• Logo
  • SECTEUR PASTORAL « LES PORTES DU MARAIS »
    Avec toutes les paroisses du Marais Poitevin
     
    Homélie du Père Jean-Luc Voillot

     

    à la messe du pèlerinage de Sainte-Macrine À MAGNÉ (DEUX SÈVRES)
    Le dimanche 8 juillet 2012
     
    Lecture du 14ème dimanche ordinaire – B –
    Ez. 2, 2-5 ; 2 Co. 12, 7-10 ; Mc. 6, 1-6
     
    « Qu’ils écoutent ou qu’ils s’y refusent, ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. » Cette parole d’Ézéchiel entendue en première lecture s’applique étonnamment à sainte Macrine, comme a tout chrétien qui honnêtement essaie de vivre sa vie de baptisé et rayonne concrètement la vie du Christ. Tous par le sacrement du baptême nous participons de la dignité du Christ, qui est : « prêtre, prophète et roi ».
    Il y a onze siècles, une jeune femme est venue dans cette île de Magné, sur cette butte qui prendra son nom après sa mort, pour rencontrer Dieu et le servir tous les jours de sa vie dans la prière, la pénitence et le partage. Peut-être, comme Paul dans la seconde lecture, Macrine a-t-elle ressentie le poids de ses faiblesses et, dans sa vie de pénitence, a-t-elle ressenti comme une écharde dans sa chair. Les chrétiens, comme leur maître témoignent des vertus de l’Évangile dans leur chair : « En actes et vérité ». Le christianisme est une religion de l’incarnation. C’est d’abord par les gestes de notre corps que nous témoignons de la profondeur de notre foi.
    Vers 850, les maraichins ont-ils eu conscience qu’ils avaient là, tout près d’eux, « un prophète ? » Voyaient-ils en cette femme retirée, loin du village, celle qui venait, par sa vie toute imprégnée de l’Évangile, apporter la Bonne Nouvelle pour toutes les femmes et tous les hommes du Marais ? Le silence sur son histoire semble nous convaincre qu’ils ne l’on pas vu ce « prophète au milieu d’eux » ! Pourtant, à la différence de Jésus à Nazareth, celle que l’histoire nous dit « venir d’Espagne » semblerait avoir toutes les qualités, aux yeux de l’Évangile, pour être entendue, si « un prophète n’est méprisé que dans son pays et sa propre maison ». Elle qui fuyait ceux qui voulaient ravir sa vertu, elle a vécu, comme une immigrée en terre maraichine, loin des hommes dans le silence et la prière. Le peuple des croyants a reconnu la sainteté et la vérité du message de Macrine, seulement après sa mort. Et depuis le dixième siècle, son message a été transmis, de génération en génération, notre pèlerinage d’aujourd’hui, à la suite de tant d’autres, en est la preuve éloquente !
    C’est probablement, ce qu’a ressenti Mademoiselle Pauline de Cugnac, quand elle mit à dessein en 1806 sa volonté de rendre hommage à la patronne du Marais en peignant cette toile ! Elle n’avait pas plus que nous de détails sur la vie de sainte Macrine, elle essaya donc de traduire dans une scène le rayonnement évangélique de la patronne du Marais. Tout l’Évangile est résumé en une seule phrase « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimé ». C’est donc, tout simplement, dans l’exercice de la charité que Mademoiselle Pauline de Cugnac a représenté sainte Macrine ! Cette dernière donne l’aumône à un pauvre mendiant.
    Découvrons ensemble ce tableau si heureusement restauré par Cécile Desgranges. Cette restauration nous fait découvrir des détails que la détérioration du temps nous empêchait antérieurement de voir !
    Pauline de Cugnac est de son temps, selon l’école artistique à laquelle elle appartient, elle représente son personnage à la mode antique (monde gréco-romain réinterprété selon la plastique du XVIIIème siècle), elle nous représente la sainte habillée comme une matrone romaine, la tête ornée d’un chignon à la grecque, et sa gorge est ornée d’un collier doré. Elle est revêtue d’une tunique blanche, avec un magnifique manteau pourpre. On est très loin de la représentation habituelle d’une sainte ermite. De plus elle représente sainte Macrine, non pas devant une hutte en roseaux – ce que la tradition nous a transmis – mais au balcon d’un château de style XVIIIème !
    Macrine, depuis le balcon, est penchée vers un pauvre mendiant. Elle tend sa main droite, dans un geste généreux, tenant entre ses doigts une pièce d’or qu’elle va laisser tomber dans le chapeau du pauvre. L’autre main retient une corbeille pleine de miches de pain fraichement dorées. Comme si une distribution allait suivre !
    Si Pauline de Cugnac a représenté une sainte Macrine, comme une jeune femme, souriante, menue, voire frêle, le pauvre en revanche est représenté comme un homme âgé, très imposant, un grand visage aux traits tendus, un regard sévère, qui tient de la main gauche un très grand chapeau, appuyant son autre main sur une canne. Son chapeau parait si grand qu’il en faudrait des milliers de pièces pour le remplir ! « Des pauvres vous en aurez toujours avec vous » nous a dit Jésus et nous savons que les besoins des pauvres sont sans commune mesure avec nos humble actes de charité. Les besoins des pauvres ne seront jamais comblés. Celui du tableau semble représenter tous les pauvres, toute la pauvreté, et son grand chapeau, l’immensité de la pauvreté. Les pauvres sont déclarés heureux par les béatitudes, ce pauvre est un symbole, puisque le ciel semble l’encourager, un ange soutient son chapeau et le place dans l’axe de la pièce. Le tableau nous présente trois anges, deux qui, depuis le ciel, admirent la charité de Macrine et le troisième qui ajuste le chapeau du pauvre. Un rayon lumineux transperce le ciel en diagonale et vient éclairer le geste charitable de sainte Macrine. Au deuxième plan, Pauline de Cugnac a représenté le monde, notre monde… La vie continue, un agriculteur laboure son champ avec une charrue tirée par un bœuf (faisant probablement allusion à la légende de sainte Macrine). La chapelle (qui correspond à l’actuel transept) est à quelques centaine de mètres. Cet arrière plan représente l’aujourd’hui de celui qui contemple le tableau ! Un handicapé, aidé de ses béquilles s’apprête à entrer dans la chapelle. Les miracles de la charité de Macrine continuent, dans sa chapelle, au-delà de la mort de la sainte du Marais…
    Voilà ce que Mademoiselle Pauline de Cugnac nous a transmis grâce à son art dans ce tableau qui vient de retrouver sa place en cette chapelle. Suivons les exemples de nos ainés dans la foi dont Macrine est un témoin privilégié. Que notre regard et notre cœur nous permettent de discerner les besoins de nos frères les hommes et d’y répondre à la mesure de la charité du Christ. C’est à ce prix que nous serons des prophètes au milieu du monde d’aujourd’hui[1]


    [1] Ce texte n’est pas le mot à mot de l’homélie qui, comme de coutume, n’était pas écrite, mais une reconstitution établie de mémoire par le père Jean-Luc.

     

    ----

    Le programme du pélerinage 2012

    10H : Accueil du tableau de Ste Macrine

      

    10H30 : MESSE DE LA FÊTE

      

     
    Présidée par le Père Jean Luc VOILLOT,
    Responsable du Secteur Pastoral des Portes du Marais,
    Avec la participation du « Choeur Diocésain », relais de Niort.
     
     
    15H00   :  Rendez vous à la
    « FONTAINE SAINTE MACRINE »pour un TEMPS DE PRIÈRE suivi de la PROCESSION VERS LA CHAPELLE.
     

    16H15 : VÊPRES SOLENNELLESde la fête de SAINTE MACRINE