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  • Accepter de se reconnaître pécheur, chemin de sérénité

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    Introduction : La confession n’est pas toujours facile. Beaucoup hésitent à faire le pas. Ils restent au seuil de leur âme sans jamais entrer au plus profond d’eux-mêmes, là où Dieu les attend. La vie est un long cheminement, un pèlerinage qui se poursuit à travers des gains et des pertes, des joies et des peines. Ce pèlerinage commence à notre naissance et prend fin au moment de notre mort.
    En cette année de la miséricorde, chacun de nous est invité à prendre très humblement conscience de ses limites, de ses péchés pour imiter l’attitude de l’enfant prodigue qui est revenu vers son père pour lui demander la réconciliation. Notre Dieu qui est un Père de tendresse, lent à la colère et plein d’amour nous attend pour nous accorder son pardon et sa miséricorde.
    Toute notre existence, nous vivons des pertes qui, lentement, et parfois plus brusquement, nous font traverser une nouvelle étape. Nous sommes un peuple en exode qui passe par des morts et des résurrections. C’est ce retour vers le Père qui nous donne d’accepter de nous reconnaître pécheur et d’emprunter ce chemin de sérénité et de vérité.

    Au fond, les évènements de notre vie nous posent toujours la question : « D’où viens-tu ? Et où vas-tu ?  » (Gn 16 : 8). L’Ange de Yahvé lui dit : « Retourne chez ta maîtresse et sois-lui soumise ». Le retour que l’homme est invité à perpétuellement faire retour vers son Dieu ce chemin de sérénité et de prise de conscience de nos faiblesses. Il faut revenir à Dieu et lui être soumis. La première chose que nous devons accepter, pour débuter ce cheminement, c’est d’être des êtres humains incarnés car le premier choix à la base de toute croissance humaine est de s’accepter soi-même tel que l’on est ; accepter sa réalité, telle qu’elle est avec ses dons, ses faiblesses, avec toutes ses limites et ses blessures. La croissance humaine commence quand on accepte sa propre humanité, limitée, pauvre, mais belle aussi.

    Dans la vie spirituelle, il y a un danger subtil, et cependant pernicieux de vouloir plus ou moins consciemment faire l’humain pour se refugier dans un univers qualifié faussement de spirituel. Mais la vie nous apprend, souvent un peu tard, que celui ou celle qui veut faire l’ange risque un jour de faire la bête ! Cette bête que nous n’avions pas apprivoisée, mais refoulée, est toujours prête à se réveiller.

    Nous avons tous la tentation de fuir et de nier notre réalité d’homme et de femme incarnés en nous réfugiant dans l’imaginaire ou le spirituel pur. Accepter son humanité réelle est pourtant le seul moyen d’accéder à la véritable spiritualité chrétienne et à l’équilibre émotionnel. Tous les psychologues, rejoignant ainsi les vrais maîtres spirituels, diront que toute maladie de l’âme et de l’esprit implique quasiment à chaque fois un certain rejet ou dédain de la réalité de l’être humain incarné. La base de l’humilité, c’est d’abord d’accepter le réel et de s’accepter pécheur.

    Les saints et les saintes ne sont pas du tout ce que l’on pense et ce que l’on s’imagine qu’ils sont. On n’a pas assez pris au sérieux les affirmations de la plupart des saints et des saintes sur la multiplicité de leurs faiblesses. On a cru qu’ils faisaient semblant de se reconnaître pécheurs, on a pensé à un scrupule excessif ou à une modestie un peu maladive. La réalité est tout autre, on ne vit pas, avec son cœur, ardemment et profondément, sans rencontrer à tous moments ses limites, ses faiblesses, sans multiplier les collisions, les glissements, les dérapages. La vertu naturelle est affaire de forts, d’adultes, de puissants, de religieux, non de faibles, d’enfants et de saints.

    Les saints ne sont pas des « vertueux » au sens moral, ils ne sont même pas des volontaires ou des héros, ils sont avant tout des amoureux qui, dans leurs faiblesses, confessent leur faute, sans fausse culpabilité. « J’éprouve une joie bien vive, avouait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, non seulement de savoir que je suis imparfaite, mais surtout de le sentir moi-même, et d’avoir besoin de la miséricorde ».

    Après avoir accepté notre humanité foncière et notre imperfection, il nous faut faire un pas de plus et nous accepter comme pécheurs. Pour retrouver notre cœur de chair, dans ce long cheminement vers la sérénité, il y a ce passage obligé où nous devons accepter d’enlever notre masque, accepter d’être pécheur et même accepter ce pharisaïsme inconscient qui nous habite souvent.

    Pourquoi donc est-il question si souvent des pharisiens dans l’Évangile ? La parole de Dieu veut-elle simplement nous dire que cela existait il y a deux mille ans, au temps de Jésus ? Si nous devons lire la Parole de Dieu non seulement «  en ce temps là  », mais surtout « en ce temps se poserait-il que nous devions tous nous regarder dans le miroir du personnage du pharisien " ? Se pourrait-il qu’en chacun et chacune de nous se cachent un pharisien inconscient ? Les pharisiens étaient des gens comme nous.

    Nous avons tous un certain degré de pharisaïsme en nous. Dans l’Évangile, Jésus les appelle hypocrites, menteurs, serpents, meurtriers et sépulcres blanchis ! Il nous est difficile d’admettre que nous pourrions devenir l’un d’eux, et pourtant … Il y a en nous cette blessure originelle qui nous porte à nous cacher derrière notre personnage, à chercher le pouvoir, la domination, à nous élever au- dessus des autres. Nous aussi, comme les pharisiens, nous pouvons devenir « aveugles  » (Mt 23 : 16-17 ; 19 : 24-26), « serpents (Mt 23 :33), «  engeance de vipères  » (Mt 3 :7 ; 12 :34 ; 23 :33) et même « menteurs et hypocrites  ».

    Bien des êtres ne s’efforcent pas d’ »être quelqu’un  », mais de «  valoir quelque chose" ; ils ne désirent pas remplir leur âme ou nourrir leur cœur, mais occuper une « position », ne se demandent pas ce qu’ils portent au fond d’eux-mêmes, mais quel habit, quel masque revêtir. Comme dit un adage : « Vos paroles peuvent mentir, votre corps jamais  ».

    Combien de personnes ont refoulé leur cœur et caché leurs blessures pour devenir un « personnage ». Le début de la véritable humilité et de la guérison de notre pharisaïsme, c’est de s’apercevoir combien nous sommes orgueilleux. C’est une lumière terrible de commencer à voir que même notre générosité et notre désir de faire du bien sont souvent mêlés d’orgueil pharisaïque.

    Jésus dit aux Pharisiens qu’ils sont «  aveugles ». Nous aussi, il nous arrive d’être aveugles comme eux. Premièrement, nous sommes souvent aveuglés par l’admiration que les gens ont pour nous, par l’estime que subtilement l’on recherche pour se valoriser. Comme le disent si bien les proverbes suivants : «  Nul n’est prophète en son pays  » et « il n’y a pas de grand homme pour son valet de chambre  ». Les pharisiens étaient des gens grandement estimés, mais ils étaient prisonniers de leur image idéalisée, ce qui les conduisait au mensonge et à l’hypocrisie.

    En second lieu, nous sommes parfois aveuglés par nos principes moraux et nous regardons de haut les pécheurs et les pécheresses qui sont tombés bien bas, pense-t-on. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus voulait vivre avec des anciennes prostituées afin de passer comme telle aux yeux de tous. Voilà la vraie sainteté. Nous sommes tous un peu pharisiens et nous nous croyons justes. Finalement, nous sommes parfois aveuglés par nos connaissances et même notre théologie. La connaissance intellectuelle, cérébrale et théologique sans amour et sans humilité peut masquer facilement notre misère.

    Jésus disait aux pharisiens : « Si au moins vous disiez : Nous sommes aveugles, je vous guérirais, mais vous dites : « Nous voyons, votre péché demeure ».

    Nous avons souvent au plus profond de nous l’idée que l’amour doit se mériter, que nous devons gagner l’affection des autres par nos actes. Nous manquons tous plus ou moins de confiance en nous, nous nous cachons sous une fausse assurance car nous avons peur de reconnaître nos faiblesses et nos fautes. En fait, si nous ne nous sentons pas acceptés pour nous-mêmes, si nous ne nous sentons pas aimés inconditionnellement pour ce que nous sommes, alors nous essaierons inlassablement de trouver des moyens de nous affirmer par nos œuvres. L’être humain désire ardemment être accepté tel qu’il est. Rien, dans la vie, n’a un effet aussi durable et aussi fatal que l’expérience de n’être pas aimé et accepté pour soi-même.

    Le pharisien est comme un enfant qui ne se sent pas accepté. Il a besoin d’étaler ses vertus : «  Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : « Mon Dieu, je te rends grâce de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes qui sont rapaces, injustes, adultères, ou bien comme le publicain  » Lc 18 :11. Il a tellement peu confiance en lui que l’opinion des autres a beaucoup d’importance pour lui : En tout ils agissent pour se faire remarquer des hommes et aient à occuper le premier divan dans les festins et les premiers sièges dans les synagogues, souligne Matthieu (23 : 5-7). Le but du pharisien est de préserver son image et de vivre de façon telle qu’il ne commette aucune faute. Ce qui paraît être de l’hypocrisie révèle en fait que le pharisien est incapable de s’accepter et ne s’aime pas lui-même dans sa faiblesse. Il a besoin de montrer ses vertus, ses prouesses, ses réalisations. Il a besoin de se redire à quel point il est quelqu’un de merveilleux, d’extraordinaire, de vertueux, et il a encore plus besoin que les autres le suivent et l’admirent car, tout au fond de lui-même, derrière sa carapace, il se sent très fragile et très menacé.

    Accepter de se confesser fait partie du long chemin vers la sérénité. Ne faut-il pas un jour se réconcilier avec sa vie et son passé, avec soi-même et avec Dieu, pour être enfin dans la paix ?

    La confession répond à un besoin profond du cœur humain. Par les mots «  confession » ou « se confesser », il faut entendre le besoin d’être vrai de s’ouvrir, d’enlever son masque, d’avouer sa vie et son passé à un autre sans rien cacher. Il faut aussi entendre, en tant que catholique, l’aveu au prêtre, aveu qui tend de plus en plus à se diluer dans une sorte de démarche sans aveu individuel. Pour ceux et celles qui ont la foi, la démarche de se confesser vraiment, en verbalisant devant un être humain ses faiblesses et ses péchés, même les plus secrets et les plus difficiles à avouer, est un facteur non négligeable de libération profonde et réelle.

    Lorsqu’un homme s’approche de Dieu, il voit de plus en plus clairement le mal qui subsiste en lui. Quand un homme se dégrade, il a de moins en moins conscience de son lamentable état. Un homme moyennement mauvais sait qu’il n’est pas vraiment bon ; un homme complètement déchu pense qu’il est parfait. Nous avons beaucoup de difficultés à nous connaître vraiment. Nous nous croyons tous de très bonnes personnes.

    S’accepter pécheur n’est pas facile. Nous préférons de beaucoup nous reconnaître pécheur en général et recevoir une ou deux fois par année une absolution générale que d’être obligé de dire vraiment que nous sommes pécheurs et d’avouer devant quelqu’un en quoi nous le sommes.

    Un psychologue, un médecin ou un maître peuvent être capables de soulager certains complexes, mais aucun ne peut supprimer la cause fondamentale de tous les conflits. Dieu seul peut le faire en apportant à l’homme ce que celui-ci ne peut produire. Si quelqu’un a une maladie morale qui est un péché, il ne retrouvera la santé que grâce aux moyens institués par Dieu pour rendre à l’homme la paix spirituelle.

    Dire nos secrets sans rien cacher et avouer vraiment nos fautes n’est pas chose facile pour notre ego. D’énormes forces de résistance intérieure rendent la connaissance de soi très difficile. Tout homme ressent instinctivement de la répugnance à s’ouvrir à fond, à se voir et à se faire voir, ne fut-ce qu’un bref instant tel qu’il est en réalité. Certes il est difficile et humiliant d’avouer nos fautes en allant jusqu’aux racines. C’est pourtant l’unique chemin qui conduit à la sérénité et à la paix du cœur.

    Les saints et les saintes étaient tous des êtres blessés comme nous, ne l’oublions pas. Ils avaient des défauts comme nous et parfois même, de plus grands défauts que nous. Mais plus ils avançaient dans leur cheminement, plus ils s’avouaient faibles et pécheurs, plus ils voulaient qu’on connaisse leur fragilité. C’est le «  Je me réjouis d’être imparfaite  » de Thérèse de l’Enfant Jésus.

    Les vrais saints, purifiés de leur ego, deviennent les plus humains des humains, désarmés comme des enfants. Ils savent rire et pleurer, ils n’ont personne à qui plaire, alors ils sont terriblement libres. Un vrai saint n’est jamais pharisien et, en même tems, il nous dérange souvent, car nous n’aimons pas trop les hommes et les femmes libres. Nous trouvons quelquefois qu’ils manquent de diplomatie ou de nuances. Ils disent parfois la vérité comme des enfants et, comme on le sait, la vérité blesse et choque.

    Cette année décrétée par le pape comme année de la miséricorde, est un temps très favorable pour donner à chacun son identité et sa dignité d’enfant de Dieu. Pour réussir cette démarche le pape insiste beaucoup sur la nécessité de cet aveu personnel des fautes suivi de l’absolution individuelle. Le peuple de Dieu n’est pas un troupeau uniforme ; chacun de ses membres est unique devant Dieu. Certes, la confession de nos fautes comporte quelque chose d’angoissant car elle implique la mort de notre image idéalisée que nous voudrions tellement préserver.

    La connaissance des autres hommes et la connaissance de soi ne sont pas du tout identiques. Nous constatons souvent qu’une personne pénètre parfois très profondément et très loin dans la psychologie des autres, mais n’arrive pas du tout à une véritable autocritique. Notre moi est déformé et entaché d’illusions. Cette image de soi illusoire, forgée selon nos désirs, n’est pas conforme à la réalité, telle que les autres, et Dieu surtout, la voient. Or tout homme qui s’élève et s’idéalise sera abaissé par Dieu, souligne saint Luc (18 :2). Nous mettons le doigt sur les péchés des autres, mais nous faisons une exception pour nous-mêmes en mettant notre cas personnel entre parenthèses. Il arrive qu’on ne voit aucun inconvénient à se reconnaître pécheur, en général, mais qu’on proteste avec fureur quand on nous impute un méfait déterminé !

    Se confesser, c’est retrouver notre véritable identité, révéler notre intimité la plus secrète à une autre personne humaine … Se décider à faire une vraie et complète confession cela veut dire que nous ne pouvons demeurer la même personne après cet acte. La difficulté d’amour se change peu après en paix et joie. Se révéler à quelqu’un, c’est prendre un risque, mais ce risque nous libère de nos prisons intérieures.

    C’est en acceptant d’être pécheurs et d’avoir en soi toutes les capacités de faire le mal, et de le savoir, que nous commençons lentement à guérir de notre pharisaïsme inconscient. Il faut accepter qu’il y a un loup en nous et le faire sortir de la cave où nous l’avons enfermé. Retrouver l’enfant en soi et notre cœur blessé nous achemine vers la pauvreté intérieure et nous libère.

    Il est certain que l’acte de se confesser en avouant réellement nos péchés est souvent accablant. Inutile de se le cacher. Mais c’est précisément cette peine qui a une grande valeur. Cette souffrance, cette peine d’avouer que nous sommes orgueilleux, impurs, jaloux, égoïstes, cette humiliation d’avouer devant un autre notre misère nous porte à regretter notre passé.

    L’Évangile pardonne à ceux qui se reconnaissent coupables tandis qu’il éveille, au contraire, la conscience d’être coupables chez ceux qui se flattent de ne pas l’être. Dans l’épisode de la femme adultère de l’Évangile, Jésus ne nie pas la culpabilité de la femme, mais il ne la condamne pas. Auparavant cependant, aux accusateurs de cette femme, il avait adressé une autre parole, propre à réveiller leur culpabilité refoulée : « Que celui qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle ». Au fond, reconnaître loyalement et sans détour qu’on a péché, reconnaître que, malgré les apparences, on est jaloux, envieux, dominateur, égoïste, impur, attaché aux biens et à l’argent, suffisant etc….. est la condition pour être libéré et obtenir le pardon de Dieu.

    « Qui masque ses fautes ne réussira pas ; mais qui les avoue et y renonce obtiendra miséricorde » dit le Proverbe (Pr 28 :13). Tel est le grand renversement que le récit de la femme adultère met en lumière de façon saisissante, mais qui se retrouve dans la Bible tout entière.

    Nous avons terriblement peur d’affronter notre vraie culpabilité, le côté pharisien qui nous habite nous porte à refouler nos fautes et à nous reconnaître justes. Nous nous croyons purs et justes, parce que nous avons peur de l’angoisse que nous révélerait notre culpabilité refoulée.

    La parabole de l’enfant prodigue devrait nous servir d’exemple pour comprendre que l’on ne peut saisir la miséricorde de Dieu que quand on a touché profondément sa misère. Et quand on a touché sa propre misère, on ne peut plus juger qui que ce soit.

    Dans le monde religieux, on peut très vite avoir une identité construite par le regard des autres. La peur que nous avons des autres nous empêche de nous avouer coupables. L’aveu qui serait tellement libérateur devient la chose impensable à envisager. Plutôt mourir que d’avouer ! Mais il faut savoir que le regard de Dieu va au plus profond de notre être et c’est lui plutôt qu’il faut craindre. Il faut le savoir et avoir le courage et la force d’avouer nos fautes.

    Dieu nous attend dans la confession. Il nous propose d’être vrais, de désarmer, de nous écrouler. Avouer nous écrouler, c’est renoncer à nous-mêmes. Cependant, notre orgueil peut nous faire délaisser la confession. Nous préférons nous mentir que de nous ouvrir à Dieu. Alors que pour arriver à la sérénité, la paix intérieure et la réconciliation avec soi-même, il faut avoir le courage de faire la vérité sur notre passé.

    La paix ne s’obtient pas en nous faisant dire que tout est bien, qu’il ne faut pas nous culpabiliser et que le péché n’existe pas. Si nous voulons arriver à la sérénité et à la paix, il faut nous ouvrir au pardon de Dieu et avouer sincèrement nos fautes.

    Pardonner (absoudre) n’est pas la même chose qu’excuser, fermer les yeux, passer par dessus, car cela signifierait ne pas accepter certains faits, ignorer la culpabilité réelle, ne pas en tenir compte, la justifier. On ne peut confondre la notion de pardonner à quelqu’un avec celle de sécuriser, tranquilliser ou de libérer quelqu’un de ses sentiments de culpabilité. Un homme d’un certain âge, qui aurait tué quelqu’un dans sa lointaine jeunesse, ou une femme au milieu de sa vie, qui avouerait s’être fait avorter à seize ou vingt ans, n’a pas besoin d’être secouru ou que le prêtre ferme les yeux sur ses actes en banalisant ses fautes. Ces personnes ont besoin d’avouer la gravité de leur acte et de sentir à travers le ministre du sacrement que Dieu est miséricorde et qu’il peut tout pardonner, même les choses les plus affreuses, si on reconnaît sa faute, sans l’atténuer et en l’avouant vraiment. Il faut toujours croire que « là où le péché abonde, la grâce de Dieu surabonde ». Accepter de se confesser est le seul chemin qui mène à la sérénité et à la joie.

    Pour accepter de nous reconnaître pécheurs, il nous faut descendre de notre arbre comme Zachée, pour tout reconnaître devant Jésus et lui dire toute la vérité de notre cœur. Il faut vivre des passages qui nous conduisent à notre cœur de pauvre. Le passage le plus important, c’est de nous accepter avec nos blessures. On ne peut pas aider un pauvre si on n’a pas découvert sa propre pauvreté.

    L’aveu pousse à l’humilité et à toutes les richesses spirituelles qu’apporte cette vertu. Les personnes qui acceptent de se révéler, de se dire avec vérité à un autre, au lieu de garder tout à l’intérieur, contribuent à leur bien être personnel. Elles enclenchent un processus de libération, conduisant la réconciliation avec elles-mêmes, base de la réconciliation avec les autres.

    Ce n’est certainement pas pour rien que le Pape Jean Paul II revient sans cesse sur l’importance de la démarche personnelle de l’aveu individuel et de l’absolution personnelle. Lors de sa visite au Canada, Jean-Paul II faisait cette déclaration, encore tellement actuelle, à la conférence épiscopale : « Le renouveau communautaire ne doit jamais faire délaisser la démarche personnelle du pénitent et l’absolution personnelle. Si jamais nos fidèles perdaient le sens du péché et de ce pardon personnel, s’ils ne trouvaient plus suffisamment de prêtres disponibles pour ce ministère essentiel, il manquerait une dimension capitale à l’authenticité de leur vie chrétienne". À ce synode, le pape mettait en relief la nécessité absolue de la pénitence, au sens du péché et de la demande de pardon dans le sacrement de pénitence avec l’accusation personnelle de ses péchés au prêtre.

    Le confesseur, dans une démarche individuelle, reçoit l’aveu du pénitent qui prend le temps de verbaliser ses fautes. « Jésus a donné à ses prêtres un pouvoir très particulier qui est de le rendre présent dans le pardon, pour que nous puissions dire notre infidélité, pour que nous puissions confesser notre péché. Parce que dès que l’on avoue, dès que l’on confesse, la libération commence à se faire. Non pas, cependant, verbaliser à n’importe qui, n’importe comment, mais verbaliser et avouer à celui qui a reçu le don de pardonner au nom de Jésus et qui a reçu dans l’Église un pouvoir et un ministère pour cela.

    CONCLUSION  : Que dire en conclusion après ces mots qui peuvent paraître bien sévères… L’Évangile est là pour nous nous donner l’Espérance.

    Quelle merveilleuse histoire que la parabole de l’enfant prodigue ! Nous devons toujours nous rappeler que, dans nos folies et nos abandons, nous sommes toujours suivis par l’amour obstiné de Dieu. Dieu est un père ; Il est toujours là à guetter le retour de son enfant perdu. Il n’est pas de faute si grande qui ne puisse obtenir son pardon, à condition, bien sûr, que l’on reconnaisse sa misère et que l’on fasse le premier pas du retour à Dieu. Il encourt l’aide de Dieu qui ne manque jamais pour faire ce premier pas.

    Les « frères aînés  », c’est-à-dire ceux qui restent de fidèle chrétiens doivent se rappeler qu’il ne peut être question d’avoir de la jalousie pour les égarés qui reviennent à Dieu. Ce serait montrer qu’on n’a rien compris à la « loi d’amour » qui est le fondement même du Royaume de Dieu…. D’ailleurs qui pourrait bien se vanter d’être un fidèle disciple du Christ ? Qui pourrait bien se vanter de n’avoir jamais, au cours de sa vie, pesé de tout son poids sur les épaules du Bon Pasteur à l’image de la brebis égarée que le berger ramenait au bercail ?

    Pour être vraiment du Christ, pour entrer dans la sphère divine, il est nécessaire de reconnaître sa petitesse devant Dieu, son indignité, son péché…., en un mot, il faut être humble.

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    La vraie façon de préparer l’arrivée du Christ dans sa vie, c’est de dire en le pensant vraiment : « Je ne suis pas digne de te recevoir Seigneur, mais dis seulement une parole et je serai guéri ». « Toi seul Seigneur, peux me grandir jusqu’à toi » « Je me reconnais faible et pécheur » « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? « Je suis ton serviteur, ton humble serviteur » « Fais de moi ce qui te plaît  ».

    C’est tout cela « avoir la foi et prendre le chemin de la réconciliation qui est en fin de compte, un chemin de sérénité ».

    Père Bernard KAMANO