• Logo
  • Dans la parabole rapportée par l’évangéliste Loukas « Le riche et le pauvre Lazare » (Luc 16, 19-31) il est clair que Yéshoua de Nazareth s’adresse à un auditoire de gens fortunés, composé vraisemblablement de publicains, ces fonctionnaires juifs qui prélevaient les taxes au profit des envahisseurs romains et qui étaient effectivement des personnages sans scrupules.

    Dans le récit de Saint Luc, ce qui apparaît immédiatement, c’est l’importance qui est donnée au personnage d’Abraham qui est cité 7 fois dans le déroulement de la parabole.
    Abraham est considéré comme le « Père des croyants » tant au sein du judaïsme que dans les religions chrétienne et musulmane ; tous les « gens du Livre » vénèrent cette figure ancestrale.
    Au verset 22 de la parabole, nous relevons l’expression « Sein d’Abraham » : « Le pauvre mourut… et il fut porté par les anges dans le « Sein d’Abraham ». Dans le judaïsme le « Sein d’Abraham » est la demeure des justes après la mort en attendant la résurrection.

    Dans la parabole, le personnage visé par l’enseignement du Christ est manifestement le riche « qui s’habillait de pourpre fin et qui faisait chaque jour de brillants festins ». (Luc 16, 19)
    Le riche, dont on ignore même le nom, a accumulé de grands biens ; aveuglé par ses richesses il ne voit pas le pauvre gisant sur le seuil de sa villa luxueuse. Ces mêmes richesses ont creusé un abîme entre lui et Dieu, entre lui et ses frères souffrants.

    À l’inverse de ce qui se passe dans nos sociétés, c’est le pauvre qui est considéré et qui est digne d’être appelé par son nom « Lazare ». En hébreu, Lazare se dit Eleazar, ce qui signifie « Dieu aide ».

    Il est important de spécifier que le riche n’est pas soumis aux tourments parce qu’il a accumulé des richesses (les richesses, fruits du travail de l’homme, sont évidemment légitimes), mais parce qu’il n’a pas été compatissant envers le pauvre Lazare.

    Il faut préciser que les tourments dont souffre le riche consistent en la privation de la contemplation de Dieu ; c’est ainsi qu’est conçue l’éternité bienheureuse. « Quant à moi, par la justice, je verrai ta face. Dès le réveil je me rassasierai de ton image. » (Psaume 17,15)

    La situation de notre Crésus est devenue insupportable ; il comprend désormais qu’il est rejeté par Dieu-lu-même ; bon prince cependant, dans un réflexe ultime il implore Abraham d’envoyer Lazare avertir ses frères pour qu’ils se convertissent.
    La réponse du « Père des croyants » ne se fait pas attendre : « S’ils n’écoutent pas Moïse, ni les prophètes, même si quelqu’un ressuscite d’entre les morts, ils ne seront pas convaincus. » (Luc 16, 34)

    Ceux qui, comme le riche de la parabole, ont fait le choix d’ignorer les pauvres, les miséreux, tous les souffrants de notre société, se sont engagés sur un chemin qui conduit au néant :

    « Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger.
    J’ai eu soif, vous ne m’avez pas donné à boire ».

    Parole du Seigneur
    (Matthieu 25, 42 et suivants)

    Père Joseph GUILBAUD

    Lire les autres textes du Père Joseph GUILBAUD