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  • La rencontre de Jésus avec la femme au parfum onéreux (St Jean 12, 1-11)

    L’introduction fait le lien avec ce qui précède : les mêmes personnages sont nommés, le même lieu (Béthanie), la scène se déroule à proximité de la Pâque. Jésus reste le centre du récit : c’est en son honneur qu’est servi le repas. Marthe est décrite dans le rôle qui lui est dévolu en Luc 10, 38-42. Lazare est identifié comme « celui que Jésus avait ressuscité ».

    - A) Le geste de l’onction (versets 3-4).
    La livre romaine correspond à peu près au tiers d’un kilo, plus précisément 327,45g. C’est un don inestimable qui manifeste un grand respect, une haute considération pour Jésus. En versant le parfum sur les pieds, plutôt que sur la tête, et en l’essuyant avec ses cheveux, Marie exprime de façon radicale son humilité et son amour. On peut voir une note christologique dans la diffusion du parfum dans toute la maison. La reconnaissance par Marie de la grandeur de Jésus est communiquée à tous, y compris à la communauté chrétienne et à tous les lecteurs qui, par le récit, savourent à distance le parfum du Seigneur.
    La mention du parfum qui remplit la maison peut être rapprochée de l’affirmation de Matthieu 26, 13 et Marc 14, 9, suivant laquelle le geste de Marie serait connu partout où l’Evangile serait prêché.
    L’onction des pieds (et non de la tête comme dans Marc) prépare l’interprétation funéraire, car selon la tradition juive l’onction des pieds se faisait non pour un vivant mais pour un mort.

    - B) Interprétations (versets 4-8)
    La réflexion de Jésus sur le sens du geste de la femme met en valeur le mystère de son être. Devant la mort qui approche (la sentence vient d’être portée en Jean 11, 53), il reçoit ce geste comme une preuve d’amour. Mais en opposant les pauvres (qui existeront toujours) et sa personne, non seulement il souligne la prévalence de tout homme sur toute valeur marchande, mais il laisse apparaître quelque chose de sa dignité exceptionnelle qui autorise cette démesure dans la dépense : « Moi, vous ne m’aurez pas toujours » (verset 8).

    Entre la femme et Judas, deux regards sur Jésus sont mis en opposition. Le premier place Jésus au-dessus de tout et marque, peu avant sa mort, un amour sans limite. Le second place la valeur marchande au-dessus de la personne de Jésus. St Jean souligne tout particulièrement l’attachement de Judas à l’argent. Marie symbolise ici le vrai disciple qui reconnaît que Jésus vaut mieux que tout l’or du monde. Judas pleure non Jésus qui va mourir, mais l’argent dépensé.
    Le geste de Marie est ponctuel et il n’a de sens que parce qu’il concerne Jésus dans sa dignité unique.

    Les versets 9-11 forment transition et marquent l’opposition entre les chefs des prêtres qui veulent faire mourir aussi Lazare et les juifs qui croient en Jésus. Il est possible que Jean, en racontant la division provoquée par Jésus, évoque aussi la situation de son Eglise, où beaucoup de juifs s’en étaient allés de la synagogue vers l’Eglise parce qu’ils croyaient en Jésus.

    Père Jean-Marie Loiseau

    Voir le programme des 8 Rencontres de Jésus dans l’Evangile