de ce petit enfant. « Il provoquera la chute et le relèvement de beaucoup… signe de contradiction » nous voilà déjà propulsés à l’issue de la vie du Christ, sa mort et sa résurrection. Il va jusqu’à révéler à la mère de Jésus les douleurs de ce destin ! « Et toi ton âme sera traversée d’un glaive ». Puis Siméon, nous surprend, lui aussi se donne, il s’abandonne à la volonté de Dieu. « Maintenant ô maître souverain tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix… car mes yeux ont vu le salut promis… »

    Un autre bouleversement, un autre personnage inattendu surgit, une vieille femme, très avancée en âge, comme le souligne saint Luc ! 84 ans, avouons-le, pour nous, ce n’est pas si vieux que cela, avec les nombreux centenaires que nous fêtons ! Nous sommes dans la symbolique ! 84, c’est les 12 mois d’une année, « multipliés » par 7, le nombre de jour d’une semaine, autrement dit, Anne est parvenue à la « plénitude » des semaines et des années : l’âge parfait ! Les femmes au Temple de Jérusalem avaient le parvis le plus éloigné du sanctuaire ! Pourtant, l’évangéliste nous dit qu’elle servait le Seigneur jour et nuit, jeûnant et priant, ne s’éloignant jamais du Temple (depuis son veuvage) et que cette Anne était une « femme-prophète ». Que de paradoxes !!! « Survenant à cette heure, elle proclamait les louanges de Dieu et parlait de cet enfant à ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem ». Son zèle abolit les frontières ! Ce jeune couple s’étonnait de ce qui était dit de cet enfant qu’ils venaient offrir au Seigneur.
    Voilà ce que nous célébrons, aujourd’hui, un enfant offert au Seigneur, qu’il leur rend, béni et révélé !

    Alors pourquoi avoir choisi cette fête pour la Journée de la Vie Consacrée. Jean-Paul II n’est plus là pour nous le dire. Or, on n’ignore pas les affinités de ce pape polonais avec « l’École française de spiritualité ». C’est ce courant qui oriente notre lecture. L’obéissance de Marie et Joseph à la loi du Seigneur, la pauvreté de ces saints époux (les deux petites colombes) et la virginité de la Mère de Jésus, et même ce titre que vous avez proclamé si souvent lors du Salut du Saint Sacrement « Béni soit saint Joseph son très chaste époux ». Nous avons ainsi la déclinaison des trois vœux, appelés « Conseils évangéliques » : l’obéissance, la pauvreté et la chasteté, si bien illustrés en la personne de Marie et Joseph. Ce n’est pas ma lecture…

    Je vous invite à nous arrêter sur l’enseignement de ces deux personnages inattendus de cet Évangile, Syméon et Anne ! Tous deux déclinent, à mes yeux, l’idéal de la Vie Consacrée.
    Syméon, cet homme juste et religieux, un laïc, persévère dans l’espérance tous les jours de sa longue vie. Il appuie sa foi sur la promesse de Dieu, il se laisse conduire par l’Esprit-Saint, et il s’abandonne à la volonté de Dieu. Malgré son âge, il garde le cœur éveillé, les yeux vifs, scrutant les signes de temps, c’est un veilleur et un éveilleur. Il contemple et confesse l’œuvre de Dieu. Sa foi en éveil, à l’aune de son espérance, discerne les signes de la présence de Dieu en cet enfant.
    Il en va de même pour cette veuve, à l’âge très avancé, qui garde la jeunesse du cœur pour chantez les merveilles de Dieu et proclamer que l’espérance du Peuple de Dieu est comblée en ce petit enfant. Anne, persévérante dans la prière et le jeune, laissant place à la louange et proclamant à qui veut l’entendre la Bonne Nouvelle, n’est-ce pas l’idéal de toute vie consacrée ?

    Au regard de la vie religieuse actuelle, dans nos régions occidentales, où le grand âge semble dominer, quand nous regardons nos communautés, les cheveux blancs dominent (moi-aussi). Nos deux vieillards, Syméon et Anne, ne viennent t’ils pas souligner paradoxalement la fécondité et le dynamisme qui préparent les moissons de demain ? Malgré leur âge, ils proclament une Bonne Nouvelle !

    Toute vie est prophétique, continuons à scruter les signe des temps pour discerner tous les indices d’une espérance qui ne saurait s’épuiser. « La communion avec Dieu n’a pas d’âge, elle est vécue à tous les âges ». Dans la foi, nous découvrons que Dieu accomplit toujours ses promesses. Ne nous décourageons pas, l’humble persévérance du quotidien, la vigilance d’une humble prière, l’austérité cachée de nos jours éprouvés, sont autant de signes du royaume que nous attendons et qui est déjà la ! Que tous les consacrés soient des prophètes au milieu de l’Église d’aujourd’hui.
    P. Jean-Luc Voillot