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  • Heureux les pauvres de cœur

    Ils sont venus, ils sont tous là : ceux de Tibériade et de Guinosar au sud du Lac, ceux du nord venus de Corozaïn et de Bethsaïda.
    « Quand il vit la foule qui le suivait, Jésus (les gens l’appelaient Yéshoua) gravit la montagne ».
    Il y avait les apôtres qui serraient de près le prophète Yéshoua de Nazareth.
    Il y avait les vieillards, assis à l’ombre des oliviers ; les mains appuyées sur un bâton noueux – noueux comme leurs membres de vieux.
    Il y avait les enfants qui faisaient trop de bruit et agaçaient les adultes. Il y avait sans doute l’enfant aux cinq pains et deux poissons.
    Il y avait Marie de Magdala et ses compagnes, curieuses, à demi voilées derrière un rideau d’eucalyptus.

    Yéshoua s’assit et se mit à les instruire :
    « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux ».

    « Heureux »

    Les évangiles sont écrits en grec. Le mot « heureux » en français traduit le mot « makarios ». Le mot « makarios » traduit le mot utilisé par le Christ en hébreu « ashar ». Le mot « ashar » signifie « marcher », « aller de l’avant ».
    Ce mot évoque donc un « état de bonheur dans une marche en avant.
    L’exégète israëlite André Chouraqui traduit la première béatitude par « en marche » les pauvres de cœur.

    « Les pauvres de cœur »

    Les « pauvres de cœur » dans la langue du Christ, ce sont les « anawim » : ceux qui vivent une pauvreté intérieure ; ainsi l’opposition voulue par le Christ n’est pas entre le pauvre et le riche (point de vue matériel) mais entre le pauvre et le prétentieux.
    Ce qui caractérise le pauvre de cœur, c’est quand la personne se fie à Dieu et non pas à elle-même.
    Le prophète Sophonie (3, 11-12) nous le rappelle : « Je ne laisserai subsister au milieu de Toi qu’un peuple petit et pauvre, qui aura pour refuge le nom du Seigneur ».
    Paul de Tarse le confirme, le pauvre c’est celui qui a fait le vide dans son cœur, laissant ainsi la place à la grâce, au don de Dieu. Le pauvre est celui qui est habité de Dieu.

    « Le Royaume des cieux est à eux »

    Dans cette expression, je relève que le verbe être est conjugué au présent ; c’est dire que le Royaume appartient aux pauvres de cœur dès maintenant. Le bonheur est donné dès maintenant et pour l’éternité à ceux qui sont habités de Dieu : les Saints.

    En évoquant les saints je pense, entre autres, à Saint François d’Assise, celui qui a ressemblé au plus près au Christ. Il parlait de « Dame pauvreté ». François meurt dans le dénuement le plus total, mais tellement riche de Dieu.

    Je pense à Mère Teresa se penchant inlassablement sur le lit des miséreux - les yeux remplis d’amour pour l’homme – le cœur rempli d’amour pour Dieu.

    Si sur cette terre vous êtes des mendiants de Dieu,

    « soyez dans la joie et l’allégresse,
    car votre récompense est grande dans les cieux ».

    en la fête de tous les saints

    Père Joseph GUILBAUD

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