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  • 1er dimanche de l’Avent : Un temps pour concrétiser dans notre quotidien la vie chrétienne et évangélique

    1er dimanche de l’avent C
     
    Nous entrons dans le temps de l’avent pour préparer Noël, mais en fait les textes de la liturgie ne nous disent rien sur la fête que nous envisageons.
     
     Dans le 2ème lecture, Paul nous oriente plutôt vers le jour du Seigneur et l’évangile nous présente le Fils de l’homme.
     
     Dès le premier jour de l’avent, nous sommes invités à ne pas réduire Noël à la fête de l’anniversaire de la naissance de Jésus, mais à l’ouvrir à une dimension spirituelle plus grande.
     
     Très souvent, les auteurs chrétiens parlent de deux venues du Seigneur. Sa première venue correspond à sa naissance dans la chair, sa naissance à Bethléem, c’est sa venue sur la terre, son incarnation. Nous risquons de fêter Noël en ne pensant qu’à cette première venue, un peu comme on fête un anniversaire.
     
     Voici ce que disait au 4ème siècle Cyrille de Jérusalem, c'est le texte proposé dans le bréviaire pour l'office des lectures : « Dans le premier avènement, il est enveloppé de langes dans la crèche ; dans le second, il est revêtu de lumière comme d'un manteau. Dans le premier, il a subi la croix, ayant méprisé la honte ; dans le second, il viendra escorté par l'armée des anges, en triomphateur.
     
     Nous ne nous arrêtons pas au premier avènement : nous attendons aussi le second. Comme nous avons dit, lors du premier : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, nous le répéterons encore pour le
    second ; en accourant avec les anges à la rencontre du Seigneur, nous lui dirons en l'adorant : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. »
     
     Les textes de la liturgie nous orientent vers cette seconde venue, quand le Seigneur viendra dans la gloire. Pour nous, cette seconde venue manifeste que l’invitation offerte aux hommes d’entrer pleinement dans la vie divine s’accomplit.
     
     Et nous touchons là au cheminement qui nous est proposé dans le temps de l’avent pour préparer Noël : être prêt à célébrer non seulement la venue du Seigneur sur la terre, mais être aussi prêt à répondre à son amour et à l’accueillir dans sa propre vie.
     
     On pourrait dire simplement : par amour, Dieu vient partager la vie humaine ; en réponse d’amour, nous nous préparons à l’accueillir et à partager sa vie divine. Un peu comme dans un mariage ! Dieu nous dit : je viens partager avec toi ton humanité, veux-tu partager ma divinité ?
     
     La prière d'ouverture nous remettait devant cette démarche de la vie chrétienne en disant : « donne à tes fidèles d'aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur. » 
     
     Autrement dit : il s’agit bien à Noël de célébrer la venue du Seigneur dans la vie humaine, mais c’est bien plus, puisque lors de sa seconde venue, l’humanité entière sera appelée à entrer dans la vie divine, à le rencontrer pour vivre avec Lui.
     
     L’appel à la sainteté qui figure dans la deuxième lecture me semble correspondre à cette dynamique.
     
     De ce point de vue le temps de l’avent est bien plus qu’une préparation gentille et sympathique de la fête que les Français préfèrent, si l’on en croit de nombreux sondages.
     
     L’évangile nous raconte plutôt le bouleversement du monde et son chamboulement : nations affolées, fracas de la mer, les puissances des cieux sont même ébranlées.
     
     Si je comprends bien, les cieux représentant la demeure divine, les repères religieux qui sont les nôtres sont bousculés. Dire que Dieu s’incarne, qu’il vient sur la terre et que l’humanité peut trouver sa place au ciel ébranle notre vision de la religion qui sépare Dieu et l’homme. Ce que nous croyons, c'est que Dieu vient rencontrer les hommes et que nous sommes invités à rencontrer Dieu.
     
     Les impératifs qui nous sont dressés sonnent comme des avertissements, comme pour nous prévenir au moment de commencer la route qu’il ne faut pas se tromper de cible. Redressez-vous ! On pourrait dire : si vous croyez que le Christ est ressuscité, si vous croyez qu’il s’est levé d’entre les morts, si vous croyez que vous êtes promis à avoir part à la vie éternelle, dès maintenant, levez-vous ! Redressez-vous ! Levez la tête, tenez vous en ce monde comme des citoyens du ciel.
     
     Et la préface dira : « il est déjà venu en prenant la condition des hommes, pour accomplir l’éternel dessein de ton amour… il viendra de nouveau, revêtu de sa gloire, afin que nous possédions dans la pleine lumière les biens que tu nous as promis. »
     
     Entre ces deux venues du Christ, certains évoquent une venue intermédiaire, celle que nous pouvons vivre dès aujourd’hui : l’Esprit nous est donné, et dès maintenant nous pouvons accueillir la vie divine, dès maintenant nous pouvons en vivre et être animés de l’Esprit du Christ.
     
     Pour le dire simplement : il est venu dans la chair quand il est né à Bethléem, nous attendons sa venue dans la gloire, mais dès maintenant, il peut venir dans nos vies, habiter nos coeurs. L'amour conjugal est un chemin pour qu'il vienne aujourd'hui, pour qu'il habite vos existences.
     
     On peut alors comprendre le temps qui nous est donné jusqu’à Noël comme un temps de réveil de notre foi et de notre espérance. Un temps pour concrétiser dans notre quotidien la vie chrétienne et évangélique.
     
    P. Bernard Châtaignier