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  • Messages du père Jacques Bréchoire aux chrétiens de la paroisse Saint-Junien en Mellois


    Messages aux chrétiens de la paroisse Saint-Junien en Mellois pendant le confinement ... et après...


    Message 41

    Homélie du 22ème dimanche du temps ordinaire (30 août 2020)
    DERNIER MESSAGE DU PERE JACQUES

    (Lire les textes de la messe du jour)

    Ce texte de la deuxième lecture, qui est tirée de la Lettre de saint Paul aux Romains, me convient bien pour vous adresser mon « Au revoir »

    Il dit en effet : « Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière -, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte spirituel »

    1 – Cette exhortation c’est à nous tous de l’accueillir et d’y répondre, nous le peuple des baptisés au nom de Jésus. Mais au titre de mon ministère de prêtre au nom de Jésus, je dois y répondre aussi.

    Ai-je offert mon corps au Seigneur, tandis que j’étais au service de notre Paroisse pendant 11 ans ? Ai-je donné de ma personne, tandis que j’étais mis à votre service, par notre évêque ? Je l’espère en même temps que je sais avec certitude que ce ne fut pas le cas ! Comment, en effet, accéder à un tel idéal ? Le don de son corps, Jésus lui, en a été capable et il est notre modèle. Mais nous ?

    Le don de soi s’appelle « sacrifice » : Paul demande qu’on présente son corps au Seigneur « en sacrifice ». La vie apostolique des prêtres est donc un sacrifice, et pas seulement une tâche, une fonction à remplir pour laquelle on est (mal !) payé. Elle est donc un acte religieux, puisque le sacrifice est central dans les religions, y compris dans la nôtre. Les actes religieux ne se passent pas seulement dans nos églises (messe, sacrements…), mais dans la vie, dans le don généreux à Dieu et aux autres.

    2 – Cette notion de sacrifice a été critiquée et plus ou moins abandonnée chez les « progressistes » d’entre nous, pensant qu’elle était rétrograde, trop ressemblante avec les sacrifices païens ou les religions de la souffrance expiatrice. Quant aux « conservateurs », ils l’ont bien sûr gardée mais en l’enfermant exagérément dans les limites du sacrifice de la messe et en en voyant le côté méritoire (faire des sacrifices qui « coûtent »). Donc il faut s’interroger à son sujet : qu’est-ce qu’ « un sacrifice qui plaît à Dieu ? »

    En fait, le sacrifice est très présent dans notre vie, même si on n’emploie pas trop le mot : le don de soi dans le cadre d’engagements humanitaires, pour les jeunes : ils y « consacrent » (rendre sacré) leur temps, leur énergie. On a vu récemment que certains sont morts de mort violente. On peut se sacrifier à d’autres causes, à des personnes aimées, à ses enfants, à ses élèves, aux malades… c’est notre cas à tous.

    Ce qu’ajoute l’idée de sacrifice par rapport au « don de soi », c’est cette note « coûteuse ». Il en coûte parfois de servir Dieu, de servir les autres, et alors la souffrance s’invite aux divers dons de nous-mêmes. Mais nous y consentons, par foi et amour.

    Cette note « coûteuse et souffrante », nous la remarquons évidemment dans le sacrifice de Jésus dans le récit émouvant de sa mort en croix, pour nous, ses sœurs et frères humains. Autrement dit le don de soi à Dieu et aux frères ne va pas sans la mort envisagée. Cela vaut pour le ministère des prêtres : nous avons l’exemple magnifique du P. Hamel, des frères moines de Thibirine, de nombreux prêtres assassinés encore aujourd’hui, de par le monde.

    3 – Le sacrifice a quelque chose de beau, de grand : être un vrai homme ne va pas sans l’idée de sacrifice. Nous avons des exemples fameux et tellement impressionnants, hors de notre Eglise et de notre religion.

    On pense à Socrate qui, plutôt que de trahir la vérité qu’il enseigne, préfère se soumettre à la loi de la cité qui le condamne à mort, lui demandant de boire lui-même la cigüe qui l’emportera. Quel beau sacrifice.

    Dans le théâtre grec, on a deux personnages féminins qui ont poussé jusqu’à l’extrême l’offrande de leur corps : Antigone et Iphigénie. Antigone qui préfère mourir pour assurer la sépulture de son frère que Créon lui interdisait.

    Ce sont des exemples, - réels (Socrate) ou fictifs (Antigone, Iphigénie) - d’attitudes extrêmes qui sont passées pour exemplaires dans l’histoire de l’humanité, jusqu’à aujourd’hui, et pour demain, tant qu’il y aura des hommes. Ces exemples sont de grands « types » d’humanité.

    4 – Mais pour nous, l’expérience exemplaire du sacrifice est celle de Jésus. Et aussi le sacrifice des chrétiens à la suite de Jésus et avec son aide. Le sacrifice des ministres de l’Evangile. Tel Paul qui fait ses adieux aux Anciens d’Ephèse (les responsables d’Eglises locales) réunis à Milet, avant de partir à Rome où il connaîtra la mort violente, en leur adressant ces paroles : « Je n’attache d’ailleurs vraiment aucun prix à ma propre vie ; mon but, c’est de mener à bien ma course et le service que le Seigneur Jésus m’a confié : rendre témoignage à l’Evangile de la grâce de Dieu ». Vous pouvez lire la suite, assez belle, dans les Actes des Apôtres, chapitre 20, versets 24 et suivants.

    Beaucoup aujourd’hui recherchent une belle vie spirituelle. La voie chrétienne qui passe par le sacrifice de nous-mêmes à Dieu, à Jésus, à l’Eglise qui est son corps, à chaque personne rencontrée, est ce « culte spirituel » dont parle st-Paul dans la lecture de ce jour. Là est le culte véritable, la vraie « liturgie ».

    Reprenons donc cette phrase de Paul pour nous séparer : « Je vous exhorte donc, frères, par la tendresse de Dieu, à lui présenter votre corps – votre personne tout entière -, en sacrifice vivant, saint, capable de plaire à Dieu : c’est là, pour vous, la juste manière de lui rendre un culte spirituel »

    Au revoir.

    Père Jacques Bréchoire
    curé de la Paroisse St-Junien-en-Mellois


    Message 40

    Homélie du 21ème dimanche du temps ordinaire (23 août 2020)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    1 – L’Evangile de ce jour est fort important. La scène, pense-t-on, se déroule à un moment charnière de la vie publique de Jésus, sa vie de compagnonnage avec ses disciples et apôtres. Voilà qu’ils ont appris à connaître leur Maître, à s’attacher à lui, voilà qu’ils ont vu ses « succès » : beaucoup de guérisons, beaucoup de peuple, enseignement magnifique…

    Mais tout ne va pas se dérouler de la même façon : rejet des chefs religieux, hostilité des groupes religieux (pharisiens, sadducéens…), puis arrestation, jugement, portement de croix, mort… Les mêmes disciples seront-il capables de supporter ce destin humiliant de leur Maître ?

    C’est pourquoi, avant la longue montée à Jérusalem pendant laquelle il continue d’enseigner, il les met en demeure de se prononcer : « Pour vous, qui suis-je ? » Et ils doivent le faire ! Saint Pierre le fait en leur nom par cette parole magnifique : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».

    2 – La poursuite du texte concerne l’Eglise. Jésus confie à Pierre la direction de l’Eglise, il veut la bâtir sur lui et il l’assure de sa protection : « la puissance de la mort ne l’emportera pas sur elle. »

    C’est une leçon utile pour nous qui souvent désespérons de l’Eglise. En effet nous avons quelques raisons de déplorer sa faiblesse, son vieillissement, l’absence de vocations sacerdotales… Cependant, nous avons tort. Il importe toujours de bien parler de l’Eglise – comme il importe de bien parler de tout !

    Un des plus grands théologiens du XXe siècle, quant à lui, en parla magnifiquement, ne se laissant pas gagner par le défaitisme. Il s’agit d’Yves Congar, un des inspirateurs du Concile Vatican II. Voici ce qu’il dit dans ce beau texte :

    « Pourquoi j’aime l’Eglise ? »

    C’est d’abord parce qu’elle est la mère, le foyer et la patrie de mon être spirituel que j’aime l’Eglise. Je me suis souvent demandé où en serait ma prière, où en serait ma foi si elles étaient réduites à ce qui vient de moi seul ?... Grâce à elle, cette foi et cette prière sont nourries de celles d’Abraham, de David, des prophètes, de Paul, de celles d’Athanase, Augustin, Léon, Thomas d’Aquin, de celles de François et des deux Thérèse.

    Karl Barth, dont la foi et la prière m’ont aussi nourri, écrivait en 1966 : « Aujourd’hui on flotte. Et flotter, ce n’est pas être libre, c’est être prisonnier de toute les vagues qui déferlent ». L’Eglise m’a donné la base ferme, les certitudes dont j’ai besoin pour vivre et même, finalement, pour être libre. Autrement je risquerais de n’être qu’un tourbillon : un mouvement, peut-être dynamique, mais sans point d’application et ainsi sans efficacité.

    Etudiant la Tradition, j’ai été frappé par le fait qu’elle est autre chose, et plus qu’une transmission d’idées : ce qu’elle communique à cet égard même, elle ne le communique pas par mode scolaire et conceptuel mais dans des gestes, dans une célébration où tous les sens sont pris. La foi en Jésus Rédempteur a pénétré en moi par le signe de la croix, la foi eucharistique, par la communion et par l’atmosphère des églises.

    Je ne veux pas verser dans l’esthétisme ni dans le romantisme. Mais pourquoi mon être spirituel ne s’éduquerait-il pas, comme mon être humain tout court, par une plénitude complète de moyens affectifs et sensibles tout pénétrés d’Esprit ?

    Ma mère charnelle avait pu vieillir. La mienne du reste, était demeurée plus jeune que nous tous d’esprit et de cœur. Mon Eglise porte bien quelques rides, elle a gardé quelques habitudes démodées. Mais elle cherche généreusement… Elle sait qu’elle est Mission et qu’à cet égard, son avenir est d’être présente à l’avenir du monde. Si nous attendions d’avoir une Eglise sans reproche pour prendre parti avec elle et en elle, nous ne commencerions jamais.

    Emmanuel Mounier pourrait bien nous avoir donné une règle d’or lorsqu’il écrit : « La condition humaine, c’est l’ambiguïté créatrice… Exister, c’est se contester perpétuellement en s’engageant sans cesse. » Il faut voir l’Eglise en prospective, comme une histoire à continuer, c’est-à-dire comme tâche et mission. On ne peut se contenter de parler de l’Eglise statiquement. En un sens, elle se fait tous les jours par la fidélité et l’initiative de son Seigneur, mais aussi par nous, car Dieu n’agit pas entre ciel et terre »

    Voilà qui est bien parlé de l’Eglise, de sa certitude, de sa fermeté et aussi de son chemin ouvert à l’inconnu du monde. C’est cette Eglise que Jésus, en ce jour confia à Pierre. « Je te donnerai les clés du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre, sera délié dans les cieux ». C’est notre Eglise dont nous sommes fiers et que nous aimons servir.

    Père Jacques Bréchoire
    curé de la Paroisse St-Junien-en-Mellois


    Message 38

    Homélie de la Fête de l’Assomption de la Vierge Marie (15 août 2020)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    1 – C’est la piété mariale des chrétiens qui est à l’origine de cette fête, une piété toute populaire et de grande valeur.

    Le principe de cette piété envers la Vierge Marie est que toutes les personnes qui ont eu un lien avec le Christ, voient rejaillir sur elles la grandeur du Christ. Elles participent à l’épiphanie (manifestation) de notre Seigneur dans le monde.

    C’est bien le cas, de manière privilégiée, de la Vierge Marie : en son corps elle l’a conçu, elle a veillé à sa croissance, elle l’a accompagnée jusqu’à sa mort, en se tenant au pied de la croix : Stabat Mater.

    Et cette piété populaire a compris que le mystère de la résurrection de son fils a rejailli sur elle, l’a emportée au ciel en son corps lui-même.

    Cette piété populaire c’est la nôtre : elle nous convient. Nous continuons d’entourer d’honneurs la Vierge Marie, dans la mouvance de la gloire de son Fils, au long des siècles de l’Eglise.

    Cette attention à la grandeur de Marie, la a été jusqu’à lui donner le titre de Mère de Dieu. Cela se fit au Concile d’Ephèse en 431, une audace religieuse incroyable : comment a-t-on pu faire d’une femme de notre condition humaine, la mère de Dieu, lui le créateur de la condition humaine ? Le Concile l’a fait ! Plus tard, une église lui a été édifiée et consacrée à Rome : la basilique Sainte Marie majeure. Elle est introduite dans le mystère de Dieu lui-même, elle en fait partie.

    Marie entre dans le mystère de Dieu, spécialement dans le mystère de l’incarnation de son Fils qui est devenu un des hommes de ce monde, l’un d’entre nous.

    2 – Marie entre aussi et du même coup, dans le mystère de la communion des saints. Lorsque nous donnons à Dieu notre foi et notre amour, nous le donnons en même temps, de manière seconde aux saints du ciel : sur eux aussi a déteint la sainteté de Dieu. Ce qui fait que la communion des saints entre dans notre credo. « Je crois… à la communion des saints » (Symbole des apôtres).

    Nous croyons à la communion des saints. Certes nous ne croyons pas dans les saints comme nous croyons en Dieu, mais Dieu n’a pas voulu être saint, seul. Sa sainteté est unique, mais il ne fut pas solitaire comme l’a dit notre grand Hilaire, évêque de Poitiers et docteur de l’Eglise. Dieu a aimé être cru au milieu des saints, ses créatures du ciel, et non seul, dans un ciel inatteignable pour des humains.

    Parmi ces créatures du ciel, figure Marie, la Mère de Dieu : elle est au milieu des saints du ciel. Il est intéressant de savoir que lorsque Pie XII promulgua en 1950 le dogme de l’Assomption, cela ne se fit pas un 15 août, mais le 1er novembre, en la fête de tous les saints !

    Cela signifie que le mystère de Marie c’est le nôtre en attente : à savoir le partage de la communion des saints, le partage à plusieurs de la communion divine. Cette fête n’est pas désincarnée, surréaliste, c’est notre fête en attente. C’est la fête du peuple chrétien dans le mystère de son assomption au ciel.

    Telle est notre foi en Dieu : Dieu ne peut pas être cru sans mère, et sans les saints. A la limite, il ne peut pas être cru sans nous. Quel honneur pour la Vierge Marie ! Quel honneur pour l’humanité et les croyants.

    3 – Cette piété mariale s’est exprimée de mille façons, ingénieuses, aimantes, admiratives, naïves parfois… quelque fois excessives et à corriger !

    Parmi ces témoignages je retiens celui de saint Bernard, le fondateur de Cîteaux, qui y a attiré en foule la jeune noblesse de son temps, et qui a beaucoup fait pour développer l’amour de Dieu – son cantique des cantiques, impressionnant – et en lien avec cet amour, l’amour de Marie. Dans les Trappes aujourd’hui encore, on sent cette petite note affective dans les prières des moines : la journée se clôt par le chant du Salve Regina.

    « En la suivant, on ne dévie pas.
    En la priant, non ne désespère pas.
    En pensant à elle, on ne se trompe pas.
    Si elle te tient la main, tu ne tomberas pas.
    Si elle te protège, tu ne craindras pas.
    Si elle est avec toi, tu es sûr d’arriver au but.
    Marie est cette noble étoile dont les rayons illuminent le monde entière,
    Dont la splendeur brille dans les cieux et pénètre les enfers.
    Elle illumine le monde et échauffe les âmes.
    Elle enflamme les vertus et consume les vices.
    Elle brille par ses mérites et éclaire par ses exemples.
    O toi qui te vois ballotté au milieu des tempêtes,
    Ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre si tu ne veux pas sombrer.
    Si les vents de la tentation s’élèvent, si tu rencontres les récifs des tribulations,
    Regard l’étoile, invoque Marie.
    Si tu es submergé par l’orgueil, l’ambition, le dénigrement et la jalousie,
    Regard l’étoile, crie Marie.
    Si ta colère, l’avarice ou les fantasmes de la chair secouent le navire de ton esprit,
    Regarde Marie.
    Si, accablé par l’énormité de tes crimes, confus de la laideur de ta conscience, effrayé par l’horreur du jugement, tu commences à t’enfoncer dans le gouffre de la tristesse, dans l’abîme du désespoir, pense à Marie.
    Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu’il ne quitte pas ton cœur et pour obtenir la faveur de ses prières, n’oublie pas les exemples de sa vie »

    Le poète Verlaine qui ne fut pas toujours exemplaire, exprimait sa résolution : « Je ne veux plus aimer que ma mère Marie »

    4 - Ainsi est considérée Marie, dans la tradition catholique, avec ce mixte de grandeur – certains pensent exagérée, on a trop prêté à Marie ! Ce sont les intellectuels qui pensent cela, à juste titre parfois -, et d’affection tout humaine. Nos « Je vous salue Marie » nous maintiennent dans cette joie affectueuse d’avoir Marie comme compagne, et comme mère. De même la prière du chapelet, cette trouvaille de prière simple, convenant en particulier aux temps de fatigue, où nos idées ne sont plus très claires. La prière de l’Angélus mériterait peut-être d’être remise en circuit !

    Retenons aussi que la piété mariale ne nous éloigne pas de nos devoirs sociaux : le Magnificat est un chant de libération sociale : Lourdes n’oublie pas ces devoirs sociaux en accueillant la foule des malades, des pauvres, des malheureux de la vie.

    Bonne fête déconfinée de l’Assomption de Marie.

    ***************

    Je ne veux plus aimer que ma mère Marie.
    Tous les autres amours sont de commandement.
    Nécessaires qu’ils sont, ma mère seulement
    Pourra les allumer aux coeurs qui l’ont chérie.

    Marie Immaculée, amour essentiel,
    Logique de la foi cordiale et vivace,
    En vous aimant qu’est-il de bon que je ne fasse,
    En vous aimant du seul amour, Porte du ciel ?

    ***************

    Père Jacques Bréchoire
    curé de la Paroisse St-Junien-en-Mellois


    Message 37

    Homélie du 19ème dimanche du temps ordinaire (dimanche 9 août)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    Au fil des lectures

    Le temps d’été invite à la promenade, à la flânerie, au bavardage agréable avec les amis et au hasard des rencontres. Les lectures de ce jour, toutes belles, nous empêchent de choisir l’une ou l’autre, et de les prendre sans excès de commentaires, mais en nous laissant toucher par leur beauté et leur vérité.

    1 – Dans la première lecture, c’est l’épisode fameux du prophète Elie à l’Horeb. C’est un véritable homme de Dieu, voué à la cause de son Seigneur, pour les missions confiées qui sont toutes difficiles puisqu’il doit affronter le roi pour lui dire ses quatre vérités, ses injustices, dénoncer le culte des idoles qui lui font oublier que seul Dieu est Dieu…

    Ce faisant, il est un homme comme tout le monde, et il prend peur, craignant pour sa vie. Il doit fuir pour sauver sa peau. Pour cela, il entreprend un pèlerinage aux sources de la foi de son peuple, au désert et à la montagne de l’Horeb (Sinaï) où Moïse avait reçu la révélation de Dieu, sa Loi, son alliance.

    Toutefois la marche est longue, il désespère au point de désirer mourir « Prends ma vie, car je ne vaux pas mieux que mes pères ». Et voilà qu’il se couche et s’endort à l’ombre d’un genêt, attendant la mort.

    Mais Dieu est là qui veille sur son prophète fragile et désespéré : par l’intermédiaire de son Ange, il met devant lui « une galette cuite sur les pierres chauffées et une cruche d’eau ». Mais rien n’y fait ! Notre prophète se recouche après avoir mangé et bu. Et Dieu est obligé de remettre à ses pieds, galette et cruche.

    Cela suffit et Elie retrouvant le moral, fortifié, reprend la route qui est longue : « Il marcha quarante jours et quarante nuits ».

    Arrivé au but, à la caverne où Moïse avait séjourné – donc une caverne importante ! -, Dieu l’interpelle : « Pourquoi es-tu ici Elie ? ». Ce qui nous vaut cette belle réponse : « Je suis passionné pour le Seigneur, le Dieu des puissances », et il continue de se plaindre : me voilà seul à être resté fidèle à Toi, tous les autres ont oublié ton alliance !

    Aussi, Dieu va le rencontrer. Elie doit pour cela se mettre à l’entrée de la grotte, sur la montagne. Or Dieu lui apparaît d’une manière fort touchante. Le récit met bien en valeur cette originalité, en distinguant les modes « habituels » d’apparition de Dieu – dans le vent violent, dans le tremblement de terre dévastateur, dans le feu qui consume tout sur son passage. Non, c’est dans « le bruissement d’un souffle ténu » (traduction de la TOB), « dans le murmure d’une brise légère » (traduction liturgique). Alors Elie comprend et se voile le visage : Dieu est là.

    Tel est bien notre Dieu : il appelle chacun pour une mission de prophète dans un monde qui ne nous est pas toujours favorable ; il nous soutient dans le découragement ; il nous réconforte, par sa Parole si riche et vivifiante, et par l’Eucharistie de son Fils. Il ne nous interdit pas d’être faible et d’avoir à nous plaindre, nous qui sommes des hommes de chair. Par-dessus tout, comme une brise légère, il nous réjouit de sa présence, sans nous écraser par sa puissance. Tel est bien notre Dieu : il est là, subtilement, respectueusement. Les grands mystiques ont beaucoup aimé ce récit.

    2 – Le psaume 84 commence par l’attitude typique du croyant : l’écoute. « J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ? ». Comme Elie qui était à l’écoute des sons particuliers de la langue divine ! Et le psalmiste entend un Dieu de paix, habitant la terre, l’enveloppant de sa gloire, donnant ses bienfaits à son peuple, marchant devant lui, traçant pour lui un chemin fiable.

    Tel est bien le Dieu que nous avons appris à connaître et à aimer au long de notre éducation religieuse : c’est ce Dieu là que l’Eglise nous a transmis, un Dieu de prévenance. Le psalmiste a vu juste.

    3 – Les apôtres sont aussi des prophètes. Paul dans la seconde lecture exprime son désappointement : le peuple juif dont il est issu et qui continue d’être le sien, ce peuple qui a tout pour être heureux, tout pour croire en Jésus – il a « d’adoption, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses… - ne croit pas néanmoins que Jésus est le Messie attendu par les prophètes d’Israël.

    Il nous arrive d’être triste en profondeur, de voir que certains de ceux avec qui nous vivons ne croient pas ou sont négligents dans leur vie chrétienne. Cette tristesse, comme pour Paul, peut être, de notre part, un bel acte de foi. On a le droit d’être tristes et malheureux !

    4 – L’Evangile raconte la marche sur les eaux de Jésus à la rencontre de ses disciples morts de peur dans leur barque. Il raconte ensuite la marche sur les mêmes eaux de son apôtre Pierre à la rencontre de son maitre. Magnifique geste de piété, de foi, mais lui aussi, comme pour Elie, risqué : il crie « Seigneur sauve-moi ! » Pierre n’a pas calculé la dépense : il a risqué tout lui-même.

    Jésus, comme le Dieu d’Elie, le sauve en saisissant sa main. Non sans lui faire le reproche de son peu de foi : « Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? » Mais tous les occupants de la barque, - dont Pierre -, protestent de leur foi : « Vraiment tu es le Fils de Dieu ».

    Pierre et les apôtres sont des « hommes de peu de foi », mais en même temps ils sont des croyants attachés à servir leur Seigneur : ils disent : « Vraiment tu es la Fils de Dieu »

    Nous sommes de ces hommes, heureux de croire, prêts au sacrifice pour notre maître ; et en même temps faibles dans notre foi. Mais Jésus est là, nous pouvons lui confier la cause de notre barque, la cause de l’Eglise souvent comparée à une barque ballotée sur les flots incertains, mais insubmersible.

    Père Jacques Bréchoire
    curé de la Paroisse St-Junien-en-Mellois


    Message 36

    Homélie du 18ème dimanche du temps ordinaire (dimanche 2 août)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    La multiplication des pains

    1 - Il est beaucoup question de nourriture dans ces récits que nous venons de proclamer

    * Dieu invite à un repas d’alliance, une invitation joyeuse ! « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Venez acheter du vin et du ait sans argent ». Invitation encore à manger des viandes savoureuses. C’est un repas d’alliance du Seigneur avec son peuple. Déjà l’eucharistie est là : un repas de fête en signe joyeux de l’alliance du Christ avec son Eglise.

    * Le psalmiste, en écho exprime combien Dieu est bienfaisant : « Tu leur donne la nourriture au temps voulu ; tu ouvres la main ; tu rassasies avec bonté tout ce qui vit »

    * Quant à l’Evangile, Jésus multiplie les pains au soir d’une journée d’enseignement et de guérison.

    Qu’allons-nous faire de ces beaux récits ? Les croire, les aimer, nous en rassasier.

    2 – Comprendre

    Entrer dans leur mystère profond, essayer de comprendre.

    Ces récits en dérangent plus d’un : avec cette multiplication des pains, beaucoup pensent qu’il s’agit d’une image, l’image du Christ qui par sa parole et sa personne, nourrit son peuple. Ils pensent qu’historiquement cette multiplication est peu vraisemblable. Nous ne doutons pas, disent-ils, que le Christ ait enseigné, ait guéri, soit mort pour sa mission, etc… Mais a-t-il réellement fait des miracles sur la nature ? N’est-elle pas une simple illustration du fait que Jésus par son enseignement a effectivement nourri son peuple ? Une image, rien de plus.

    Si le réalisme de la multiplication des pains nous paraît difficile à croire, l’eucharistie de l’Eglise l’est encore plus. Et pourtant nous nous réunissons pour l’eucharistie, nous entendons ces paroles prononcées sur du simple pain – « Ceci est mon corps » –, sur du simple vin – « Ceci est mon sang ». Que tout ceci paraît étrange. Et beaucoup disent : « Est-ce vrai tout cela ».

    Mais non, nous accueillons ces textes avec toute leur étrangeté, leur invraisemblance. Ils nous révèlent que Dieu subvient à notre faim et à notre soif, et bien plus, il fait les délices des hommes (profusion de pains restant). Réalisons cela aujourd’hui : Dieu est – seul ? – capable de combler le cœur des hommes. Ce qui n’enlève rien au charme des « nourritures terrestres ». Mais enfin, une autre nourriture nous est servie, la nourriture divine. « L’homme ne vit pas seulement de pain… » Avons-nous faim, avons-nous soif de Dieu ?

    Mais comment Dieu fait-il cela ? Et là ça devient plus difficile à comprendre. De manière sensible. Avec ces paroles et ces actes, qui sont la reprise des paroles et des actes du Christ, notre religion revêt un caractère excessivement sensible qui peut heurter les croyants épris de spiritualité et de mystère. Telle est la voie chrétienne pourtant : se réunir pour prendre le pain et le vin offerts, symboles du Christ certes, mais le donnant dans toute sa réalité. Le pain eucharistique n’est pas quelque chose qui nous fait penser au Christ qui nous nourrit en général. Mais c’est son corps.

    Passe encore que nous ayons part aux paroles de Jésus, part à son esprit… mais à sa chair ? Et pourtant il faut avec autant de force et d’exactitude dire comme nous nous le souhaitons à Pâques : « Christ est vraiment ressuscité », que « Ceci est vraiment le corps du Christ ».

    « Le Christ nous offre ainsi, après le bain de la régénération (le baptême) la jouissance de son corps et de son sang » (Cyrille de Jérusalem, Mystagogie). La jouissance de son corps, voilà ce qui nous est offert dans l’eucharistie, comme les corps de nos frères et de nos sœurs humains nous réjouissent.
    L’eucharistie, comme le dit le grand st-Hilaire évêque de Poitiers, est « le sacrement qui nous fait participer à sa chair ».

    Nous avons à rappeler à notre attention ce caractère sacramentel de notre religion, il se perd en effet. J’ai idée qu’il est bien difficile à un jeune d’aujourd’hui d’entrer dans une telle expérience religieuse. Nous préférons les idées, les paroles, les sentiments… Mais non, nous nous déplaçons le dimanche pour communier au corps du Seigneur, et pas seulement pour écouter sa parole. Notre religion n’est pas une religion du Livre, même si nous en avons un – et quel livre ! Elle est une religion de l’humanité du Fils de Dieu.

    3 – Se réjouir

    Nous avons à nous mettre dans l’état d’esprit qu’ils révèlent : un grand entrain, un grand désir de recevoir cette nourriture particulière, de laisser étancher notre soif. Invitation à retrouver cette délectation sans problèmes, sans recherche de raisons autres que l’impression de Dieu et de Jésus produit sur nous.

    Invitation à faire nôtre la joie des nouveaux baptisés à qui on explique ce qui se passe quand ils communient :

    « Goûtez la pâque
    La fraicheur de son eau
    La saveur de son pain
    Le parfum de son huile.
    Réalisez ce qui vous est arrivé dans la célébration des mystères de la mort et de la résurrection de Jésus.
    Laissons-nous instruire par la pâque tout en la goûtant…
    Contemple-le au creux de ta main, avant de communier.
    Fais avec tes mains un trône d’humilité pour le Verbe.
    Ouvre bien tes mains, rends-les accueillantes.
    Sanctifie tes yeux avec précaution au contact de ce corps sacré,
    puis consomme-le en prenant bien garde de n’en rien laisser perdre.
    Puis goûte en silence le corps qui t’est présent.
    Communie non plus des lèvres mais du cœur » (Cyrille de Jérusalem, Mystagogie).

    Ce temps d’été peut être mis à profit pour voir si nous faisons honneur au banquet eucharistique, si nous faisons honneur aux autres dons de Dieu qui nous sont offerts dans les sacrements de l’Eglise.
    Ce temps d’été, pour tester la qualité de notre joie religieuse, et pour la demander à Dieu comme une grâce infiniment précieuse.

    Père Jacques Bréchoire
    curé de la Paroisse St-Junien-en-Mellois

    *****

    « En multipliant les pains, Jésus préparait ses disciples à croire un jour que sa chair et son sang seraient distribués aux fidèles sous la forme du pain et du vin » (Lagrange). C’était une prophétie de l’eucharistie.


    Message 35

    Homélie du 16ème dimanche du temps ordinaire (dimanche 19 juillet)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    . « Voyons le chemin par où la faute a passé »

    Jésus continue de nous enseigner les règles de vie du Royaume, celles qui plaisent à Dieu et qui sont conformes au saint Evangile de son Fils. Nous devons penser comme il pense, agir comme il agit. Et comme les disciples, nous demandons au Seigneur : « Explique-nous clairement la parabole de l’ivraie dans le champ » C’est de cette parabole de l’ivraie et du bon grain dont il s’agit aujourd’hui.

    1 – Le monde est le théâtre de deux semailles opposées : celle de Dieu qui opère en plein jour et qui est bonne ; celle de l’Ennemi qui opère de nuit et qui est mauvaise. Cela donne dans le champ, de bonnes et de mauvaises plantes : le blé, l’ivraie.

    Le monde, celui qui est le nôtre aujourd’hui, c’est bien cela : une cohabitation compliquée entre les bons et les méchants. Sans que celui-ci soit mauvais, il y a du mal dans le monde. C’est l’expérience, souvent épouvantable, de chacun de nous. Nous en souffrons, certains en meurent. Il y a du bon et du mauvais dans le monde et dans ce microcosme qu’est notre propre cœur.

    Face à cette situation où le blé et l’ivraie, le bien et le mal, sont mêlés, deux attitudes sont possibles : les hommes veulent en finir avec le mal « sur le champ ! » (C’est le cas de le dire), en arrachant l’ivraie avant la moisson ; Dieu patiente jusqu’à la moisson et laisse le bon et le mauvais cohabiter, se réservant lui-même le jugement à la fin des temps (la moisson).

    2 – Cette attitude du Dieu patient envers les mauvais est un enseignement pour nous à plus d’un titre :

    - Jésus nous demande de rejeter tout « dualisme » (des hommes sont tout mauvais, d’autres sont tout bon). C’est pourtant ainsi que nous jugeons souvent les autres (qui sont forcément les méchants), ou nous-mêmes parfois (dont nous pensons que rien de bon ne sortira).

    - Il nous demande de rejeter le « fatalisme  » : il n’y a pas de fatalité du mal, même si les apparences pourraient nous le faire croire. De même qu’il n’y a pas d’évidence que le monde soit beau et que nous-mêmes ignorions le mal : c’est plus compliqué ! Le bien et le mal se combattent, mais sans que ni l’un ni l’autre ne remportent la partie de façon définitive. Le combat est constant.

    - Il nous demande de vivre notre vie dans cette complexité de la vie et de la mort. Cela peu s’appeler, une vision « tragique  » de l’existence. C’est vrai que la souffrance des innocents est une tragédie (Camus, La Peste) et que l’homme, s’il a du courage, doit se révolter contre ce monde (Camus, L’homme révolté). Nous aimons les tragédies du théâtre ou du cinéma : elles sont le miroir de ce que nous sommes : des hommes aux grands espoirs et aux lâchetés dégradantes. L’apôtre Paul a fait l’aveu public du tragique de son existence, il n’en a pas eu honte. Il dit : « Vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir, puisque le bien que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas je le fais…Malheureux homme que je suis... (Rm 7, 18…25). Ceci est bien tragique en effet.

    Devrons-nous dire que nos tragédies ont quelque chose de grand, de beau, comme les tragédies du théâtre ? Le risque de la petitesse, de la vie de platitude, sans idéal, qui voudrait fuir le tragique, guette celui qui mène une vie de comédien et d’insouciance devant le mal du monde et du sien. Voilà le véritable « tragique », celui de cette pauvre vie.

    A nous de ne pas quitter la place et de vivre en ce monde tel qu’il est : complexe, avec la volonté de faire le bien. Saint Augustin a dit à son admirable manière cette complexité : « Deux amours ont construit deux cités : l’amour du monde jusqu’au mépris de Dieu a construit la cité terrestre ; l’amour de Dieu jusqu’au mépris du monde a construit la cité céleste ». Cette belle formule doit cependant être bien comprise et la parabole de ce jour peut aider : y a-t-il un « mépris de Dieu » généralisé chez les hommes ? Et un mépris du monde est-il recommandable ? Non : ce monde il faut l’aimer tel qu’il est pour le rendre meilleur qu’il n’est.

    3 – Et cela, avec une bonté pour le monde. Comme fut bon le semeur de notre parabole. Comme fut bon l’évêque de Digne, Mgr Myriel que Victor Hugo met en scène au début des Misérables. Il accueille dans sa maison épiscopale Jean Valjean, un forçat libéré, qui passe la nuit, mais qui avant l’aube, part subrepticement, non sans avoir volé les chandeliers d’argent sur la cheminée ! Victor Hugo dit de cet évêque : « Il ne condamnait rien hâtivement et sans tenir compte des circonstances. Il disait : « Voyons le chemin par où la faute a passé ». Il se qualifiait lui-même d’ « ex-pécheur ». Il pensait qu’il y avait un avenir pour ce forçat qui a chuté : « C’est une chute, mais une chute sur les genoux, qui peut s’achever en prière. »

    Quant au Curé d’Ars qui a tant pratiqué la miséricorde du confessionnal, il dit : « Sa patience nous attend. » La patience de Dieu qui refuse qu’on arrache l’ivraie avant l’heure.

    A nouveau des paraboles de semailles (comme dimanche dernier) : l’ivraie et le bon grain ; la graine de moutarde.

    Père Jacques Bréchoire
    curé de la Paroisse St-Junien-en-Mellois


    Message 34

    14e Dimanche du Temps Ordinaire

    Le repos !

    La liturgie de l’Eglise, attentive à la vie de ses fidèles, nous invite aujourd’hui dans les lectures qu’elle nous offre, au repos, à la détente, à la paix.

    Souvent nos vies sont tendues, nous laissant gagner par les soucis et les complications de la vie. Ces dernières ne nous ont pas été épargnées en ces semaines écoulées, et elles continueront longtemps sans doute.

    1 –Néanmoins, si nous attendons le calme plat et l’absence des soucis pour trouver le repos et la paix, nous ne les obtiendrons jamais. C’est au cœur de la vie éprouvante, agitée, instable, incertaine, que nous devons faire descendre la paix dans notre cœur. L’évêque d’Annecy, Saint-François de Sales, en son temps (XVI-XVIIe), a aidé ceux qui étaient engagés dans la vie active à avoir en même temps, au cœur de ces activités, une authentique vie spirituelle. Il pensait que celle-ci n’était pas l’apanage des seuls moines coupés volontairement du monde. Cette spiritualité des laïcs était innovante à l’époque.

    « Mon intention, dit-il, est d’instruire ceux qui vivent en villes, en ménages, en la cour… ». Et le pape Pie IX qui le canonisa dit au sujet de son enseignement, que « la véritable piété a pénétré jusqu’au trône des rois, dans la tente des chefs des armées, dans le prétoire des juges, dans les bureaux, dans les boutiques et même dans les cabanes des pasteurs … » François de Sales fit la promotion de la vie spirituelle des laïcs, concernés eux-mêmes par l’idéal de la sainteté, par « l’extase de l’œuvre de la vie » : la vie des jours, la nôtre, de matérielle qu’elle est habituellement en raison de nos tâches, peut être en même temps, « spirituelle ».

    2 – Quant à savoir en quoi consiste cette vie intérieure et cette attention à la qualité de notre cœur et de nos pensées, là aussi François de Sales est précieux : pour lui, l’âme doit être habitée par un bel amour plein de douceur et de paix : il a écrit sur ce sujet, un célèbre Traité de l’amour de Dieu, pour nous convaincre que la paix de l’âme peut vaincre nos troubles les plus douloureux. « Dieu est Dieu du cœur humain ». Une religion « cordiale » en somme, et pas seulement militante et active, même si elle doit l’être évidemment puisque nous serons jugés sur nos actes de charité effective.

    Il demande qu’on bannisse l’inquiétude, qui pour lui « est le plus grand mal qui arrive en l’âme, excepté le péché » ! Ce qui est plus facile à dire qu’à faire ! Il recommande : « Examinez plus d’une fois le jour, mais au moins le soir et le matin si vous avez votre âme en vos mains, ou si quelque passion et inquiétude ne vous l’a point ravie »

    D’autres que François de Sales ont été habités par la douceur et le paix, au cœur de vies difficiles et occupées. On pense au pape saint Jean XXIII. Il avait pris cette devise que l’on trouve chez un auteur latin : « Fais ce que tu fais ». Ne t’encombre pas d’autres choses que tu préfèrerais faire, d’autres désirs, Mais « Fais ce que tu fais », simplement, dans la paix. Il disait aussi : « C’est un péché de trop travailler » !

    Jésus le premier de tous a vécu et enseigné cette voie de la paix. Il a dû souvent apaiser ses apôtres et disciples. Il le peut encore aujourd’hui.

    Nous connaissons l’épisode de la tempête qui affole les passagers du bateau : « Pourquoi êtes-vous craintifs, hommes de peu de foi ? » Saint-Hilaire commente : « Cela veut dire que la crainte des agitations du monde ne doit pas exister chez ceux avec qui veille la foi du Christ »

    3 – Un autre mot que celui de paix se trouve dans le texte de ce jour : le repos. Considérons que pour nous, chrétiens, notre repos, c’est Jésus lui-même. « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos… je suis doux et humble de cœur et vous trouverez le repos pour votre âme » (Evangile de ce jour).

    Il nous est arrivé à tous, dans notre vie, de constater ce repos de notre âme, venant de la présence et de la pensée de Jésus. Cela a pu être ressenti dans des liturgies, des fêtes religieuses… Nous avons expérimenté combien la messe nous repose : c’est son but. Sachant que ce repos c’est Jésus lui-même. Sa présence nous apaise et nous comble.

    Ce sentiment de repos a été fort bien décrit par saint John-Henry Newman, qui a subi une véritable persécution intellectuelle en raison de ses idées. A la fin du récit de la première partie de sa vie qui l’a conduit à entrer dans l’Eglise catholique, après mille tourments et oppositions, il écrit ceci :
    « Depuis le moment où je suis devenu catholique, je n’ai évidemment plus de récit à faire sur l’histoire de mes idées religieuses. Je ne veux pas dire par là que mon esprit soit resté oisif, ni que j’aie abandonné l’étude des sujets théologiques, mais je n’ai pas eu à constater que mes convictions aient varié, et mon cœur n’a été troublé par aucune sorte d’inquiétude. J’ai été dans un état de paix et de satisfaction parfaites, je n’ai jamais eu un seul doute. Lors de ma conversion, je n’ai pas eu conscience qu’un changement intellectuel ou moral s’opérât dans mon esprit. Je ne me sentais ni une foi plus ferme dans les vérités fondamentales de la Révélation, ni plus d’empire sur moi-même ; je n’avais pas plus de ferveur, mais il me semblait rentrer au port après avoir traversé une tempête, et la joie que j’en ai ressentie dure encore aujourd’hui sans quelle ait été interrompue » (413)
    Le repos, c’est cela !

    De même, lorsqu’il est devenu Cardinal, après une aussi longue vie d’épreuves dans l’exercice de son ministère, il dit : « L’Eglise n’a rien de plus à faire que de continuer à exercer son activité propre, dans la confiance et la paix, à rester calme et à contempler le salut de Dieu. »

    Le repos, c’est cela ! Je vous le souhaite de tout mon cœur.

    Père Jacques Bréchoire
    curé de la Paroisse St-Junien-en-Mellois


    Message 33

    Homélie du 13ème dimanche du temps ordinaire (dimanche 28 juin)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    Le sujet des lectures de ce jour est assez précis : il s’agit de l’accueil que l’on fait à ceux qui sont adonnés à l’annonce de la Parole.

    1 – La première lecture donne en exemple une femme qui accueille un prophète chez elle, lui assurant les devoirs de l’hospitalité. Ce prophète, Elisée, a beaucoup de chances : on lui aménage une petite chambre sur la terrasse, on y met un lit, une table, un siège et une lampe ! Génie des récits bibliques qui savent raconter des histoires, avec bien sûr les détails concrets, ce qui en fait le charme !

    La femme qui l’accueille s’en sort bien elle aussi, puisque le Prophète lui annonce qu’elle aura un fils dans ses bras au temps fixé, rien de moins ! Pour un simple geste d’hospitalité, quelle récompense !

    2 – Quant à la lecture de l’Evangile de ce jour, il s’agit de l’accueil réservé aux prophètes des temps nouveaux : les Apôtres. Eux aussi sont des prophètes, voués à l’annonce de la Bonne Nouvelle du Royaume, l’Evangile de Jésus. Sans eux et leur annonce, nous ne serions pas chrétiens aujourd’hui.

    Mais allons plus loin : sans les personnes qui les ont accueillis, nous ne serions pas chrétiens. Il est beau de voir que cette réalité sublime qu’est l’Evangile, a dépendu de l’accueil de simples fidèles ! Dieu dépend du plus petit acte de foi humaine. L’Evangile ne s’est pas imposé par la puissance des hommes ou celle de Dieu, mais par l’accueil de personnes généreuses.

    3 – En est-il autrement aujourd’hui ? Bien sûr que oui ! Le prédicateur de l’Evangile (prêtre, religieux ou laïc, qu’importe) dépend de ses auditeurs. Un professeur a beau être le maître le plus génial du monde, n’empêche qu’il dépend de l’accueil que ses élèves lui offrent.

    Les prêtres, encore aujourd’hui, sont itinérants, et encore aujourd’hui ils dépendant de qui les reçoit. Que le prêtre ait la possibilité de passer une journée de visite pastorale en un lieu, y rencontrant les gens, y célébrant la messe, y visitant les malades…, cela dépend de votre accueil, et sans vous, rien ne se passe, sinon que vous faites vos petites affaires tout seuls dans votre petit coin ! Notre évêque se déplace : il est venu en visite pastorale il y a quelques années et il fut bien accueilli à tous les coins de la paroisse ; le pape fait des voyages internationaux pour visiter les fidèles chrétiens des divers lieux et on soigne son accueil, évidemment ; des laïcs partent en coopération missionnaire et ils sont à la merci des gens ; de jeunes prêtres africains ont quitté leur pays pour se mettre au service de notre diocèse (ils sont plus de 20 !) Sont-ils si bien accueillis que cela ?

    4 – Ces textes nous parlent de récompense ! Ceux qui accueillent reçoivent une récompense d’ « accueillants » ! « Qui vous accueille m’accueille, dit Jésus, et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en qualité de prophète, recevra une récompense de prophète… » (Mt 10,40). On peut se demander ce que peut bien être la récompense de prophète ! Jésus ne le dit pas !

    Et si la récompense de prophète n’était pas semblable à celle de la femme qui accueillit Elisée ? Ce fut pour elle la fécondité de son sein ? Pour nous, la fécondité de l’Evangile que le prophète nous annonce quand nous le recevons chez nous, la fécondité de la visite de Dieu : « qui vous accueille, m’accueille (moi, Jésus), et qui m’accueille accueille Celui qui m’a envoyé (Dieu) »

    Quant à la récompense du prédicateur que l’on accueille, elle est considérable : l’hospitalité est une grande source de joie, la joie de voir que la Parole de l’Evangile a été bien reçue et a transformé des vies. Les retours de mission, dans les Actes des apôtres sont occasions de réjouissances et d’actions de grâce.

    5 – Enfin pourquoi ne pas recueillir la leçon de l’accueil de pauvreté de cette femme : et si les prophètes et prédicateurs d’aujourd’hui n’avaient besoin que d’une petite chambre, un lit, une table, un siège et une lampe ! Jésus dans un autre passage a demandé à ses apôtres itinérants de se contenter de peu : ni sac pour la route, ni deux tuniques, ni sandales ni bâton… (Mt 10,9). Ceci dit le missionnaire d’aujourd’hui aura besoin de l’ordinateur, de l’imprimante, du smartphone et toutes ces joyeusetés contemporaines, et pour cela, il faudra que la table ne soit pas trop petite !

    Un accueil peut être simple, car c’est le cœur qui accueille.

    Père Jacques Bréchoire
    curé de la Paroisse St-Junien-en-Mellois


    Message 32

    Fête du Sacré-Cœur de Jésus (vendredi 19 juin)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    1 – Une fête en l’honneur du cœur de Jésus peut surprendre ! On fête bien plutôt sa naissance, son baptême, son entrée à Jérusalem, sa mort, sa résurrection et son ascension : c’est-à-dire des événements dont le Christ a été le héros.

    Mais là : une fête d’un organe de son corps : le cœur, dont on dit bien sûr qu’il est sacré, qu’il n’est pas n’importe quel cœur humain.

    La raison en est l’importance de cet organe du cœur, qui fait qu’il est devenu le symbole de la personne entière et de ses sentiments profonds.

    Le cœur est vie, lui qui envoie le sang irriguer l’ensemble du corps. Pour cette raison, il est plus précieux que tout. Ceux qui ont des problèmes cardiaques le savent ! « La vie s’exprime elle-même dans les rythmes du cœur qui bat… et le double mouvement du cœur qui se dilate et se contracte, s’ouvre et se ferme, va et vient, se propage peu à peu dans le corps tout entier et devient la loi de sa vie » (Urs von Balthasar). Cœur et vie, cœur et source, cœur et naissance, ne font qu’un.

    Et parce qu’il est plus précieux que tout, « le cœur est sans défense… c’est pourquoi tout ennemi vise au cœur. C’est là que demeure la vie, c’est là qu’on peut la toucher. La source de la vie est sans défense… Voilà Dieu dans le frêle abri d’un coeur : comme il est facile maintenant à atteindre ! Comme il est vite blessé ! Quelle nudité Dieu ne s’est-il pas donnée, quelle folie n’a-t-il pas commise ? »

    Le coeur est devenu le siège et le symbole de l’amour sans lequel il n’est pas de vie intéressante, ni même de vie tout court. Le symbole de l’amour vulnérable, sans défense, qu’on peut fort blesser, et qui se « laisse souffrir » pour les autres.

    2 – Mais toutefois, cette fête du Sacré Cœur est aussi, comme toutes les autres fêtes chrétiennes, la fête d’un événement : le percement du cœur de Jésus en croix, après avoir rendu l’esprit. On nous dit qu’un soldat transperça son côté et qu’il en jaillit du sang et de l’eau. A partir de cet acte de la « transfixion », la piété des chrétiens s’attacha à l’organe de chair. Mais ce qui importe, c’est l’acte, l’événement. Avec eux, nous sommes dans l’Evangile et non pas dans la sensiblerie - même si les images et les représentations du Sacré Cœur ne sont pas particulièrement belles, plutôt mièvres. On pense aussi à la gigantesque statue du Sacré-Cœur qui domine Rio de Janeiro, où le Christ, le cœur figuré sur sa poitrine, étend les bras pour protéger la ville, pour l’aimer en somme !

    Ce qui importe, c’est la grandeur de l’événement de ce coup de lance au côté de Jésus, d’où jaillissent le sang et l’eau (on y a vu les symboles du baptême (l’eau) et de l’eucharistie (le sang) : ces sacrements si précieux pour notre vie, qui jaillissent d’un cœur blessé et aimant, sans défense.

    « Considère attentivement toi qui as été racheté, quel est celui qui, pour toi, est suspendu à la Croix, quelle est sa grandeur, quelle est sa sainteté, lui dont la mort rend la vie à ceux qui sont morts, lui dont le trépas met en deuil le ciel et la terre, et fait se briser les pierres les plus dures » (St Bonaventure)

    3 – Cette attention au cœur de Jésus et à tout ce qu’il représente peut être soutenue par une belle prière recommandée par Ignace de Loyola dans ses Exercices Spirituels (qu’on peut apprendre par cœur !)

    Ame du Christ, sanctifie-moi,
    Corps du Christ, sauve-moi,
    Sang du Christ, enivre-moi,
    Eau du côté du Christ, lave-moi,
    Passion du Christ, fortifie-moi

    O bonJésus, exauce-moi, dans tes blessures cache-moi,
    Ne permets pas que je sois séparé de toi ;
    De l’ennemi, défends-moi,
    A ma mort, appelle-moi,
    Ordonne –moi de venir à toi,
    Pour qu’avec les saints je te loue
    Dans les siècles des siècles

    Une prière du Cl John-Henry Newman est fort belle aussi :

    « Mon Dieu, mon Sauveur, j’adore ton Sacré-Cœur, car ce cœur est le siège et la source de toutes les plus tendres affections pour nous autres pécheurs. Il est l’organe et l’instrument de ton amour, il a battu pour nous. Il a soupiré pour nous. Il a souffert pour nous et pour notre salut. Il brûla d’amour pour nous afin que la gloire de Dieu fût manifestée e n nous et par nous. Il est le canal à travers lequel nous sont parvenues toute ta surabondante affection humaine et toute ta divine charité… O très sacré symbole et sacrement de l’amour, à la fois divin et entièrement humain, tu m’as sauvé d’abord par ta force divine et ton affection humaine, et puis enfin par le sang miraculeux qui s’écoula généreusement de toi ».

    Le P. de Foucauld qui va être canonisé bientôt, exprime son amour du cœur de Jésus qu’il avait en rouge avec la croix sur son vêtement :

    « La religion catholique nous éclaire… en faisant briller à nos yeux la plus douce, la plus lumineuse, la plus chaude, la plus bienfaisante de toutes les vérités : la « vérité » du cœur de Jésus… nous ne sommes pas oubliés, seuls, sur la voie de la croix, sur la voie qui suit Jésus. Avant que nous fussions, un cœur nous a aimés d’un amour éternel et tout le cours de notre vie, ce cœur nous embrase du plus chaud des amours ».

    4 – En ces temps où la religion paraît à beaucoup froide, raide, autoritaire, moralisatrice, insignifiante…, la considération du cœur de Jésus lui donnera sa dimension affective, chaleureuse, amicale, « cordiale ». Sinon elle n’aura pas ce caractère attractif, séduisant qu’on remarque dans l’Evangile : Jésus a séduit beaucoup de monde. Et ça doit continuer !

    Père Jacques Bréchoire
    curé de la Paroisse St-Junien-en-Mellois


    Message 31

    Homélie de la Fête du Corps et du sang du Christ
    (dimanche 14 juin)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    1 – En ce jour, nous ne sommes toujours pas dans le vert ! Ce sera pour dimanche prochain avec la reprise de ce que nous appelons « le temps ordinaire ».

    Même si le Temps pascal a pris fin à la Pentecôte, la liturgie de l’Eglise a tenu à le poursuivre en quelque sorte, en célébrant trois fêtes « à thèmes » : Dimanche dernier, la fête de la Trinité ; aujourd’hui la fête du Corps et du Sang du Seigneur ; et vendredi prochain, la fête du Sacré Cœur.

    Ces fêtes « spéciales » nous permettent chaque année de vérifier la qualité de notre foi. Le mystère de la Trinité est-il toujours connu, cru, vécu ? L’eucharistie est-elle toujours le centre et le sommet de notre vie ? Le Coeur de Jésus reste-t-il celui qui anime notre propre cœur et notre vie spirituelle ?

    Toutes trois résument notre expérience religieuse qui est faite de ces trois domaines : l’intelligence de notre foi (dogme, Parole de Dieu, credo) ; la pratique des sacrements (spécialement e baptême et l’eucharistie) ; la vie spirituelle ou intérieure (prière…). Il manque la quatrième dimension : la vie morale et notre action dans le monde (solidarité, engagements) : mais là, il n’y a pas de fête spéciale pour la soutenir, car ce sont toutes les fêtes chrétiennes qui le font.

    2 – La fête de ce jour avait jadis d’autres noms, que certains parmi nous avons connus : la Fête du Saint-Sacrement, ou la Fête-Dieu. Elle donnait lieu à une procession populaire hors de l’église, dans les rues du village ou de la cité.

    Ces temps sont pour l’heure révolus, ceux où il y avait une expression publique de notre foi, dans l’espace commun. Si cette sortie de l’église pour « montrer » le corps du Seigneur (avec l’hostie dans l’ostensoir), ne se fait plus, ou rarement (la procession du Saint-Sacrement à Lourdes tous les après-midi en est une survivance, mais pas vraiment dans l’espace public car elle se déroule sur l’esplanade, à l’intérieur de l’espace des sanctuaires), gardons-en néanmoins le sens, car il est très fort.

    Le sens, c’est que l’eucharistie sort des églises, et que les fidèles processionnent au milieu des maisons et des places. Il s’agit de faire se rencontrer le beau mystère du corps et du sang de Jésus, et la cité, le peuple.

    Idée donc, que l’eucharistie fait « exploser » nos assemblées où elle se célèbre habituellement, pour devenir une eucharistie « en sortie » (expression familière à notre pas François).

    Et donc idée que nous-mêmes qui processionnons, sommes « en sortie », refusant de cultiver l’entre-soi « catho ».

    3 – Cette fête nous incite à :

    - Garder la mémoire vive du Christ. Sans ce rite, la mémoire du Christ se serait-elle maintenue au milieu des vicissitudes des temps ? Supposons un instant l’Eglise durablement privée d’eucharistie : qu’en serait-il de la mémoire du Christ ? Et avec les seules Écritures, cela suffirait-il à « transmettre » le Christ ? On transmettrait son message, mais pas vraiment et réellement sa personne. On transmettrait un maître de sagesse, mais pas le Fils de Dieu fait homme et homme crucifié, homme ressuscité, homme glorifié. « Mémoire de Toi, Seigneur, pour ta grandeur et tes bienfaits offerts aux humains tes créatures, offerts à moi ».

    - Éveiller notre gratitude envers le « miracle » de ce sacrement qui nous permet de communier au Corps du Seigneur, ce « sacrement qui nous fait participer à sa chair » (st-Hilaire). « Gratitude envers Toi, Seigneur, pour nous partager ta vie divine, tes idées, tes sentiments, tes vues sur le monde…et jusqu’à ton amitié, Toi pourtant le Seigneur de gloire ».

    4 – Cette fête nous invite à réviser nos pratiques eucharistiques, car notre mémoire du Christ et l’hommage de gratitude que nous lui rendons, en dépendent.

    La pratique eucharistique c’est évidemment être « des pratiquants » ! Y aller ! Le rythme hebdomadaire est exigeant, mais combien reposant aussi ! « Seigneur maintiens ma fidélité, ou réveille-la »

    Les soins portés à la célébration eucharistique et de façon spéciale aux rites de la communion :

    - S’avancer en procession dignement « en sachant ce que nous faisons » :
    « Seigneur je viens vers Toi, c’est Toi que je désire ».

    - Affirmer ouvertement notre foi en ce sacrement, par le dialogue : « Le Corps du Christ » - « Amen ». Cet Amen doit être entendu, franc, délibéré, plutôt que marmonné ou simplement tu. Soigner la réception du corps dans nos mains (ou dans la bouche pour ceux qui le veulent) : faire de notre main bien étendue, un trône pour le roi, avant de le consommer. « Seigneur c’est bien Toi et je te reçois avec toutes mes capacités de respect et d’amour ».

    - Soigner le silence de la postcommunion : peut-être le moment le plus important de la célébration, puisque l’action a « aboutit » : la célébration était faite pour la communion. « Seigneur tu es là ! »

    - Penser aux malades et aux personnes absentes que nous « représentons » physiquement et que nous associons à notre rite (custodes pour la communion aux malades). Penser à tous les hommes : « Notre fonction est de prier pour les gens, nous ne faisons pas de la figuration. L’Eglise se met au service du public, notamment par la prière et la solidarité » (Moi ! dans l’article de la NR 12 juin, p. 13) « Quand tes fidèles communient à ce sacrement, tu les sanctifies pour que tous les hommes, habitant le même univers, soient éclairés par la même foi et réunis par la même charité » (Préface de ce jour). « Seigneur, partage leur ta vie, veille sur eux ».

    Père Jacques Bréchoire
    curé de la Paroisse St-Junien-en-mellois


    Message 30

    Homélie de la Trinité dimanche 7 juin

    (Lire les textes de la messe du jour)

    1 – La première lecture a été choisie pour illustrer la fête de la Trinité : on y trouve la révélation du nom de Dieu « Le Seigneur » et plus précisément « Le Seigneur, le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité ».

    Devant lui, Moïse « s’inclina jusqu’à terre et se prosterna » : le geste religieux « extrême », celui où l’homme abandonne pour un temps son être, sa personne, sa liberté, le « geste religieux » qui est réservé à la seule relation à Dieu. Moïse ne se trompe pas : c’est Dieu qui se révèle à lui, et il lui donne des marques propres à un Dieu.

    La religion est éminemment un acte spirituel : le plus bel acte que l’esprit d’un homme puisse accomplir : faire hommage de sa foi à Dieu reconnu comme Dieu. « Faire de tout soi-même une chose référée à Dieu » (Congar).

    Mais cet acte spirituel passe par l’hommage du corps. St Paul insiste beaucoup sur l’offrande du corps. C’est là que se joue la vérité de notre acte religieux. En effet suis-je sérieux en matière de religion ? En rester aux idées n’implique pas la personne : cela peut donner une religion cérébrale ou autocentrée, qui n’engage guère, sans enjeux puissants.

    Un grand théologien contemporain, le P. Yves Congar, dit qu’avec le corps, « c’est là qu’on commence à devenir esclave ou libre ». « L’expérience montre combien l’attitude qu’on prend à l’égard de son propre corps et du corps des autres est d’une importance décisive pour nos rapports à Dieu. C’est là qu’on commence à devenir esclave ou libre »

    Telle fut donc la manière dont Dieu révéla son nom – son être – à Moïse sur la montagne, et la façon dont il le reconnut comme Dieu, avec tout son corps, en se prosternant. Un Dieu qui est Seigneur, qui est Unique (monothéisme) et qui prend en charge la destinée de ses créatures. Tout cela vaut pour aujourd’hui.

    2 – Néanmoins dans cette lecture, il n’est pas question de Trinité ! Pourquoi l’avoir choisi ? Nous le faisons à juste titre, car le Dieu des chrétiens, « Père, Fils et Saint-Esprit », qui est le Dieu de Jésus, est ce même Dieu, le Dieu unique, le Dieu grand, le Seigneur, le Dieu de Moïse. Pourtant l’expérience religieuse de Jésus est infiniment plus riche que celle de Moïse.

    Ce fut le cas d’un autre personnage, moins illustre que Moïse évidemment, mais si important pour notre Eglise : notre grand st-Hilaire, promu évêque de Poitiers en 349-350. Il raconte dans un de ses écrits – le De Trinitate – son parcours religieux. Il a évidemment découvert que Dieu était le Dieu de Moïse, et cette expérience fut décisive pour lui.

    « Je ruminais dans ces pensées et bien d’autres du même genre, lorsque je tombai sur les livres que la foi des Hébreux tient pour avoir été écrits par Moïse et les prophètes (notre Bible : Ancien Testament) ». Il découvre avec émerveillement que Dieu est le Seigneur, l’Unique, « Celui qui est ». « Cette parole « Celui qui est » me semblait suffire à exprimer l’infinité de Dieu ; mais il me restait à comprendre ce qui faisait sa grandeur et sa puissance… L’immensité du ciel tient donc dans la main de Dieu et la terre entière est enserrée ans son poing !... Lui-même est tout et il contient tour, à la fois au-dedans et au-dehors de lui : bien qu’infini, il est présent en toutes choses, et toutes choses sont incluses en son infini…Oui, le Créateur des créatures les plus grandioses se laisse entrevoir en des œuvres si magnifiques, et l’Auteur des créatures les plus belles se laisse apercevoir en des ouvrages si merveilleux ! Et comme l’œuvre dépasse l’entendement, l’artiste, lui aussi, surpasse forcément la pensée »

    3 - Hilaire est ébloui par ce Dieu, le Dieu de Moïse. Néanmoins il ne le satisfait pas : « Toutefois mon âme restait obsédée d’une certaine crainte pour elle-même et aussi pour son corps. » Il poursuit sa quête ! C’est alors qu’il découvre le Dieu de Jésus, celui des Evangiles :

    « C’est alors qu’elle (son âme) après s’être instruite de la loi (de Moïse) et des prophètes, prit connaissance des enseignements de l’Evangile et de l’Apôtre (Paul) ». II tombe sur cette phrase célèbre du début de l’Evangile de Jean : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était près de Dieu et le Verbe était Dieu… le Verbe était la vraie lumière qui illumine tout homme venant en ce monde…Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous… » (Jn 1, 1-14).

    Et voici ce qui se passa dans l’esprit d’Hilaire : « Ici mon esprit dépassait les limites de ses capacités naturelles, il apprit sur Dieu plus qu’il ne pouvait l’imaginer… ». A savoir qu’il avait un Fils, le Verbe et qu’il a pris chair dans la personne de Jésus. « Et voilà que mon âme inquiète et anxieuse trouva une espérance qui dépasse toute attente. Elle s’est d’bord imprégnée de la connaissance de Dieu le Père. Une intuition naturelle lui avait fait pressentir l’éternité, l’infiinité, la beauté de son Créateur ; et maintenant elle le sait : ces qualités sont aussi l’apanage du Fils de Dieu ».

    Voilà : la Trinité est là : le Dieu unique, le grand, le Seigneur, est aussi le Père, mais aussi le Fils, mais aussi le Saint-Esprit. Appelant une vénération unique.

    Et il conclut : « Ainsi dans cette paix qui lui venait de se savoir en sécurité, mon âme se reposait donc avec joie dans ses espérances : je craignais si peu l’intervention de la mort que je la considérais comme le chemin vers la vie éternelle »
    Il termine par une prière : « Accorde-moi de t’adorer, toi notre Père, et ton Fils qui avec toi est un seul Dieu ; fais que j’obtienne ton Esprit Saint qui procède de toi, par ton Fils Unique. »

    Voilà chers amis ce que peut être l’expérience de Dieu dans une vie d’homme, dans la vie d’Hilaire, dans la nôtre.

    4 – L’apôtre Paul saluait trinitairement ses lecteurs ! « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu (le Père) et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous » ; salutation que nous avons dans la deuxième lecture, et qui est reprise au début de nos célébrations par le célébrant, pour introduire l’assemblée à l’expérience de Dieu, vécue à chaque messe.

    Que descende sur ton peuple, Seigneur la grâce de la Trinité, celle du Père, du Fils et du st-Esprit. Rends-nous participants de ta vie, fais-nous participer à ta justice, à ton amour, à ta vérité, à ta bonté, à ta compassion, à ta miséricorde, pour que nous les répandions sur le monde, telle une nuée sprituelle (l’Esprit Saint) « Remarquez comment tous les biens et tous les dons descendent d’en haut…comme du soleil descendent les rayons, de la source, les eaux… » (St Ignace). Tout notre être et tout notre agir dépend de tes dons. C’est pourquoi en ce jour, nous te vénérons, avec notre tout notre esprit et tout notre corps.

    Père Jacques Bréchoire
    curé de la Paroisse St-Junien-en-mellois


     Message 29

    Homélie de la Fête de Pentecôte (31 mai 2020)

    (Lire les textes de la messe du jour)
     
     
     Chers amis,

     1 – C’est une Pentecôte bien singulière que nous célébrons.

     La première singularité : C’est une fête qui enfin nous réunit, après une telle abstinence ! Une fête enfin, d’assemblée. Les chrétiens ne peuvent pas ne pas se réunir pour louer Dieu et intercéder pour le monde. C’est pourquoi ce temps de confinement nous a tant désemparés.

     Autre singularité : Une fête de Pentecôte sans Pâques, sans l’Ascension du Seigneur, sans les six dimanches de Pâques. Une incohérence incroyable quand on sait que le Pentecôte est le couronnement du temps pascal ! Nous avons été privés de temps pascal ! Ces cinquante jours plus importants que les quarante jours de pénitence du Carême, cette semaine de semaines marquée par l’allégresse de la foi, la dignité humaine recouvrée.

     Du reste le signe que nous avons été privés de temps pascal, c’est notre cierge pascal tout neuf qui n’a jamais servi ! Il est allumé pour la première fois, quasiment (sauf sépultures). Je proposerai que ce cierge qui préside nos célébrations pascales et qui normalement est reconduit au baptistère en ce jour de Pentecôte, continue d’être allumé les dimanches suivants. Nous ne pouvons pas vivre sans cierge pascal : cette haute colonne de cire qui symbolise le Christ, sa lumière qui éclaire le monde, son feu qui le réchauffe.

     Une singularité encore ! Une fête qui nous arrive au début d’un déconfinement et qui nous aidera à repartir. Notre Pentecôte n’a jamais autant ressemblé à la Première, celle des apôtres, qui ont connu un incroyable confinement, tandis qu’ils se tenaient dans la chambre haute, les portes verrouillées, dans l’attente de quelque chose, sans qu’ils sachent bien quoi. Et ce fut la descente de Dieu en forme de flammes de feu. Et alors ils sortent pour ne plus jamais se renfermer jusqu’à la fin des temps. Notre fête est fête de déconfinement ! Quelle joie ! La comparaison avec la Pentecôte des apôtres est saisissante. (voir texte ci-dessous)

     2 – C’est pourquoi, pour nous en ce jour, comme pour les apôtres, Pentecôte est une fête de sortie. En ce jour, l’Eglise repart, les chrétiens s’engagent dans une vie ouverte à nouveau, sans qu’ils sachent trop bien – comme personne d’ailleurs – ce qu’il adviendra. En tout cas, que reparte la joie de croire et l’intercession pour le monde.
     
    Le monde entier dans son envergure maximale, le monde des nations, le monde politique, économique, culturel, les nombreux pauvres… Que de bouleversements et certainement de souffrances connaîtront notre monde ! C’est difficile à imaginer.

    Mais aussi le monde particulier : les hommes et les femmes de nos villages et de nos villes ; la vie de nos communautés, la vie de notre paroisse, les enfants sans catéchisme, sans première communion, sans profession de foi, les amants sans cérémonie de mariage, les catéchumènes sans baptême. Faisons repartir tout ce qui peut l’être et préparons un avenir certainement différent de notre présent. L’Eglise locale comme l’Eglise universelle devra être plus fervente, plus éclairée, plus courageuse.

    Rien ne sera comme avant ! « En médecine, on dit que la guérison ne correspond jamais à un retour à l’état initial. L’expérience du désordre, du déséquilibre, de la non-fiabilité, même lorsque la maladie a disparu, transforme le corps et l’esprit comme leur intégration. Ce n’est pas trop s’avance que de postuler qu’il en va de même pour une telle crise… » (Bruno Cadore).

     3 – Justement, diverses voix autorisées reprochent à notre Eglise de manquer de courage dans cette période que nous vivons. Peu de voix religieuses se sont fait entendre, celles des évêques, absentes. En effet, dans les périodes d’intense souffrance, les guerres, les épidémies, l’Eglise était autrefois aux avant postes : elle invoquait Dieu pour le monde souffrant, elle faisait savoir qu’elle priait pour le monde. Cà se voyait. Mais maintenant ça ne se voit plus guère et notre pays s’installe encore plus profondément dans une vie sans Dieu. Seul notre pape semble être présent aux événements dans la posture d’intercesseur : il prie pour le monde, et on le sait.

    Quel dommage que notre monde ne sache pas que l’Esprit de Dieu l’habite, le console, le fortifie, le soigne, lui offre la vie éternelle – alors qu’il n’est question que de morts que l’on se contente de dénombrer. Les gens meurent sans espérance. Quel dommage qu’ils ignorent l’Esprit de vie.

    A nous de relever le défi : offrons au monde l’Esprit qui vient muni de tous ces multiples dons.

    Esprit Saint secours notre humanité. Esprit Saint, au-delà de la santé, donne-nous le salut. Esprit Saint, suscite nos prières pour le monde. Esprit saint réveille notre somnolence.

     ***********************
    « Les disciples de Jésus – les tout premiers chrétiens en quelque sorte – ont eux aussi connu une période de confinement au lendemain de la crucifixion de Celui en qui ils avaient mis toute leur confiance. Ils ont été tentés de revenir à leur « vie d’avant », sachant sans doute qu’ils seraient plus inquiets, plus tristes, plus désespérés mais qu’ils retrouveraient leurs sécurités d’antan.

    Le mystère de Pâques, la rencontre du Christ ressuscité, les a poussé à rompre le confinement où ils se tenaient sidérés et tremblants, mais à en sortir différents qu’ils n’y étaient entrés, habités par de nouveaux horizons d’espérance, mus par la conviction que la destinée de l’humanité devait se lire comme une promesse dont la vie concrète pouvait être le signe : promesse de la fraternité.

    Et ils sont alors partis à la rencontre des nations pour proclamer l’irruption d’une vie nouvelle, portée par un élan jusqu’alors inouï mais initié par le Christ : prendre le risque de sa vie pour que tous l’aient, ensemble, en abondance. C’est en pressentant la profondeur de ce mystère de la kénose du Christ que les disciples ont pu sortir différents, pour proclamer l’avènement d’une vie nouvelle ! Ils ont ainsi inversé le phénomène de la dispersion dont la tour de Babel avait marqué l’événement. Ce fut Pentecôte » (Bruno Cadoré, « A l’heure du Covid-19. Sur le moment et sur l’après » (vous pouvez retrouver le texte sur internet).
     

    Père Jacques Bréchoire.
    Curé Paroisse Saint Junien en Mell


    Message 28

    Fête de la Pentecôte 31 mai 2020

    Chers amis,

    Nous avons la grande joie de reprendre nos célébrations pour la fête de la Pentecôte, dimanche prochain 31 mai. Ce sera pour nous un événement ! Considérons-le comme un don de l’Esprit, un très beau don !

    Vous vous doutez que nous devrons observer quelques règles sanitaires, qui nous sont déjà familières : le masque, le gel et la distance ! Il faudra nous déguiser un peu !

    Nous devons choisir des églises vastes. L’aménagement des bancs ou chaises sera assuré pour respecter la distance. D’autres consignes seront données au début et au cours de la cérémonie (pour la communion par exemple, dans la main uniquement ; absence de gestes de paix…) Tout cela vous sera dit. Des personnes désignées vous guideront, de l’entrée à la sortie de la célébration. Pas d’inquiétude à avoir !

    Nous proposons plusieurs messes, pour repartir le nombre des participants.
    Voilà ce que cela donne :


    - samedi 30 mai (messe anticipée)
    18 h 30 messe à l’église de Paizay-le-Tort
    - dimanche 31 mai
    9 h 30 messe à l’église de Chef-Boutonne
    10 h 30 messe à l’église de Clussais-la-Pommeraie
    10 h 30 messe à l’abbatiale de Celles-sur-Belle
    11 h messe à l’église St-Hilaire à Melle

    Ces horaires concernent uniquement la fête de la Pentecôte de dimanche prochain 31 mai. Pour les dimanches suivants ce sera un peu différent : nous vous informerons.
    Faites attention aux messages que nous vous enverrons. Merci aux délégués pastoraux et à tous ceux qui le reçoivent de bien veiller à ce que ceux qui n’on pas internet soient informés.

    Important : n’hésitez pas à changer d’église s’il le faut, car certaines églises ont une plus grande capacité d’accueil comme Celles. Pour information, l’église Saint-Hilaire de Melle peut accueillir 104 personnes.

    En tout cas, ne craignez pas de venir (avec votre masque !), ce ne sera pas si difficile que cela !Nous espérons bien nous retrouver tous, pour une reprise tant désirée de la prière d’assemblée.

    Jacques Bréchoire
    Curé de la Paroisse St Junien en Mellois

    N.B.
    Pour Melle, la messe anticipée du samedi à l’oratoire, est supprimée définitivement.


    Message 27

    Homélie du 7ème dimanche de Pâques (24 mai 2020)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    Chers amis,

    1 – ce dimanche entre l’Ascension du Seigneur et la Pentecôte de l’Esprit, est voué à l’intense prière au Père. Nous faisons ce que firent les apôtres accompagnés de disciples : « Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus et avec ses frères » (Première lecture). Ils attendaient, en priant, la descente de l’Esprit sur eux tous.

    De même l’Evangile nous fait communier, en ce jour, à la prière même de Jésus : cette longue, solennelle et en même temps intime et cordiale prière d’adieux aux siens, la veille de sa mort : il prie pour eux : « En ce jour-là, Jésus leva les yeux au ciel et dit : Père l’heure est venue… Moi je prie pour eux… » (Evangile).

    Sans parler de la prière de louange du Psaume 26, si beau : « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je crainte… » (Psaume).

    2 – Ces trois prières sont des prières d’attente. Et nos attentes à nous quelles sont-elles ? Je vous invite à faire comme moi !!! Prendre un peu de temps pour examiner ce que j’attends, et le confier à l’’Esprit, pendant cette semaine qui précède la Pentecôte.

    il n’y a que des réponses personnelles à cette question de l’attente, et les généralités ne servent à rien. Par contre, il peut y avoir des besoins qui nous soient communs, et pour lesquels nous devons désirer leur réalisation.

    En voici un : la jeunesse. Il est évident que beaucoup de choses « vieillissent » notre foi. Demander que chacun des chrétiens et que notre Eglise entière, reçoivent « un coup de jeunesse » de cette fête de la Pentecôte.

    3 – Le Cl John-Henry Newman dans un de ses sermons, a magnifiquement décrit ce que peut être une jeunesse de la foi. Ses auditeurs ont dû être remués d’une telle exhortation et ils se sont précipités vers un renouvellement de leur vie !!! Voici ce qu’il prêche :

    « Nous avons pour la plupart d’entre nous, de par notre nature, à un degré plus ou moins grand, des désirs et des aspirations envers quelque chose de plus grand que ce que peut nous offrir ce monde.
    La jeunesse, en particulier, aime tout naturellement ce qui est noble et héroïque. Nous aimons entendre des récits merveilleux qui nous emportent loin de la réalité et nous donnent accès à des choses qui n’existent pas… Nous rêvons avec délice que nous sommes aux prises avec des situations pleines de dangers et d’épreuves dont nous nous tirons à notre avantage. Ou nous imaginons quelque perfection inconnue de la terre : nous y adhérons et nous lui rendons l’hommage de notre cœur.

    C’est là plus ou moins l’état des jeunes personnes avant que le monde les altère, avant que le monde ne les assaille, comme il le fait souvent très vite, de son influence polluante, atrophiante, avilissante, mortifère, avant que de son souffle délétère il ne dessèche et arrache leur jeune verdure pour faire d’eux des arbres secs, des arbres dépouillés par l’hiver de toute sève et de toute grâce.

    Mais dans notre prime jeunesse nous sommes là debout comme des arbres avec leurs feuilles et leurs fleurs et la promesse de fruits ; nous sommes debout au bord des eaux immobiles, le cœur battant, le cœur rempli du désir d’un bien qui est nôtre et que nous ne connaissons pas…

    " Avant cette époque de leur vie, ils (les jeunes) éprouvent le désir de choses qui sont au-delà de ce monde… C’est lorsque leur cœur est dans une telle indécision que le Christ vient à eux, s’ils veulent bien l’accueillir, et leur promet de répondre à leur immense besoin, à cette faim et cette soif qui les taraudent. Il n’attend pas qu’ils aient appris à tourner en ridicule les sentiments élevés en n’y voyant que romantiques rêveries : c’est lui qui vient à leur rencontre. Il semble leur dire, selon les termes mêmes de l’Apôtre : « Ce que vous adorez sans le connaître, je viens moi, vous l’annoncer ». Vous recherchez ce que vous ne voyez pas, je vous le donne ; vous désirez être grands, c’est ce que je veux faire de vous…" (Sermons Paroissiaux -, p. 275-276).

    Notre attente, c’est d’être toujours jeunes ! Insensé ? mais pas tant que ça ! C’est notre prière et l’Esprit qui en décideront.

    Très bon dimanche.

    Et puisque l’annonce vient d’être faite par le gouvernement, nous nous retrouvons « pour de vrai » dimanche prochain pour fêter la Pentecôte. Vous ferez bien attention à mon message suivant qui indiquera les directives de l’archevêché au sujet de l’aménagement des églises et des précautions à prendre.

    Père Jacques Bréchoire.
    Curé Paroisse Saint Junien en Melllois


    Message 26

    Homélie de la fête de l’Ascension (21 mai 2020)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    Chers amis,

    Laissons descendre la douce influence de cette fête de l’Ascension du Seigneur sur notre monde. Les fêtes chrétiennes ont toutes ce but : rendre Dieu présent, agissant, compatissant, vivifiant, aux hommes ses créatures, aux lieux et temps précis où ils vivent.

    C’est bien ce que nous faisons par notre culte encore bien limité en ce jour de fête, et qui le restera, même repris. Ce qui importe, ce n’est pas que les églises soient réouvertes un dimanche avant la date prévue – cela nécessitait-il tant de démarches y compris juridiques ? Mais ce qui reste vrai, c’est que nous ne pouvons pas de ne pas faire descendre le mystère bienfaisant de Dieu sur notre monde : c’est une nécessité, un devoir pour nous et un honneur. Jadis, il y avait des prières publiques pour les épidémies, les guerres, les famines… C’est ce que nous avons le devoir de poursuivre.

    1 – Considérons la bienheureuse Ascension du Seigneur comme un don que Dieu fait à toute l’humanité, au jour où elle est célébrée dans presque tous les pays du monde.

    Quel don ? Celui de la promesse de l’ascension de toute l’humanité à la suite de son Chef :

    « Dieu qui élèves le Christ au-dessus de tout, ouvre-nous à la joie et à l’action de
    grâce, car l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire : nous sommes les
    membres de son corps, il nous a précédés dans la gloire auprès de toi, et c’est là
    que nous vivons en espérance » (Prière d’ouverture).
    « Il donne aux membres de son corps l’espérance de le rejoindre un jour »
    (Préface).

    Ce don nous renvoie évidemment aux temps où cette promesse a été donnée dans le passé : le temps privilégié où les apôtres furent témoins de la mort de leur Maître, de sa résurrection, et de ce compagnonnage mystérieux avec lui, à la suite de la résurrection jusqu’à son ascension, pendant quarante jours.

    Ce compagnonnage prenait fin en ce jour de l’Ascension du Seigneur : quel événement pour eux ! On aurait pu penser à un abattement de leur part, comme après la mort de Jésus. Tel ne fut pas le cas : ce temps qui se clôt, ils le revivent comme un immense souvenir – un peu comme on se souvient à jamais des derniers moments de personnes chéries qui nous ont quittées. Remonte alors à la surface avec vivacité, tout ce qui fut leur grandeur, leur perfection, dont nous avons bénéficié. Newman le dit à sa manière inimitable :

    « Quelle période pour les disciples ont dû être ces quarante jours ! […] c’est tout
    son enseignement passé qui a dû surgir à leur esprit… sa façon de vivre, son
    ministère, ses discours, ses paraboles, ses miracles, sa douceur, sa gravité, son
    incompréhensible majesté, le mystère de ses peines comme de ses joies ; l’agonie,
    la flagellation, la croix, la couronne d’épines, la lance, le tombeau ; leur désespoir,
    leur incrédulité, leur perplexité, leur stupéfaction, leur ravissement soudain, leur
    triomphe… Il ne fit pas de doute que toute son histoire, tous les rapports qu’il avait
    eux avec eux affluèrent à leur esprit et se rassemblèrent en un tout cohérent à ce
    moment-là » (J-H. Newman).

    Pourquoi ne pas poursuivre ce « précipité » de souvenirs, que les apôtres ont connu à l’heure de leur séparation d’avec Jésus. Le poursuivre pour notre propre compte en ce jour de vénération de l’Ascension de notre Seigneur : tout ce que j’ai connu du Christ jusqu’à ce jour, les grands moments de ma vie religieuse passée, tout ce que je dois au Christ. Une révision de vie qui ne soit pas culpabilisante – pour une fois ! – mais vivifiante, émue par tant de bienfaits, rejoignant ainsi la joie sensationnelle des apôtres en ce jour de séparation définitive.

    2 – Toutefois, le don de l’Ascension n’est pas qu’un ressouvenir d’un passé exceptionnel, mais il est une promesse. A nous de nous mobiliser pour répondre par la foi joyeuse à cette promesse : Tu promets, je crois ! Tel fut le cas de nos modèles : les apôtres ne comprirent pas que s’en était fait d’un passé qui s’achève, mais qu’un avenir bienheureux, victorieux était promis.

    « Ils se réjouissaient non pas de ce que leur Seigneur soit parti, mais de ce que
    leurs cœurs soient partis avec lui ». « Leur cœur n’était pas sur terre, ils étaient
    montés au ciel » (J-H N.)
    « Le vainqueur, je lui donnerai de siéger avec moi sur mon trône, comme moi
    même, après ma victoire, j’ai siégé avec mon Père sur son trône » (Ap 3,21).

    Tandis que notre vie se poursuit dans les limites de ce monde, et dans les nôtres particulières, la foi en l’Ascension de Notre Seigneur Jésus Christ, nous permettra de mener cette vie d’homme occupée aux tâches d’hommes, surtout en ce moment, les tâches de sollicitude et d’amour des malheureux (des millions d’entre ne mangent pas à leur faim. D’autres drames surgissent que nous découvrons petit à petit). Les tâches aussi de la prière d’intercession : « Seigneur, reste auprès de ton peuple, car sans toi notre vie tombe en ruine » (oraison de certaines messes).

    Faisons tout cela, avec un « cœur religieux », tout rempli de la présence et de l’amitié de Dieu. Newman encore : « Je ne veux pas dire, naturellement, qu’un homme puisse être religieux, s’il néglige les devoirs de ce monde ; mais qu’il existe une vie plus intérieure et plus authentique chez un homme religieux… ».

    Nous sommes cet homme religieux qui en ce jour croit à l’Ascension de son Seigneur, et se met au service de ses frères, jusqu’à l’Ascension de tout son Corps d’humanité.

    Bonne fête, bon courage, et à bientôt dans nos assemblées !

    Père Jacques Bréchoire.
    Curé Paroisse Saint Junien en Melllois


    Message 25

    Homélie du sixième dimanche de Pâques (17 mai 2020)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    Chers amis,

    Chers amis, à nouveau et pour peu de temps heureusement, cette homélie-écran ! Bientôt rien ne fera écran à nos relations « directes » qui sont le charme de notre religion et de nos assemblées… même si les masques et les fameuses « barrières sociales » - expression affreuse, antichrétienne au possible ! – seront de rigueur. C’est ainsi.

    Nous ne sommes pas encore à la Pentecôte, mais c’est tout comme ! Les trois lectures de ce dimanche parlent de l’Esprit Saint. Nous sommes exactement dans le temps préparatoire à l’accueil de l’Esprit.

    1 – Il sera bien précieux cet Esprit, dans la période où nous sommes et son monde à la peine : les médias, mais aussi les conversations qui reprennent – ouf ! – nous révèlent jour après jour, les mille souffrances des hommes, ceux de nos villes et de nos villages : angoisses, précarités, pertes de dynamisme et d’espérance, sentiments de désolation… on parle même de faim ! Vous vous rendez compte !

    L’Esprit Saint est pour eux. A nous de le faire descendre sur ce monde, car il se donne aujourd’hui même, à qui en a besoin. Nous avons la charge de faire connaître qu’il y a un Esprit Saint, dont justement la compétence est d’atteindre chacun des hommes de l’univers et de leur venir en aide. Il faut croire que l’Esprit, comme un Souffle subtil et invisible, atteint directement chaque âme (chrétienne, pas chrétienne sans distinctions, on s’en fiche).

    Que lui apporte-t-elle ? Une belle réponse a été donnée par Ignace de Lataquié, métropolite orthodoxe. La voici :

    « Sans l’Esprit Saint, Dieu est loin.
    Le Christ reste dans le passé,
    L’Evangile est une lettre morte,
    L’Eglise une simple organisation,
    L’autorité une domination,
    La mission une propagande,
    Le culte une évocation,
    L’agir chrétien une morale d’esclave.

    Mais en Lui (l’Esprit), le cosmos est soulevé,
    Gémit dans l’enfantement du Royaume,
    Le Christ est là,
    L’Evangile est puissance de vie,
    L’Eglise est communion trinitaire,
    L’autorité est une sereine libération,
    La mission est une Pentecôte,
    La liturgie mémorial et anticipation,
    L’agit humain est déifié ».

    2 – Cet Esprit n’est pas une force, comme on le dit souvent paresseusement, mais il est Dieu fort. Il n’est pas l’amour, mais Dieu aimant et aimable. L’Esprit est Dieu en personne, dans la personne justement de son Esprit.

    C’est ce Dieu qui fait tellement défaut aux hommes, surtout dans notre culture occidentale, comme ici. Ce Dieu qui a cessé d’être cru, ne sachant pas trop ce que c’est. Les parents qui me lisent savent cela et en souffrent : tel fils, telle fille ont cessé la pratique, tel autre n’a pas fait baptiser son enfant, tels autres se sont mariés à la mairie, et encore les jeunes qui ne suivent pas, les enfants qui rechignent…
    Le mieux que nous avons à faire, plutôt que de gémir sur les malheurs de la foi – bien réels, bien douloureux -, est de croire pour les autres, à leur place, dans le secret de notre cœur et dans nos assemblées. On appelle cela une foi « par substitution » : le croyant se substitue à ses frères, prend leur place, carrément. C’est d’ailleurs ce que fit Jésus : il se substitua à nous, au moment de la croix et de la mort, il prit la place du pécheur, et alors, il nous a tous sauvés alors que nous étions loin de Dieu. Invitation à poursuivre ce que vous faites déjà : prière pour les autres, mieux : prier à la place des autres. Ou encore mieux : prier au nom des autres, au nom de mon fils, au nom de ma fille, au nom de mes petits enfants, au nom des paroissiens, au nom des soignants, des malades, des dirigeants, au nom de mes collègues d’usine... Voilà une posture admirable. Elle est positive, noble, non geignarde !

    Eh bien, notre « devoir d’état », aujourd’hui et jusqu’à la Pentecôte, est d’attendre l’Esprit Saint au nom de tous ceux qui en ont tant besoin. En leur nom, dans une grande conviction, nous demanderons que se réalise ce que Saint Bernard a si bien écrit :

    Je (Jésus) te donne ô homme, ma conception,
    Mon enfance, mon adolescence, ma jeunesse,
    Je te donnerai même ma mort,
    Ma résurrection et mon ascension.
    Je t’enverrai ensuite le Saint Esprit,
    Afin que ma conception purifie la tienne,
    Que ma vie façonne ta vie,
    Que ma mort détruise la tienne,
    Que ma résurrection prélude à la tienne,
    Que mon ascension prépare ton ascension,
    Et que mon Esprit vienne en aide à ta faiblesse.
    Je retournerai dans le séjour d’où je suis parti,
    Mais pour que ton cœur n’en soit pas attristé
    Je t’enverrai l’Esprit Paraclet
    Qui te donnera le goût du salut,
    La force de la vie,
    La lumière de la science.
    C’est là le témoignage que l’Esprit Saint rendra à ton esprit :
    Que tu es fils de Dieu ».

    3 – Le service que l’Eglise peut assurer en ce temps, ce n’est pas d’abord de soigner – d’autres le font -, de diriger les opérations – d’autres le font… mais de faire descendre sur le monde la présence de Dieu. Accomplissons notre devoir sans faiblesse. Evitons d’avoir une relation vaporeuse avec le monde qui souffre. Accompagnons notre vie citoyenne et nos gestes de solidarité, par notre foi bien déterminée, courageuse, assidue, fidèle, en Dieu.

    Que cette foi se fasse prière préparatoire à la venue de l’Esprit sur le monde. C’est notre « devoir d’état » (rappel !) en ce moment précis de notre histoire.

    D’ici la reprise – de toute façon le 7 juin -, bien unis devant notre « écran » (encore un !), sans masque, sans barrière sociale, pour la messe de F2 – dont je suis un pratiquant modèle, qu’on se le dise ! Faites comme moi : emmagasinez de bonnes idées pour améliorer nos liturgies prochaines !

    Père Jacques Bréchoire.
    Curé Paroisse Saint Junien en Melllois


    Message 24

    Homélie du cinquième dimanche de Pâques (10 mai 2020)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    Chers amis,

    C’est en pauvres que nous célébrons et vivons ce Temps Pascal inédit. Cette pauvreté de moyens n’est pas habituelle en cette période où justement, les liturgies sont festives, où les sacrements sont conférés en abondance.

    1 – Voilà donc un nouveau dimanche, le quatrième, sans tenue d’assemblée. L’assemblée des croyants au Jour du Seigneur, jour de sa résurrection, est l’expression principale et admirable de notre culte et de notre foi. Je fais le vœu que la reprise de nos assemblées, au jour venu, retrouve le goût de « vraies » assemblées : la fête sera-t-elle au rendez-vous, à cause de ses limitations sanitaires ? Le sentiment de fraternité heureuse aura peut-être du mal à revenir. Or il n’est pas d’assemblée liturgique sans la fête, sans la joie de rendre gloire à Dieu pour ses dons.

    Ces assemblées seront plus marquées certainement par l’intercession, la prière de demande, en ce temps de grands malheurs, sanitaires, économiques, psychiques… Ce sera notre manière de vivre la solidarité avec le monde.

    Pas d’Ascension ! Probablement pas de Pentecôte !

    Des assemblées de pauvreté !

    L’autre pauvreté, c’est celle des sacrements. Alors que le Temps Pascal est le temps des sacrements par excellence, ceux-ci conférant la vitalité souveraine du Ressuscité à son peuple entier.

    Or nous repoussons au maximum les baptêmes après les mois d’été, et voilà que les jeunes familles sont privées de cette joie religieuse et familiale.

    Les confirmations sont ajournées. Deux jeunes devaient recevoir le sacrement de confirmation à Celles, le jour de la Pentecôte. Pas de confirmation d’adultes à la cathédrale !

    La messe chrismale au cours de laquelle Mgr Pascal Wintzer bénira les huiles saintes – le saint-chrême d’un parfum si rare, pour les sacrements des baptêmes ; l’huile des malades, pour les sacrements des malades… -, sera célébrée avec quelques personnes seulement, le jeudi de l’Ascension à la cathédrale, alors qu’elle était prévue le lundi saint. Messe qui habituellement avait une note de fête joyeuse, et qui, en plus, rassemblait tous les prêtres du Diocèse, qui devaient avoir droit ce jour-là à un repas
    « augmenté » ! Catastrophe !

    La plupart des mariages seront repoussés au-delà de l’été. Autant de rassemblements joyeux dont les fiancés et les familles seront privés.

    Sans parler de la grande souffrance des personnes qui doivent dire adieu à ceux qu’elles aiment, dans l’intimité familiale. Or les célébrations de sépulture ont aussi un caractère de fête, puisque nous faisons monter des louanges à Dieu qui est le Créateur des vivants, et qui les conduit jusqu’en leur patrie.

    Pauvreté de nos moyens.

    Il nous faudra cependant retrouver la fête, absolument ! Sans fête, c’est le désespoir. Question de vie ou de mort.

    2 – A moins que – et j’en suis certain - ce désir légitime et impérieux de fête ne nous ait pas complètement abandonnés. C’est une « fête intérieure », avec une pauvreté de moyens, que nous vivons depuis deux mois. Pauvreté extérieure, richesse intérieure. Extérieur terne, intérieur lumineux.

    Nous ne sommes pas qu’une religion des cultes festifs – même s’ils sont très importants -, mais une religion des cœurs droits et aimants. Dans notre cœur se trouve la foi déposée par Dieu, se trouve l’amour recueilli à sa source divine, se trouve l’espérance pour l’avenir et l’au-delà, fondée sur la force de Dieu, sa présence pleine de miséricorde, et sur celle de son Fils, Jésus, auquel nous sommes attachés par des liens de vie définitifs.

    Les lectures de ce jour montrent magnifiquement ce qu’est une religion du cœur. On nous dit que Jésus, a vécu en Fils qu’il était, sa relation à Dieu son Père : voilà bien de l’intériorité ! « Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi » ; « Je suis dans le Père et le Seigneur est en moi ».

    Notre grand poitevin saint Hilaire (4eme siècle !) a bien parlé de la religion intérieure du chrétien : se glisser entre les deux cœurs du Fils et du Père :
    « Glisse-toi au creux de ce mystère, entre le seul Dieu inengendré et le seul Dieu unique engendré, immerge-toi dans les flots secrets de cette merveilleuse naissance. Mets-toi en route, marche, ne prends point de relâche ! Je le sais, tu n’arriveras pas. Mais tout de même je t’en félicite, car celui qui poursuit l’infini de sa foi aimante, même s’il ne l’atteint jamais profitera de sa quête ».

    Cette « religion intérieure » fut celle de nos grands mystiques (Thérèse d’Avila, Jean de la Croix, Thérèse de Lisieux) de nos grands évêques (Hilaire, Augustin, François de Sales), grands papes (Jean-XXIII, Paul VI…), grands caritatifs (Vincent de Paul), grands intellectuels (Thomas d’Aquin John-Henri Newman…). Tous étaient « heureux de l’intérieur », heureux de cette somptueuse « fête intérieure ».

    Privés de dimanches, nous sommes heureux, dans le fond de notre cœur, là où nous vivons une « liturgie intérieure ».

    Père Jacques Bréchoire.
    Curé Paroisse Saint Junien en Melllois


    Message 23

    Infos déconfinement (8 mai 2020)

    Chers amis,

    Chers amis, j’espère que vous allez bien et que vous prenez votre mal en patience.

    Concernant notre vie ecclésiale, les choses évoluent… doucement. Notre archevêque, dans un document récent, nous invite à ne pas anticiper par de fausses informations, mais aussi à ne pas attendre pour faire ce que nous pouvons faire. Notre activité pastorale n’a pas cessé, heureusement pendant ce confinement, mais elle a été réduite. Notre archevêque nous invite à reprendre notre vitesse de croisière.

    Tant que ce ne sera pas sûr, il ne parle pas d’une reprise des célébrations dominicales à la Pentecôte, mais il rappelle la date du 4 juin, fixée jusqu’à ce jour.

    Pour les célébrations des baptêmes, notre archevêque n’en parle pas. Nous pensons qu’il est plus que conseillé de les reporter également. Mais pour l’instant elles peuvent être maintenues, selon les restrictions connues (moins de 20 personnes…). Je ne vois pas comment cela soit possible.

    Il demande à ce que soient reportées au dernier trimestre de l’année en cours les célébrations de premières communions et de profession de foi.

    Pour le catéchisme, notre archevêque ne donne pas de consignes. A nous de voir : concertons-nous, catéchistes, délégués pastoraux, prêtres. Rien n’empêche de reprendre le catéchisme pour groupes restreints, avec réglementation comme à l’école.

    Les célébrations de mariage paraissent bien improbables avant septembre, en raison des mesures strictes (nombre de personnes limité). Nous avons informés les personnes concernées que nous n’étions pas à ce jour, en mesure de célébrer leur union avant septembre.

    Les visites aux personnes âgées ou malades dans les EHPAD, les cliniques et les hôpitaux peuvent reprendre reprendre à partir du 11 mai, moyennant bien sûr l’accord de la direction. Les prêtres peuvent donner le sacrement des malades, en respectant les modalités établies.

    Pour les célébrations des obsèques, elles peuvent consister en un temps de prière au cimetière, Mais aussi, à partir du 11, la célébration peut se faire dans l’église, avec 20 personnes au maximum, dans le respect de l’hygiène et de la distance. Que les membres des équipes sépulture en soient bien informés.

    Il est possible de recevoir le sacrement de réconciliation. Voyez dans vos divers lieux avec les prêtres.

    Ne craignons pas d’ouvrir nos églises. Cela permet aux fidèles de venir y prier de manière individuelle.

    Pour les messes en semaine, elles peuvent reprendre, pour un petit nombre de fidèles – moins de 10, dans un espace suffisamment grand.

    Pour les permanences, voyez dans les différents lieux.

    Les réunions à caractère pastoral vont reprendre à partir du 11 mai pour 10 personnes au maximum. Cela vaut pour les réunions de l’Equipe Pastorale, mais aussi pour des réunions de prière comportant moins de 10 personnes. Pour les Conseils, nous attendons.

    Par ailleurs, notre archevêque nous rend sensible aussi aux questions financières. Pour la société, soutenir les équipes du Secours catholique et autres. Pour l’Eglise diocésaine, notre archevêque écrit : « Le diocèse connaît une situation économique tendue. Certains prêtres et acteurs pastoraux ont fait le choix personnel d’un don exceptionnel au diocèse... Je les en remercie et les invite à poursuivre ceci s’ils le peuvent, j’appelle d’autres à les imiter s’ils le peuvent ».

    Voilà chers amis. Informez ceux qui n’ont pas d’ordinateur. Que les délégués pastoraux de nos 14 communautés locales en aient le souci, et veillent à l’application de ces mesures. Je le leur demande.

    **************

    Informations pour Melle uniquement.

    Les messes en semaine, celles du mardi (11h30), du mercredi (11h30) et du vendredi (8h) vont reprendre la semaine prochaine à partir du mercredi 13 mai.

    Je me tiendrai disponible le samedi matin, à l’oratoire du Presbytère de 10h à 12h pour la permanence habituelle et pour le sacrement de réconciliation.

    Pour les autres localités, voir avec les responsables.

    Père Jacques Bréchoire.
    Curé Paroisse Saint Junien en Melllois


    Message 22

    Homélie du quatrième dimanche de Pâques (3 mai 2020)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    Chers amis,

    La liturgie que nous célébrons dimanche après dimanche – sauf en ce moment, hélas – est très codée ; rien n’est fortuit. C’est le cas aujourd’hui : traditionnellement, le 4ème Dimanche de Pâques est le Dimanche du Bon Pasteur. Il en sera ainsi l’année prochaine... et dans 250 ans !

    1 – Les textes que nous propose la liturgie filent la même image du berger – du « bon berger », ou du « beau berger » -, appliquée à Dieu ou à son Fils, pour nous montrer quel type de relation ils ont avec nous : il en est de Dieu envers nous comme d’un bon berger… Il en est de Jésus ressuscité comme d’un bon berger, lui qui est l’image parfaite de son Père.

    Le magnifique psaume 22 de ce jour est chéri des chrétiens : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien… ». Psaume équivalement choisi pour les cérémonies de baptême (« il me mène vers les eaux tranquilles… »), pour les mariages (« Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie… »), et pour les sépultures (« Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure… »). J’ai connu une paroissienne qui m’a demandé de mettre ce psaume à sa sépulture : elle le connaissait, il était devenu « son » psaume !

    On a l’impression en le lisant (lisez-le doucement, en faisant attention aux images), que ce Psaume nous ressemble, que c’est le psaume chrétien par excellence, et que tout est contenu de notre relation à Dieu et au Seigneur Jésus.

    C’est le psaume du chrétien comblé de biens, heureux de son sort : ton de plénitude, rien ne manque : l’eau, la nourriture, la sécurité, le parfum ; ton de confiance, à la mode franciscaine : que craindre en effet sous la dépendance d’un tel berger, non seulement pour aujourd’hui, mais « pour la durée de mes jours » ; tonalité de bonheur, le bonheur d’avoir Jésus comme maître, guide, berger de notre vie et de la vie des peuples du monde.

    L’Evangile développe la même image du berger ; s’y ajoute à la fin du passage, l’image de l’hôte : il est la porte : c’est-à-dire qu’il nous accueille dans sa vie, qu’il nous nourrit (« Tu prépares la table pour moi ») , qu’il nous désaltère (« ma coupe est débordante »), qu’il parfume celui qu’il accueille, à la manière de l’hospitalité orientale, dont la nôtre ressemble si peu (« Tu répands le parfum sur ma tête »).

    2- Chers amis, ce dimanche nous oblige à réfléchir – là aussi, traditionnellement, il faut toujours y revenir en ce quatrième dimanche, il faut toujours reprendre la réflexion d’année en année ! – à la place des prêtres parmi vous, et aux vocations sacerdotales. L’annonce récente d’un changement de prêtres pour notre paroisse nous y invite encore davantage.

    Il se trouve que les apôtres aux origines de l’Eglise poursuivirent la « pastorale » de leur Maître, sur son ordre d’ailleurs « « Allez, je vous envoie… ». Les apôtres eux-mêmes transmirent cette charge pastorale aux premiers évêques qu’ils instituèrent, et cela se poursuit au long de la marche de l’Eglise. Cette charge apostolique a été transmise au P. Pascal Wintzer, notre archevêque.

    Dans l’histoire de l’Eglise, les apôtres et les évêques à leur suite, instituèrent des collaborateurs pour que ce signe de la « pastorale » du Christ lui-même, soit au plus près des fidèles, en tout lieu et en tout temps. Nous-mêmes, prêtres de notre paroisse, nous sommes les « collaborateurs » du Père Wintzer.

    On peut rêver d’une autre Eglise, une Eglise sans prêtres, mais ce n’est pas la nôtre ! A vous de choisir ! Une Eglise sans prêtres, parfaitement animée par tous les chrétiens, qui sont en plus revêtus du « sacerdoce baptismal ». Nous avons découvert cela, avec étonnement et joie, du moins ceux d’entre nous qui avons connu le Concile (début des années 60 ! C’est vieux !). Quelle joie de savoir que tous les fidèles sont prêtres, sont prophètes, sont rois !

    Notre Eglise – celle que nous n’inventons pas, mais que nous recevons des temps apostoliques avec piété - se soumet à la « pastorale » de notre archevêque et des prêtres, ses collaborateurs. Ce n’est pas une Eglise sans prêtres.

    On nous ressort comme une tarte à la crème qu’au Japon, dans les anciens temps, les prêtres ayant été chassés par la persécution, les fidèles ont conservé la foi des décennies durant, sans eucharistie, sans réconciliation, sans prêtre…. On oublie de dire que dès que les prêtres ont pu revenir, ils ont été accueillis à bras ouverts, car ils étaient essentiels à la communauté, la présidant, la nourrissant, la conduisant, la chérissant…

    Les prêtres d’aujourd’hui, après des années de promotion des laïcs dans l’Eglise (encore un grand bienfait de Vatican II), ont parfois le sentiment que l’Eglise « fonctionne » bien sans eux ! Quand en plus ils se font rares et vieillissants, quand en plus encore, ils sont emportés dans la critique justifiée du cléricalisme en ces années bien pénibles ! Les voilà à faire une pastorale « indirecte », le direct étant assuré par les laïcs. Or notre évêque trouve cette situation anormale : dans un de ses derniers textes envoyé aux prêtres, il s’inquiète de l’ « indirect » souvent imposé, en particulier aux plus jeunes d’entre nous (mais cela vaut pour les moins jeunes, comme les prêtres de notre paroisse !). Il dit : « [Un prêtre] plus jeune a besoin d’agir en direct, non seulement au deuxième degré. On a le désir de mesurer les fruits de ce qu’on entreprend, on veut entretenir des liens directs avec les personnes. Je souligne, l’ensemble des personnes, et non seulement les quelques acteurs plus engagés dans la vie de la communauté ». Il continue en disant que ce phénomène s’est accentué dans les endroits où les prêtres étaient âgés.

    Non, du direct pour les sépultures (en lien avec les équipes sépulture ; pas pour toutes évidemment comment le prêtre serait-il interdit de sépulture !) ; du direct en pastorale des enfants tout en se mettant au service des catéchistes ; du direct en pastorale des jeunes ; du direct dans chacune de nos communautés locales qui ne sont pas des « îles » et que le prêtre doit « visiter » régulièrement.

    Le changement des prêtres sur notre paroisse pourra être favorable à la réflexion que je vous soumets. D’autant que ces changements vont donner lieu aussi, à une nouvelle organisation de notre paroisse, dont nous vous parlerons très bientôt. Le prêtre déchargé de tâches qui ne relèvent pas de son ministère, le rendant plus libre pour une présence plus directe, plus itinérante, plus fraternelle avec chacun de vous.

    3 – Puisque ce jour est en même temps, dimanche des vocations, voilà bien un programme à mettre en place par nous – leur favoriser le direct – avant qu’on ne les appelle ! Ils seront des prêtres d’abord devant leur troupeau, et pas seulement devant leur ordinateur !

    Ce qui est d’ailleurs mon cas en ce moment, et cela ne me plaît guère ! Mais mon sacerdoce va bientôt être dé-confiné… comme votre sacerdoce baptismal !!!

    Même si on nous dit que le dé-confinement sera encore plus dur que le confinement ! C’est à désespérer !

    Ne désespérons pas : nos célébrations vont reprendre bientôt, même si nous ne savons toujours pas quand. Nous attendons les directives de notre archevêque, que nous vous ferons connaître très vite maintenant.

    Bon dimanche du bon et du beau Pasteur, Jésus, image parfaite et inspirante des autres bergers de son troupeau.

    Père Jacques Bréchoire.
    Curé Paroisse Saint Junien en Melllois


    Message 21

    NOMINATION pour St JUNIEN en MELLOIS

    Chers amis, voici une bonne nouvelle pour la paroisse et pour chacun de vous.

    1 - Le P. Jean-Paul Russeil, notre vicaire général, me demande de faire connaître mon remplaçant à Melle. Il s’agit du P. Armel de Sagazan, curé actuel du Futuroscope (paroisse st-Jean XXIII), et qui fut précédemment à Celles. Il connaît donc déjà le Mellois et il n’est pas inconnu à beaucoup d’entre nous. Evidemment, ce ne sera pas le même univers ! Le Mellois n’est pas le Futuroscope, celui-ci en zone d’expansion urbaine, celui-là foncièrement rural… et heureux de l’être.

    Nous sommes heureux de ce choix du P. Pascal Wintzer qui nous l’envoie ! Bienvenue ami Armel.

    Voici le message du P. Armel à la communauté chrétienne qu’il quitte :

    En ce premier mai, sous le regard bienveillant de St Joseph travailleur, je vous écris et vous rejoins ainsi que vos familles pour vous annoncer mon départ à la fin de l’été en vue d’une nouvelle mission à laquelle le Père Wintzer m’appelle. A partir de septembre 2020 j’habiterai Melle en sud Deux Sèvres sur la paroisse de St Junien-en-Mellois.
    Le diocèse de la Mission de France a répondu positivement à l’appel de notre évêque pour initier une mission originale sur le site de la Technopole du Futuroscope, avec la venue de deux prêtres de Mission de France en partenariat avec notre paroisse St Jean XXIII. Une année ne sera pas de trop pour dessiner les contours de cette mission nouvelle.
    Ici et maintenant je veux vous remercier fraternellement tous pour ces deux années partagées dans la Foi et l’Espérance.
    Et que "le Seigneur vous bénisse et vous garde ; qu’il fasse sur vous rayonner son visage ; que le Seigneur vous découvre sa face, vous prenne en grâce et vous donne sa Paix."
    Père Armel de Sagazan

    Et son message pour nous :

    Bonjour les amis du Mellois. A l’appel de notre évêque je n’ai pas attendu longtemps pour répondre oui ! Quelle joie profonde de vous retrouver le 1er septembre prochain et nous fêterons la Septembrèche au seuil d’une année pastorale nouvelle pleine de promesses après l’épreuve si étonnante de la pandémie.
    Un grand merci au Père Jacques qui a tout préparé pour que je sois heureux parmi vous.
    A très bientôt donc.
    P Armel

    2 - Me concernant, vous saviez évidemment que j’étais sur le départ et que j’aspirais à la retraite du haut de mes 75 ans et 4 mois. Dans notre diocèse, le curé arrête ses fonctions à 75 ans. Cette charge nécessite plus de jeunesse, plus de présence à la vie d’aujourd’hui, plus de capacités techniques (medias, communication)… plus beaucoup d’autres choses que je n’étais plus en mesure d’assurer correctement.

    Je peux vous dire que je ne me plains pas de mon futur lieu de chute. J’avais demandé au P. Wintzer de me mettre à ma retraite au service d’un jeune curé. C’est le cas ! Je suis donc nommé au service de la paroisse de Niort dont le P. Julien Dupont devient le curé, et je résiderai dans un presbytère ne manquant pas de charmes, à St-Liguaire, quartier périphérique de Niort, jouxtant les Marais. Je suis très heureux de devoir travailler (enfin, si on peut dire, pour un retraité) avec Julien Dupont plein de talents et de jeunesse, un ami, en plus, dont l’influence éclaboussera à coup sûr, le Mellois si proche ! En attendant, ma tête et mon cœur sont ici, au milieu de vous.

    3 - Ce message ne parle pas de la nouvelle organisation de notre paroisse, cela viendra plus tard, sans doute rapidement.

    Dieu habite le temps, il le crée et sa Providence bienveillante et puissante enveloppe nos évolutions et nos changements.

    Bien à vous tous, cordialement.

    Père Jacques Bréchoire
    curé de la paroisse St Junien en Mellois


    Message 20

    Homélie du troisième dimanche de Pâques (26 avril 2020)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    Chers amis, ce dimanche n’est pas le troisième dimanche « après Pâques », comme nous le pensons spontanément. Mais il s’agit bien du troisième dimanche « de Pâques ». Et ainsi jusqu’à la Pentecôte. Comme s’il nous fallait un long temps pour « réaliser » ce que fut la résurrection du Seigneur et la foi des apôtres : le seul jour de Pâques ne pouvait suffire. Il en va un peu comme lorsqu’un grand événement s’est produit dans notre vie, une belle rencontre, un bon film, un bon livre, un beau paysage, un beau monument : l’ « impression » ressentie se range pour longtemps dans « les palais de la mémoire » (Saint Augustin).

    1 –
    Aujourd’hui donc, c’est Pâques ! Pâques proclamé comme « la » Bonne Nouvelle par excellence : « Christ est ressuscité, Il est vraiment ressuscité ».

    En annonçant cela, c’est un acte de foi que nous posons ! En ces temps éprouvants pour tous et dramatiques pour beaucoup, n’ayons pas peur de dire : « C’est Pâques aujourd’hui »

    Toutefois, on peut se demander : qu’est-ce que cela change de dire « C’est Pâques » ? ! Nos maux ne vont pas disparaître par un coup de baguette magique : ils sont là. Cela veut dire pourtant que dans cette épreuve historique, Dieu n’abandonne pas ses créatures meurtries, mais il les visite et s’y rend présent définitivement.

    C’est le cas, aujourd’hui, dans le récit bien connu des disciples d’Emmaüs : Jésus ressuscité rejoint incognito, deux pauvres compagnons s’en retournant chez eux, déboussolés par la mort de Celui qu’ils avaient suivi. Il prend le même chemin que ces deux disciples, jusqu’à la fraction du pain dans la maison. Il sera là à jamais et ne les lâchera pas.

    2 –
    Pour faire vite, on a l’impression que ce temps – comme plein d’autres temps, d’ailleurs ! – est confié aux seuls hommes : aux politiques qui doivent gérer la crise ; aux scientifiques, qui doivent éradiquer l’épidémie ; aux soignants si méritants qui accompagnent les malades… ; aux citoyens qui doivent se dépatouiller avec le confinement et bientôt le déconfinement.

    Dans les temps anciens, il n’en allait pas ainsi. Par exemple, au temps de l’immense poète Homère (ça nous fait reculer pas mal : 9e siècles avant Jésus-Christ !) ou au temps des tragiques grecs (5e), les dieux et les humains étaient mêlés et les événements de l’histoire étaient vécus en commun par les uns et les autres : rien d’humain ne se faisait sans les dieux présents et agissants. Dans les bonheurs, ils étaient là, c’étaient des bonheurs « habités » (et pas seulement consommés !)

    De même, ils « habitaient » les malheurs des hommes. Toute une réflexion était menée sur les malheurs du monde (en particulier les guerres). Cela leur évitait de seulement les subir, mais de les vivre dans la liberté.

    Selon eux, les hommes sont mortels, vulnérables et dans leur vie, ils doivent compter avec des malheurs, et pas seulement des joies. Les Grecs vivaient cela non dans la déploration (pas de plaintes), ni dans la révolte (pas de scandales), mais dans une amertume qui n’accuse pas les dieux ni les humains, mais qui dit que ce serait bien préférable d’avoir la paix que la guerre, les bonheurs de la vie qui va, que les malheurs, la vie que la mort qui s’envisage immanquablement.
    Quand dans les sagesses populaires on dit à la suite d’une épreuve (un deuil…) : « C’est comme ça ! », c’est un peu comme l’amertume grecque : pas de révolte, pas de scandale. On prend plutôt sur soi les bonheurs et les malheurs de la vie, sans résignation ni arrogance. Très belle expression ! Très belle attitude !

    Il n’est pas interdit d’être amer, et de vouloir qu’il en soit autrement. Pas interdit de vivre nos malheurs dans la compagnie des dieux, bénéficiant de leur puissance, de leur bonté, de leur jugement.

    Vous devez penser que je me trompe de siècle ! Et que dans le nôtre, on ne croit plus depuis belle lurette à ce compagnonnage des dieux et des hommes ! Les dieux s’ils existent, sont loin, et nous les humains, nous devons assumer notre solitude et nos responsabilités, si nous le pouvons.

    Mais nous avons tort de nous couper des mondes anciens, qui portaient de réelles valeurs, spécialement dans les malheurs du temps.

    En plus, il y a des points communs admirables entre cette présence des dieux aux destinées des hommes à cette époque, et la présence du Ressuscité à nos destinées propres, en notre temps. Pourquoi faudrait-il que nous soyons si différents ? Et pourquoi cette douce amertume, ce mélange d’amertume et de joie, ce « mélange » des dieux et des hommes seraient-ils désuets ?

    On peut ne pas penser « comme tout le monde » ! On peut rompre avec cette « crise sans Dieu ». Sachant au demeurant que nous devons accomplir nos devoirs : soutenir les politiques, les scientifiques, les soignants, nos compatriotes, et nous montrer solidaires et pleins d’amour.

    Le sens du religieux a une saveur sans égal et donne une force dans l’adversité. La culture ambiante sans lui est un peu désespérante, un peu terne et plate. Nous en souffrons, je pense.

    Vivre une « crise avec Dieu » ! A nous, par notre acte de foi bien déterminé en la résurrection, de confier à Dieu, les malheurs du monde et de les assumer avec lui, dans la douceur et la puissance de son amitié[1].

    C’est Pâques ! A Emmaüs hier, ici aujourd’hui.

    [1] « Dans cette Révélation, le Dieu invisible s’adresse aux hommes dans son immense amour ainsi qu’à des amis ; il s’entretient avec eux pour les inviter à partager se propre vie » (Concile Vatican II)

    Père Jacques Bréchoire.
    Curé Paroisse Saint Junien en Melllois


    Message 19

    Homélie du deuxième dimanche de Pâques
    Dimanche de la Miséricorde (19 avril 2020)

    (Lire les textes de la messe du jour)

    Les textes de ce jour nous le demandent avec une pointe d’insistance : Il nous faut apporter un soin jaloux à la qualité de notre foi, à « vérifier la valeur de notre foi ».

    1 –
    Ce mot de « foi », désigne notre soumission volontaire et aimante à Jésus comme à un Dieu. Ce mot qui convenait pour parler de la relation d’un humain à Dieu, est repris et appliqué à Jésus. En effet, il y a un mystère de cet homme ! Et pour le dire, le centurion romain, témoin de la mort de Jésus s’exclame : « Vraiment cet homme était le Fils de Dieu » (Marc 15,39). C’est cela, la foi.

    Même chose pour l’apôtre Thomas de notre Evangile du jour, quand à la vue des plaies, il confesse : « Mon Seigneur et mon Dieu » : un des plus beaux actes de foi qu’on puisse trouver dans les Ecritures. A la fois, parole d’identification (Thomas reconnaît Jésus), parole de gratitude (il remercie Jésus de lui apparaître : quel don bouleversant, indicible !), parole de soumission (oui, c’est toi et je suis vaincu par ta grandeur, ton amour).

    C’est pourquoi l’apôtre Pierre, dans la seconde lecture, nous demande de veiller à la qualité de notre foi « qui a bien plus de prix que l’or – cet or voué à disparaître et pourtant vérifié par le feu ».

    2 –
    Un des tests d’une foi véritable, c’est selon Pierre, la qualité de notre joie « Exultez de joie même s’il faut que vous soyez affligés pour un peu de temps encore ».Ou bien : « Vous exultez d’une joie inexprimable et remplie de gloire, car vous allez obtenir le salut de âmes qui est l’aboutissement de votre foi ».

    Il ne s’agit pas de n’importe quelle joie évidemment, qui met en second nos autres joies humaines tout à fait belles et précieuses. Il s’agit de la joie du salut : « vous allez obtenir le salut des âmes … »

    Dans ce temps où nos capacités de joie – les joies tout humaines - sont mises à rude épreuve, l’invitation à la joie du salut retentit peut-être encore plus fort ! Une joie qui surpasse toute joie.

    Nous aspirons de tous nos vœux – et de nos impatiences ! – à renouer bientôt avec les joies des rencontres, les joies des voyages, les joies des corps épanouis, les joies des amants, les joies des enfants libres de leurs mouvements, de leurs jeux, de leurs paroles et de leurs cris… Et aussi pour nous, les joies exceptionnelles – surnuméraires ! - de l’assemblée réunie, de la prière liturgique, de la communion au précieux corps du Seigneur, des baptêmes et des mariages…

    Il faut aller plus loin que ces joies, aller jusqu’à la joie de la foi. La joie du salut, est tellement puissante et mystérieuse, qu’elle nous aide à prendre sur nous, comme le fit Jésus, les malheurs du monde, les personnes malheureuses : nous savons quelles elles sont en ce moment. A la vie du monde souffrant aujourd’hui, la contribution de notre joie pascale sera précieuse : c’est Dieu en effet à qui nous faisons l’hommage de notre foi, que nous donnons au monde. Voilà notre ministère à tous, en ce moment, notre ministère pour tous.

    Soyons heureux de croire, d’une joie saine. « Mieux vaut une vraie tristesse qu’une fausse joie » (Spinoza). « Un saint triste est un triste saint » dit le proverbe. Un chrétien triste est un triste chrétien. Un chrétien joyeux est un bonheur de chrétien ! Non ?!

    Bon courage à tous et joyeuses salutations !

    Père Jacques Bréchoire.
    Curé Paroisse Saint Junien en Mellloi


    Message 18

    la vie de la Paroisse pendant le confinement

    Chers amis,

    Nous savons maintenant que notre confinement va durer, et durer longtemps :
    11 mai, et plus (combien ?) pour les gens comme moi et beaucoup d’entre vous !
    C’est la joie parfaite !

    Il est plus facile d’entrer dans un confinement, que de perdurer dans cet état. Néanmoins il faut demander pour soi et pour notre entourage proche, et pour nos communautés chrétiennes, que nous ne perdions pas nos capacités de vie et de joie. Comme les jours ressemblent aux jours et que nos relations sont asphyxiées par la réglementation, notre vitalité est fragilisée et nous pouvons perdre cœur à cette vie difficile.

    Nous continuerons à veiller sur les personnes de nos communautés locales, spécialement sur les plus isolées, relayant auprès d’elles, les informations, les messages que nous adressons régulièrement à tous.

    La Paroisse continue son bonhomme de chemin. L’Équipe pastorale travaille en ce moment à l’avenir proche de notre Paroisse qui connaîtra un changement de curé, et un changement d’organisation. Nous vous tiendrons au courant, faute de pourvoir vous rencontrer pour en parler de vive voix, ce qui nous fait bien souffrir.

    La Paroisse est à l’épreuve également, pour ses finances : plus de casuel, plus de quêtes… Comme vous le savez, notre archevêque doit trouver mensuellement 400.000€ pour subvenir aux besoins du Diocèse. Nous vous confions aussi ce souci.

    Un certain nombre des baptêmes et mariages prévus sont reportés, sans qu’on sache exactement à quelle date. Difficile de rejoindre nos catéchumènes en formation. Le catéchisme souffre aussi, même s’il se poursuit avec l’effort des nos catéchistes via internet. Les accueils paroissiaux sont en panne…

    Quant à nos liturgies, n’en parlons pas ! Nous en sommes cruellement privés. Heureusement qu’il y a la messe télévisée du dimanche qui est bien précieuse dans sa simplicité évangélique (et d’autres media : KTO, radio, site diocésain…)

    Les choses qui marchent, à toute allure, ce sont les messages que nous nous adressons (internet, téléphone). A l’occasion de la Semaine Sainte et de Pâques, ils pleuvaient et nous étions un peu débordés, mais tellement heureux de nous saluer.
    Continuons à nous soucier les uns des autres, à nous appeler, à marcher (important, surtout pour ceux qui sont scotchés à leur écran), à prier.

    Nous avons la chance d’avoir cette occupation de la prière : c’est vrai qu’elle fait respirer nos journées de confinement. Évidemment elle nous permet aussi de poursuivre cette longue intercession pour les hommes et les femmes en peine, en fatigue, en tristesse, de par le monde.

    Tous, nous appelons de nos vœux le déconfinement. Notre paroisse aussi aura à le faire : reprendre les célébrations, les actes de culte, les rencontres, les conseils (pastoral, affaires économiques), les accueils etc… Mais pour l’heure nul ne sait ce qu’il nous sera donné de faire. Nous déciderons en fonction des directives gouvernementales et épiscopales. En tout cas, vous vous doutez que nos activités seront soumises à des limitations. En son temps, nous vous informerons.

    Ne craignez pas de nous donner vos avis et impressions, au curé, au diacre ou à un membre de l’EP, dialoguons plus que jamais pour nous soutenir dans l’épreuve.

    Le Seigneur de Pâques, sorti du tombeau et apparu vivant, sera plus que jamais notre force, notre vitalité, notre joie. Ce long temps pascal qui va nous amener jusqu’à la Pentecôte, nous l’accordera. Christ est ressuscité, Christ est vraiment ressuscité !

    Et nous avec Lui, et avec Lui, le monde.

    Avec nos encouragements et notre affection.

    Père Jacques Bréchoire
    Curé de la Paroisse St Junien en Mellois
    au nom de l’Equipe Pastorale.


    Message 16

    Homélie du jour de Pâques

    (Lire les textes du jour de Pâques)

    Rappelons-le : tout est insolite en ce jour de Pâques, en contexte de pandémie et de confinement, comme dans les jours précédents, les jeudi, vendredi et samedi saints.

    Insolite cette « faiblesse liturgique » : notre pape parlant devant l’esplanade de Saint-Pierre à Rome, une esplanade complètement vide ; Mgr Aupetit se recueillant hier devant la couronne d’épines dans une cathédrale naufragée ; nos valeureux dominicains maintenant le « minimum liturgique » dans cette messe télévisée du Jour du Seigneur, célébrée sur une simple table tenant lieu d’autel. Pour nous ici, même vide liturgique : pas de volée joyeuse des cloches ; pas d’assemblée, pas de veillée pascale alors qu’elle est le plus grand moment liturgique de l’année. Insolite faiblesse qui nous fait souffrir, car les chrétiens qui sont de chair, ne peuvent pas vivre sans culte, sans rites, sans assemblée, sans Parole de Dieu proclamée, expliquée, sans eucharistie, « centre et le sommet » de notre vie chrétienne, sans le partage des nouvelles et les saluts échangés…

    Cela signifie grandement que notre prière épouse la faiblesse humaine qui éclate dans cette pandémie. Nous sommes tous faibles, humains et chrétiens confondus ! Que dire de plus, que faire de plus ? Effectivement, nous tous, les prêtres parmi vous et les acteurs pastoraux, nous ne savons pas quoi faire et nous faisons peu de choses effectivement, sinon participer à l‘effort commun de santé et de solidarité et nous envoyer des messages d’amitié, et prier.

    Mais non ! Ce que nous avons à faire, outre cette participation à la solidarité commune, c’est d’offrir à ce monde marqué par la mort, la nouvelle de la résurrection de Jésus, vainqueur de la mort. On pourra dire que ça ne change pas grand chose aux malheurs du monde. Eh bien c’est à voir.

    Ce qu’il y a à voir, selon nous, c’est la présence de Dieu à nos côtés en ces temps de malheurs et de souffrances : « Je serai avec toi » dit le Dieu de la sortie d’Egypte. Pour le dire autrement et de façon charnelle, c’est la présence de Dieu dans la personne humaine et divine de son Fils Jésus, fils de Marie, crucifié sous Ponce Pilate. C’est la présence du Ressuscité plein de vitalité pour tous les peuples du monde et pour chacune des personnes de ces peuples.

    Le Ressuscité n’apporte pas la santé, même s’il a accompli quelques miracles de guérison, il n’apporte pas la vie immortelle, même s’il ressuscita pour la vie humaine quelques personnes dont son ami Lazare. Ce qu’il apporte, c’est le salut.

    Le « salut », ce beau mot qui englobe tous les bienfaits de Dieu y compris celui de la victoire sur la mort. Les soignants œuvrent à la santé, les croyants, en plus, tout en vaquant à l’effort commun de santé, œuvrent au salut d’eux-mêmes et de ce monde, offert par Dieu. Santé, salut, les deux réunis : pas seulement santé, dans une société d’humains ; pas seulement salut, pour quelques croyants privilégiés dans leur bulle sacrée. Mais salut-santé, pour une unique communauté humaine profane et sacrée à la fois, la « Cité de Dieu » d’Augustin ! Il dit quelque part : « Deux amours ont bâti deux cités : la cité des hommes, jusqu’au mépris de Dieu, la cité de Dieu jusqu’au mépris des hommes ». Non, pas de mépris du tout pour une unique cité.

    Le salut est donc « Dieu est là » ici en ce moment de notre histoire, en ce moment de notre année liturgique. Dieu est là bienfaisant, doux, miséricordieux, très fort, aimant, grand, compatissant.

    Le pape Benoît XVI pensait qu’il était scandaleux d’affirmer la résurrection, la victoire sur la mort, l’intervention d’un Dieu dans l’histoire… qui sont des choses difficiles à croire et dont notre société et notre culture sont maintenant très éloignées. Gagne-t-on à être provocateur ? Le pape dit oui : « Osons donc le scandale – là où on ne brusque pas, il ne se passe jamais rien de sérieux ».

    Aujourd’hui, jour de Pâques, notre rôle de chrétiens est de proclamer ce scandale qui nous dépasse tout autant que ceux à qui nous l’adressons :
    « Christ est ressuscité, Christ est vraiment ressuscité ».

    Nous avons l’assurance invincible que ce message pascal, provocateur à souhait, fera son chemin dans les cœurs. Car c’est Dieu, encore lui, qui le suscite.

    Quant à nous, en ce jour de Pâques 2020, nous aurons fait notre travail, avec la faiblesse de nos moyens présents, en douceur, en silence, en faiblesse, en humilité, en plus de profondeur peut-être. Ce travail : faire retentir la Bonne Nouvelle de la résurrection.

    Bons vœux de Pâques à chacune et chacun, bons vœux aux soignants de nos communautés : Bravo à eux et bon courage.

    P. Jacques Bréchoire
    curé de la Paroisse Saint Junien en Mellois


    Message 15

    OFFICE DES TÉNÈBRES - SAMEDI SAINT

    Chers amis,
    Nous avions coutume de célébrer à quelques uns dans l’oratoire du Presbytère, l’office des ténèbres, le jeudi, vendredi et samedi saints. Nous vous proposons de reprendre cette démarche traditionnelle dans l’Eglise, à partir de nos confinements respectifs, favorables à plus de prière. De quoi s’agit-il ?

    Les ténèbres, ce sont les ténèbres du Christ dans sa Passion. Ce sont aussi les nôtres, les ténèbres de nos péchés.

    L’office des ténèbres désigne traditionnellement une prière matinale (les matines : « Frère Jacques dormez-vous ? …Sonnez les matines, ding ding dong »), qui se déroulait le jeudi, le vendredi et le samedi saints. Ces heures prises sur la nuit en vue de la prière sont occupées au chant des psaumes, aux lectures, à la réflexion. Elles revêtent un caractère de gravité. « Cet office, appelé autrefois « l’Office des ténèbres » devrait avoir la place qui lui est due dans la dévotion des fidèles, pour contempler dans une méditation sainte la Passion, la mort et la sépulture du Seigneur, dans l’attente de l’annonce de sa Résurrection » (Lettre circulaire de la Congrégation pour le Culte divin, dans DC du 20 mars 1988, n° 40, p. 303).

    Cet office que nous proposons a davantage sa place le matin, mais il peut être prié à d’autres moments, selon la convenance de chacun. Il comporte un hymne d’entrée, la prière des psaumes, la lecture des Ecritures, un texte de réflexion tiré des écrits anciens, une prière universelle, le Notre Père, et le chant du Magnificat.

    La beauté de cet office a inspiré de grands musiciens : on connaît l’Office des ténèbres de Marc Antoine Charpentier, François Couperin… Même Jean-Jacques Rousseau en a écrit un ! Ce sont des œuvres de toute beauté. Si vous aimez la musique, écoutez !

    Surtout en ces temps où nous sommes privés de liturgie, cet office nous permet de nous unir à toute l’Eglise en prière.

    L’Office des Ténèbres du Samedi Saint

    Cet office que nous proposons a davantage sa place le matin, mais il peut être prié à d’autres moments, selon la convenance de chacun. Il comporte un hymne d’entrée, la prière des psaumes, la lecture des Ecritures, un texte de réflexion tiré des écrits anciens, une prière universelle, le Notre Père, et le chant du Magnificat.

    La beauté de cet office a inspiré de grands musiciens : on connaît l’Office des ténèbres de Marc Antoine Charpentier, François Couperin… Même Jean-Jacques Rousseau en a écrit un ! Ce sont des œuvres de toute beauté. Si vous aimez la musique, écoutez !
    Surtout en ces temps où nous sommes privés de liturgie, cet office nous permet de nous unir à toute l’Eglise en prière.
    Père Jacques Bréchoire


    Message 14

    OFFICE DES TÉNÈBRES - VENDREDI SAINT

    Chers amis,
    Nous avions coutume de célébrer à quelques uns dans l’oratoire du Presbytère, l’office des ténèbres, le jeudi, vendredi et samedi saints. Nous vous proposons de reprendre cette démarche traditionnelle dans l’Eglise, à partir de nos confinements respectifs, favorables à plus de prière. De quoi s’agit-il ?

    Les ténèbres, ce sont les ténèbres du Christ dans sa Passion. Ce sont aussi les nôtres, les ténèbres de nos péchés.

    L’office des ténèbres désigne traditionnellement une prière matinale (les matines : « Frère Jacques dormez-vous ? …Sonnez les matines, ding ding dong »), qui se déroulait le jeudi, le vendredi et le samedi saints. Ces heures prises sur la nuit en vue de la prière sont occupées au chant des psaumes, aux lectures, à la réflexion. Elles revêtent un caractère de gravité. « Cet office, appelé autrefois « l’Office des ténèbres » devrait avoir la place qui lui est due dans la dévotion des fidèles, pour contempler dans une méditation sainte la Passion, la mort et la sépulture du Seigneur, dans l’attente de l’annonce de sa Résurrection » (Lettre circulaire de la Congrégation pour le Culte divin, dans DC du 20 mars 1988, n° 40, p. 303).

    Cet office que nous proposons a davantage sa place le matin, mais il peut être prié à d’autres moments, selon la convenance de chacun. Il comporte un hymne d’entrée, la prière des psaumes, la lecture des Ecritures, un texte de réflexion tiré des écrits anciens, une prière universelle, le Notre Père, et le chant du Magnificat.

    La beauté de cet office a inspiré de grands musiciens : on connaît l’Office des ténèbres de Marc Antoine Charpentier, François Couperin… Même Jean-Jacques Rousseau en a écrit un ! Ce sont des œuvres de toute beauté. Si vous aimez la musique, écoutez !

    Surtout en ces temps où nous sommes privés de liturgie, cet office nous permet de nous unir à toute l’Eglise en prière.

    L’Office des Ténèbres du Vendrdi Saint

    Cet office que nous proposons a davantage sa place le matin, mais il peut être prié à d’autres moments, selon la convenance de chacun. Il comporte un hymne d’entrée, la prière des psaumes, la lecture des Ecritures, un texte de réflexion tiré des écrits anciens, une prière universelle, le Notre Père, et le chant du Magnificat.

    La beauté de cet office a inspiré de grands musiciens : on connaît l’Office des ténèbres de Marc Antoine Charpentier, François Couperin… Même Jean-Jacques Rousseau en a écrit un ! Ce sont des œuvres de toute beauté. Si vous aimez la musique, écoutez !
    Surtout en ces temps où nous sommes privés de liturgie, cet office nous permet de nous unir à toute l’Eglise en prière.
    Père Jacques Bréchoire


    Message 13

    EMISSION RELIGIEUSE RADIODIFFUSEE sur D4B

    Chers amis,
    Je viens d’enregistrer avec Nicolas Geoffroy l’émission religieuse du jour de Pâques à 9h. Il revient à la communauté catholique, ce dimanche, d’animer ce temps de prière et de rencontre.
    Merci à Nicolas qui s’est proposé pour enregistrer cette émission pas comme les autres, puisque nous n’avons pas accès au studio d’enregistrement. Mais il est très fort !
    Nous rappelons que cette émission œcuménique permet de rejoindre les chrétiens plus isolés, ayant moins de possibilités de contacts, ne pouvant plus se joindre à nous pour les célébrations ou bien encore, ayant des difficultés avec les moyens de communication modernes (internet…).
    Cordialement.

    P.Jacques Bréchoire, Pasteur Nicolas Geoffroy.


    Message 12

    OFFICE DES TENEBRES - JEUDI SAINT

    Chers amis,
    Nous avions coutume de célébrer à quelques uns dans l’oratoire du Presbytère, l’office des ténèbres, le jeudi, vendredi et samedi saints. Nous vous proposons de reprendre cette démarche traditionnelle dans l’Eglise, à partir de nos confinements respectifs, favorables à plus de prière. De quoi s’agit-il ?

    Les ténèbres, ce sont les ténèbres du Christ dans sa Passion. Ce sont aussi les nôtres, les ténèbres de nos péchés.

    L’office des ténèbres désigne traditionnellement une prière matinale (les matines : « Frère Jacques dormez-vous ? …Sonnez les matines, ding ding dong »), qui se déroulait le jeudi, le vendredi et le samedi saints. Ces heures prises sur la nuit en vue de la prière sont occupées au chant des psaumes, aux lectures, à la réflexion. Elles revêtent un caractère de gravité. « Cet office, appelé autrefois « l’Office des ténèbres » devrait avoir la place qui lui est due dans la dévotion des fidèles, pour contempler dans une méditation sainte la Passion, la mort et la sépulture du Seigneur, dans l’attente de l’annonce de sa Résurrection » (Lettre circulaire de la Congrégation pour le Culte divin, dans DC du 20 mars 1988, n° 40, p. 303).

    Cet office que nous proposons a davantage sa place le matin, mais il peut être prié à d’autres moments, selon la convenance de chacun. Il comporte un hymne d’entrée, la prière des psaumes, la lecture des Ecritures, un texte de réflexion tiré des écrits anciens, une prière universelle, le Notre Père, et le chant du Magnificat.

    La beauté de cet office a inspiré de grands musiciens : on connaît l’Office des ténèbres de Marc Antoine Charpentier, François Couperin… Même Jean-Jacques Rousseau en a écrit un ! Ce sont des œuvres de toute beauté. Si vous aimez la musique, écoutez !

    Surtout en ces temps où nous sommes privés de liturgie, cet office nous permet de nous unir à toute l’Eglise en prière.

    Lire les textes de l’Office DES TÉNÈBRES - JEUDI SAINT


    Message 11

    Vivre le sacrement de Réconciliation
    en période de confinement

    Chers amis, voici la réponse du Pape François aux questions inédites qui se posent à chacun de nous en cette période préparatoire à Pâques, au sujet du sacrement de réconciliation.
    Le pape François parle de la « bonne habitude chrétienne » de la confession en général et de la confession pascale en particulier, qui est particulièrement importante.
    On peut tout de même penser que cette fameuse « bonne habitude chrétienne » s’est pas mal évaporée ! Or notre pape rappelle que « la confession individuelle et intégrale suivie de l’absolution demeure le seul mode ordinaire par lequel les fidèles se réconcilient avec Dieu et l’Église ».
    Que le mode extraordinaire dont il nous entretient, ne nous fasse pas oublier cela. Le confinement peut nous faire réfléchir à ce dont nous nous privons en matière de sacrements, alors qu’ils sont disponibles et source de bienfaits inestimables.
    C’est une façon aussi de réfléchir à notre mission, nous les prêtres. Voilà bien ce que nous avons à faire – être ministres de la réconciliation : « Tout vient de Dieu qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et nous a confié le ministère de la réconciliation » (2 Co 5,18) -, et si nous n’avons plus à le faire, cela interroge notre existence même.
    P. Jacques Bréchoire

    « Mais que faire lorsque cette bonne habitude chrétienne n’est plus possible, en ce moment quand on ne peut quitter sa maison pour trouver un prêtre et qu’il ne peut pas non plus venir chez soi ? La réponse du Pape est claire. Évoquant ce que chacun peut lire dans le Catéchisme de l’Église Catholique :
    « Si tu ne trouves pas un prêtre pour te confesser, parle à Dieu, il est ton Père, et dis-lui la vérité : ‘’Seigneur, j’ai fait ceci, cela, cela … Pardonne-moi’’, et demande-lui pardon de tout mon cœur, avec l’acte de contrition et promets-lui : ‘’Je me confesserai plus tard, mais pardonne-moi maintenant’’. Et immédiatement, vous reviendrez à la grâce de Dieu. Vous pouvez vous-même approcher, comme le Catéchisme nous l’enseigne, le pardon de Dieu sans avoir un prêtre à portée de main »
    Le pape fait ici allusion notamment au numéro 1484 du Catéchisme. Celui-ci indique que « la confession individuelle et intégrale suivie de l’absolution demeure le seul mode ordinaire par lequel les fidèles se réconcilient avec Dieu et l’Église ». Ce mode correspond à la bonne « habitude chrétienne » dont parle le pape. Mais le catéchisme précise : « sauf si une impossibilité physique ou morale dispense d’une telle confession ». Aux yeux du pape, si aucune rencontre personnelle avec un prêtre n’est possible, les conditions actuelles de confinement « dispensent » donc du mode ordinaire. On lit aussi dans l’homélie que, pour bien vivre cette dispense, il convient de se donner les moyens d’un vrai dialogue avec le Seigneur pour lui demander pardon et lui promettre d’aller se confesser plus tard. Vivre un temps pénitentiel personnel. Dans ces conditions inhabituelles, en attente de pouvoir se confesser, chaque catholique est invité à vivre un temps pénitentiel personnel qui pourrait suivre le déroulement suivant :
    - Se mettre à part, dans un lieu où l’on disposera une croix, une bougie ou tout ce qui aide à la prière.
    - Faire le signe de croix et se mettre en présence de Dieu qui aime comme un père. - Lire un texte de la Parole de Dieu. Par exemple Osée 14, 2-10, le texte que le pape commentait dans l’homélie du 20 mars ou Lc 15,11-32 « Le fils prodigue », Jn 21,15- 19 (« Pierre, m’aimes-tu ? »), 1 Jn 3, 11-24 (« Aimer en actes et en vérité ») ou un autre texte, peut-être celui de la messe du jour.
    - Prendre le temps de lui dire :
    « Seigneur, j’ai fait ceci, cela, cela … Pardonne-moi ».
    - Puis lui demander pardon « de tout mon cœur, avec l’acte de contrition » : « Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous avoir offensé parce que vous êtes infiniment bon et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence ».
    - Enfin lui promettre, à haute voix si cela est possible : « Je me confesserai plus tard, mais pardonne-moi maintenant ». - Terminer par un Notre Père pour lui rendre grâce et lui confier en particulier tous ceux et celles qui souffrent le plus dans leur corps, leur cœur ou leur âme.


    Message 10

    Homélie
    Dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur

    (Lire les textes du jour)

    Chers amis,
    La fête des Rameaux si populaire et attachante, va perdre cette année ses signes propres : les buis qu’on agite avec joie, pour revivre l’entrée de Jésus à Jérusalem, et le long récit de la Passion que nous écoutons debout, avec grand respect. Mais sans les signes, la fête demeure : notre religion est scandée par les fêtes, c’est ce qui fait son attrait.

    En ce moment si particulier de notre histoire personnelle et de l’histoire du monde, on peut penser que, justement, notre tête n’est pas à la fête, elle pense à d’autres choses, notre tête ! Si nous ici, vivons le confinement sans trop de troubles du fait que notre région n’est pas trop atteinte, dans les régions touchées ce n’est pas le cas : nos frères chrétiens, là où l’on meurt, où on se bat pour soigner, vivront cette fête avec bien plus de gravité. Partageons leur gravité. Mais la fête demeure pour eux comme pour nous.

    En effet, il y a quelque vérité à fêter en ce jour, le Seigneur qui se présente en sa Passion douloureuse et dramatique, pour sauver les créatures de son Père, ses frères en humanité. La fête n’est pas idiote : elle le serait si elle faisait l’impasse pour un moment sur les malheurs du monde, comme si pour fêter les Rameaux, il fallait se boucher les yeux et les oreilles pour être confortablement joyeux.

    Toujours est-il, donc, qu’aujourd’hui, Jésus est acclamé par la foule à Jérusalem, et par nous ici devant notre téléviseur demain sur F2 pour la messe dominicale. L’acclamation pleine de fraîcheur et d’entrain des gens de Jérusalem, c’est la nôtre, identique : « Hosannah au fils de David ! » Par cette acclamation propre aux Rameaux, nous exprimerons nous aussi notre fierté de connaître Jésus, le Christ envoyé du Père, et de l’accueillir dans son éternelle présence de ressuscité et de sauveur : Oui, Seigneur, tu es grand, de la grandeur de Dieu, Hosannah.

    Toujours est-il aussi qu’aujourd’hui, Jésus entre dans sa Passion, proclamée solennellement dans l’Evangile. Pourquoi ne pas l’écouter debout devant notre téléviseur ? Là aussi, quelle fierté pour nous d’avoir part aux souffrances de Jésus, souffrances qui nous sauvent, qui sauvent le genre humain. Les malheurs de Jésus racontés en détail (trahison, arrestation, jugement, reniement, exécution, mise au tombeau) sont le trésor des Ecritures, le trésor de l’Eglise. Veillons sur ce trésor : partageons le, transmettons-le de génération en génération. Le récit de la Passion nous élève au-dessus de nous-mêmes, il nous fait vivre. « Mais Jésus poussant un grand cri, rendit l’esprit. » Tout est grand dans ce récit, et le péché, notre péché, petit.

    Un bel auteur français, Charles Péguy se fait l’écho de cette grandeur, avec son génie littéraire :

    « Et il est sorti victorieux de ce combat
    Les armes de Jésus, c’est sa croix équarrie
    Voilà son armement, voilà son armoirie
    Voilà son armature, voilà son armurerie.

    Les armes de Jésus, c’est sa face maigrie
    Et les pleurs et le sang dans sa barbe meurtrie…
    Et l’injure et l’outrage en sa propre patrie.

    Les armes de Jésus, c’est ce frêle roseau
    Et le sang de Jésus de son flanc coulant comme un ruisseau
    Les disciples poltrons, voilà sa confrérie
    Pierre et le chant du coq, voilà sa seigneurie
    Voilà sa lieutenance et sa capitainerie.

    Les armes de Satan ont eu raison de lui. »

    Mais non, c’est son Père qui a eu raison de lui, en le ressuscitant et en nous le rendant plein de salut et de gloire : Pâques bientôt !

    Mais avant : Semaine Sainte, confession des péchés, conversion !
    Bien unis,

    P. Jacques Bréchoire
    curé de la Paroisse Saint Junien en Mellois


    Message 4

    Bonne fête à ceux (et celles) qui s’appellent Joseph (Josèphe) !
    Un petit moment de joie dans notre confinement.

    Concernant les sépultures, comme nous l’avons dit : pas de cérémonie à l’église ; possibilité d’un temps de prière au cimetière (en prenant des textes du fascicule Fêtes de Saison) ; sans rite d’aspersion. On peut ajouter (selon les recommandations de la Conférence épiscopale) que les prêtres célèbrent chez eux la messe pour les défunts, ils auront donc à coeur, pendant les messes qu’ils célébreront seuls, de prier pour ces défunts et pour leurs proches. A la fin de cette crise, une messe sera célébrée pour ceux qui nous auront quittés en cette douloureuse période. Nous pensons déjà à tous ceux qui vivent un deuil en ces jours.

    Utilisez aussi le site du Diocèse : notre archevêque nous adresse chaque jour la parole. : https://www.poitiers.catholique.fr/

    N’hésitez pas à me communiquer vos questions, vos avis, ainsi qu’aux membres de l’Equipe pastorale.

    Jacques Bréchoire, curé de la Paroisse st-Junien en Mellois.


    Chers amis, je vous fais parvenir le message de Mgr Pascal Wintzer au sujet du coronavirus., accompagné de directives pour la paroisse.

    1 -Voici le message

    « La crise sanitaire qui frappe le monde appelle à des ajustements, parfois quotidiens, en fonction de l’évolution de la pandémie ; il importe donc que chacun exerce sa vigilance et son esprit de responsabilité.
    La première chose est de respecter les consignes données à l’ensemble de la population par nos gouvernants.
    Pour l’Église catholique, dans notre diocèse, les mesures formulées le 29 février demeurent ; les nouvelles sont rappelées ci-après.

    Étant donné que les écoles, collèges, lycées et universités sont fermés à compter du lundi 16 mars, il convient que toute activité avec des enfants et des jeunes soit suspendue jusqu’à nouvel ordre.

    De même les réunions qui sollicitent la présence de personnes âgées de plus de 70
    ans.

    En conséquence, en dehors des liturgies qui ne doivent pas dépasser 100 personnes suffisamment espacées, je demande que dans le diocèse, toutes les réunions soient ajournées.

    Cette situation inédite, et qui suscite d’autant les peurs, appelle les chrétiens que nous sommes àne pas déserter la prière, bien au contraire.
    Pour cela, on saura profiter de toutes les ressources dont nous disposons : la lecture de l’Écriture sainte avant tout, mais aussi le chapelet et tout ce qui est disponible en ligne. L’amour et la confiance dans le Seigneur nous encouragent à une charité fraternelle qui s’exprime, aussi, dans la vigilance dans nos comportements, communautaires et personnels. Je remercie chacune et chacun de vous pour son esprit de responsabilité et sa sérénité dans la foi. Je vous remercie d’accompagner les communautés à traverser cette épreuve en ce temps de carême,

    + Pascal Wintzer
    Archevêque de Poitiers
    Le 13 mars 2020ers amis,

    2 –Consignes pour notre paroisse

    Pour notre paroisse, cela veut dire
    - que nous suspendons les activités de catéchèse et d’aumônerie.
    - que nous suspendons les rencontres sollicitant des personnes âgées de plus de 70 ans.
    - que nous suspendons toutes les assemblées liturgiques, messes et autres célébrations jusqu’à nouvel ordre.
    - pour les sépultures, le Père Russeil, vicaire général de notre diocèse, demande que l’on choisisse une grande église. Pour le nombre de participants, le vicaire général nous demande de discerner par nous-mêmes. On pourrait imaginer une participation limitée à 100 personnes, ceci est à voir. Mieux vaut ne pas faire le rite de l’eau bénite (sauf pour celui qui conduit la cérémonie), ni toucher le cercueil.

    Merci aux délégués pastoraux de lire ce message demain aux messes ou assemblées. Merci à eux, avec les prêtres de la paroisse, de mettre localement en place ces nouvelles façons de faire.

    En fonction des situations nouvelles qui se présenteront, et suite à vos questions, nous aviserons et vous informerons.

    Bien unis en cette épreuve : elle nous demande de l’unité et de la solidarité. Et comme le souligne Monseigneur Pascal Wintzer, elle nous demande une intense prière pour tous ceux qui sont impliqués : malades, soignants, dirigeants. Ainsi que les enfants, jeunes, personnes âgées qui vont souffrir de cette situation. Et nous tous finalement. Fraternellement

    JacquesBréchoire,
    curé de la paroisse
    06 84 03 75 10
    Jacques.brechoire@orange.fr

    3 –Message du P. Jean-Paul Russeil

    Vous avez dû recevoir normalement le message - consignes à mettre en œuvre pour le coronavirus - de l’archevêque par le service communication.
    Ce message est également sur le site du diocèse. Vous trouverez également la lettre indiquant les recommandations du président de la CEF, Mgr Eric de Moulins Beaufort.
    En fait, ces consignes provenant du gouvernement ne seront applicables (moins de 100 personnes pour un rassemblement) qu’à partir de lundi, jour de la publication au Journal officiel (je viens d’avoir l’information par le directeur de cabinet de la préfète de la Vienne). Il n’y a donc pas de difficulté pour ce week-end. C’est une occasion de bien expliquer les consignes à mettre en œuvre dans votre paroisse ces prochaines semaines.

    Les consignes rendent très sensibles à deux types de populations particulièrement vulnérables : enfants et jeunes ainsi que personnes âgées (à partir de 70 ans). Ceci nous rend attentifs particulièrement aux prêtres ayant passé 75 ans, à plus forte raison pour ceux qui ont passé 80 et 85 ans.

    Je vous remercie d’exercer votre discernement pour voir ce qui convient dans le respect des règles édictées pour le bien de tous.
    Je vous assure de ma disponibilité,

    P. Jean-Paul Russeil