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  •  Femme, où sont-ils ?

     
    Dans l’évangile de Yohanan (St Jean), l’épisode de « la femme adultère » nous révèle une profonde connaissance de la personne humaine de la part du prophète Yéshoua (c’est ainsi que les gens l’appelaient) ; ce texte manifeste aussi l’humour du Christ face à la raideur des pharisiens et des scribes de son temps.
     

    Avant d’en venir à une relecture du texte (Jn 8, 1-11) une remarque étonnante : en raison de la maladresse d’un copiste puritain et mal inspiré (selon certains exégètes), ce récit, à une certaine époque, avait été retiré de l’évangile johannique. Peut-être, avait-il été considéré comme scandaleux.
     

    Je ferais observer que ce passage de l’Ecriture nous révèle la façon de faire de Yéshoua de Nazareth dans l’annonce de sa Parole. Le Christ utilise fréquemment la « parabole », parfois aussi il s’empare d’un fait vécu pour en tirer un enseignement ; c’est le cas dans le récit de « la femme adultère ».
     

    « Les scribes et les pharisiens lui amenèrent une femme qu’on avait surprise en adultère » (Jn 8, 3)
     

    Le mot « adultère » dans notre culture se définit « violation de la fidélité au mariage ». Dans la culture israëlite – selon la loi de Moïse et au 1er siècle de notre ère – l’adultère suivait une législation différente. Pour la peine encourue en cas d’adultère les condamnations étaient distinctes selon que la femme était mariée ou non : s’il s’agissait d’une femme mariée, elle était condamnée à être étranglée. Par contre une femme non-mariée, ayant commis un adultère, était condamnée à être lapidée.

    Dans le récit qui nous est conté par l’évangéliste, la femme qui est accusée est une femme non-mariée, car les pharisiens – qui connaissent bien la loi ! – l’ont amenée pour être lapidée. En somme, la femme adultère en question étant non-mariée, selon la coutume juive du mariage au 1er siècle, serait une femme plutôt jeune (15-18 ans).
     
     

    Venons-en maintenant à l’évènement qui se déroule sur le sable de la cour du Temple de Yérushalayim (Jérusalem) ; une femme est surprise en flagrant délit d’adultère par les scribes et les pharisiens. Mais au fait, que faisaient-ils là ces champions de la morale ? Dans quelle mesure a-t-on le droit de s’occuper de la morale des autres ? Un illustre paroissien d’antan me disait souvent : « La morale, c’est la manière d’être de la liberté des gens ».

    Maintenant voilà que ces mêmes pharisiens s’érigent en tribunal (Jn 8, 3 et 4) : « Ils la font avancer ». L’évangéliste ajoute : « Ils parlaient ainsi pour mettre Yéshoua à l’épreuve et l’accuser ». Le prophète de Galilée va-t-il abolir la loi de Moïse pour la remplacer par sa loi d’amour ? C’est ainsi qu’ils traîneront le Christ devant le tribunal du Sanhédrin pour le faire condamner et crucifier.

    Donc finalement ces champions de l’accusation condamnent en même temps et la jeune femme et Yéshoua lui-même.
     

    La scène se poursuit ainsi : Yéshoua s’était baissé et du doigt écrivait sur le sable ; c’est la seule fois, dans les Ecritures, où l’on voit le Seigneur écrire. Mais Christ Yéshoua n’a pas besoin d’écrire, il fait prendre conscience de son message, c’est la force du témoignage vivant.
     

    C’est alors que jaillit l’humour du Christ : phrase extraordinaire d’à-propos, de connaissance du cœur de l’homme – phrase qui fait exploser en même temps, l’intégrisme religieux, le légalisme suffisant, l’orgueil des pharisiens, la belle assurance des scribes.

    « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre » (Jn 8, 7)
     

    La scène tourne au ridicule : « Ils s’en allèrent l’un après l’autre, en commençant par les plus âgés » (Jn 8, 9). L’aveuglement des pharisiens cependant n’est que relatif ; ils font preuve d’une certaine honnêteté de conscience en se retirant.
     

    « Femme, où sont-ils ? Le reporter Yohanan écrit : « Yéshoua resta seul avec la femme en face de lui ».

    Elle seule a pu regarder le Christ, les yeux dans les yeux – là-bas – sur le sable de la cour du Temple de Yérushalayim.
    Aujourd’hui, nous en sommes persuadés, la jeune femme le regarde face à face dans son Royaume éternel.
     

     
    Cette histoire nous est racontée par un témoin, membre de la communauté de Yérushalayim ; l’évangéliste Yohanan (Jn 8, 1 à 11)

    Père Joseph GUILBAUD

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