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    Mt 1, 1-16.18-23 Homélie de la Septembrèche 2022

    En ce 11 septembre, nos mémoires gardent en souvenir ces attentats new-yorkais qui, comme de nombreux autres actes barbares, confessent l’ignominie de l’humanité. Est-ce donc possible qu’une personne, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu, offre pareil visage ?

    Si Dieu nous a créés libres, il nous appelle aussi à vivre en son dessein. Femmes et hommes, nous sommes invités, comme Marie, à être comblés-de-grâce, vivant dans son amitié et partageant son bonheur dès ici-bas. Souvent, trop souvent même, nous refusons de répondre à cet appel. Bien sûr, la gravité des faits n’est pas la même. Et les conséquences des actes posés également.

    Mais, comme le confesse l’Église, aucune personne ne peut être réduite aux actes posés, même les plus inhumains. Nous valons plus que ces actes qui défigurent le projet de Dieu en nos vies. Même le pire des terroristes a pu participer au projet de Dieu lorsqu’il a su aimer un enfant ou développer un talent. Personne ne peut être enfermé dans une indignité. Tous, nous valons plus que nos actes.

    Voilà, d’une certaine manière, ce qui est au cœur de la page d’Évangile que nous venons d’entendre. Avez-vous remarqué que, dans cette longue généalogie, 5 femmes sont nommées ? Et cela n’est pas par hasard : Tamar (Gn 38), Rahab (Jos. 2, 1-21), Ruth (Rt. chap. 1 à 4), la femme d’Urie (2S, chap. 11 et 12) et Marie bien sûr ! Toutes ont posé des actes.

    Cinq femmes hors-normes qui, pour les 4 premières ont eu un parcours chaotique : Tamar a eu une relation sexuelle avec son beau-père, Rahab était une prostituée « de profession », Ruth une étrangère qui n’écoute pas sa belle-fille et Bethsabée, la femme d’Urie, a eu un enfant avec celui qui a tué son mari… Des actes en dissonances avec le projet de Dieu, il y en a eu ! Inutile de regarder Netflix pour s’en convaincre. Malheureusement, cela ne concerne pas que notre époque…

    Pourtant, Jésus se situe dans cette lignée. Il est l’héritier d’un Peuple qui, malgré ses vicissitudes, reste marqué par la dignité originelle : celle d’être conçue à l’image et à la ressemblance de Dieu. Personne n’est réduit à ses actes, et même, malgré les actes posés, Dieu vient faire sa demeure au cœur de nos vies.

    Mes amis, cette bonne nouvelle d’un Dieu qui vient malgré nos fragilités est LA bonne nouvelle de ce jour. Non que nous ayons à nous satisfaire de nos incohérences, mais qu’elles peuvent ne pas avoir le dernier mot. Mais il y a, en filigrane, une autre bonne nouvelle qui nous concerne tous. Nos vulnérabilités, reconnues comme telles, peuvent être un lieu de révélation de Dieu, un lieu d’Alliance entre Dieu et son Peuple.

    La vulnérabilité, c’est étymologiquement, une capacité à être atteint. Elle rend possible une proximité, une action ajustée qui s’approche de l’autre. Ou, dit autrement, lorsque nous sommes vulnérables, nous avons besoin d’un autre. Sur la croix, le Christ a connu la vulnérabilité… en s’anéantissant et en refusant une réponse du monde. Au «  sauve-toi toi-même » (Mc 15, 30), cet évangile du monde, Jésus a préféré attendre que le Père le ressuscite, dans la puissance de l’Esprit.

    Nous avons été créés dans un souffle. Et là est notre vulnérabilité. Lorsque nous posons des actes qui ne répondent pas aux appels de Dieu, nous sommes ces personnes vulnérables qui n’avons qu’à tendre la main pour être saisies par Dieu et relevées par Lui.

    Dans cette généalogie, Joseph, pour sa part, est aussi montré comme étant fragilisé par l’arrivée de cet enfant hors-mariage, « avant qu’ils aient habité ensemble » précise l’évangéliste. Mais il a tendu la main vers Dieu et Dieu a répondu, par la voix de son ange. Telle est notre foi. Et tel est ce qui doit nous conduire en ces jours où la foi n’est pas toujours au cœur de nos vies.

    Toute l’histoire de l’humanité est marquée par la vulnérabilité. Voilà pourquoi nous n’avons rien à craindre de ce que nous vivons dans le temps présent, y compris en Église. Nous sommes pauvres, fragiles et vulnérables ? Prenons la main que Dieu nous tend, et ne pensons pas qu’auto-suffisants, nos stratagèmes vont nous sortir de cette vulnérabilité. Elle est constitutive de nos vies.

    Prenons la main que Dieu nous tend. Voici le temps, le temps où Dieu fait grâce à notre terre.
    Jésus est mort un jour du temps. Voici le temps, le temps de rendre grâce à notre Père.
    L´unique Esprit bénit ce temps. Prenons le temps, le temps de vivre en grâce avec nos frères.

    P. Julien DUPONT