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  • Voyons-nous vraiment ces monuments de nos places de village ?

    Ils existent aussi dans chaque église avec leur liste de noms, très simples en marbre noir ou avec des statues attenantes. Comme les monuments civils, nous passons devant ces lieux de mémoire. Poilus en bronze comme à St Benoît (86) ou femmes éplorées, stèles en pierre ou tableaux, ces lieux de la citoyenneté sont plus ou moins travaillés, différents et spécifiques à chaque village. Notre mémoire les connaît car, enfant, qui n’a pas été au pied d’un tel monument avec son instituteur pour entonner la Marseillaise avant le verre de l’amitié à la salle des fêtes ? Entre 1919 et 1925, toutes les communes ont érigé un monument à leurs morts. Cette visite régionale en Poitou peut aider à comprendre ce désir de transmettre aux générations furures qui habitait nos ancêtres. Il est possible d’y trouver un ressourcement dans nos prédications pour des prières souvent austères et marquées par la tradition.

    • Regarder chaque monument de village avec une émotion différente

    Avec l’effroyable boucherie du début du XX° siècle, chaque famille, chaque commune est endeuillée. L’inscription « La commune X à ses enfants morts pour la France » insiste sur le lien charnel entre un bourg et sa jeunesse. Cet élan populaire est unique de par sa force et sa spontanéité.

    Le monument est souvent la seule sculpture ou stèle de la commune. Si l’on retrouve les mêmes alentours avec les obus pour borne et la croix de guerre en surplomb, la diversité est dans les formes et dans les lieux. Ces obélisques aux deux cotés couverts de noms et prénoms ramènent à l’unité profonde du deuil et de la souffrance des rescapés. Le décompte des victimes se chiffre à 1 400 000 morts. Ils ont investi l’espace symbolique de la France pendant une dizaine d’années : de l’armistice de 1918 à 1925 date de l’inauguration du dernier monument dans la Vienne, à Poitiers. Le deuil cherche une consolation plus qu’une explication retrouvée dans les délibérations de conseils municipaux : « Ils ont versé leur sang pour la patrie… pour assurer la victoire de la France. » Fleuré, 23 mai 1924.
    Avec la mort du dernier poilu, Lazare Ponticelli, une page se tourne. A la liesse des fêtes de l’armistice a succédé un long processus d’intégration aboutissant à la formation du sentiment national, avec des relais dans chaque commune. Le terme « mort pour la France » qui scandait l’énumération des disparus deviendra le gage de l’appartenance à une même communauté. Dans le Poitou, les mobilisés sont morts, amputés, au mieux blessés en proportion énorme par rapport aux conflits précédents. Le devoir de mémoire va réconcilier le pays au-delà des clivages droite-gauche, ville-campagne, laïcs-catholiques après la crise de 1905. Chaque commune devient une petite France qui reproduit cette célébration de l’unité nationale ce qui explique la rareté des conflits.

    L’institution du 11 novembre, jour férié à partir de 1922, créera une liturgie républicaine. Le 11 novembre 1923, la flamme du soldat inconnu est allumée au pied de l’Arc de Triomphe. Tous les monuments sont alors fleuris pour cette date anniversaire. On peut parler de victoire posthume de la troisième République et de la création d’un lieu symbolique plus fort que le 14 juillet.

    • Les monuments civils dans leur diversité

    Le monument est un édifice public et un monument funéraire. C’est même un cénotaphe car les corps sont restés dans les champs de batailles. Les exhumations ne seront possibles qu’à partir de 1921 et resteront très limitées à cause du coût. Plus qu’un édifice communal, la stèle est une tombe de remplacement où la famille trouvera une reconnaissance publique à sa peine.

    • L’obélisque :

    La forme la plus répandue est celle de l’obélisque (60% dans la Vienne). Sur une base carrée, avec un léger ressaut, s’élève un bloc de pierre à pointe pyramidale souvent couronné par la croix de guerre. Certains ont aperçu un culte civique dont le point de mire n’est plus le Christ mais Marianne visible au centre de cette croix donnée aux plus courageux.

    • le poilu :
    St Jouin de Marnes

    C’est le simple combattant. Son nom vient de l’argot des casernes. Son uniforme toujours complet mérite une description. Rien ne manque. Il porte la vareuse avec deux bandoulières, les cartouchières, la musette et le fusil. Les godillots surmontés des bandes molletières. L’homme moustachu porte le casque. Parfois comme à Rouillé, son barda l’accompagne avec le car au-dessus du sac. Le réalisme est complet sans aller jusqu’à la peinture en couleur comme aux Antilles. A Smarves, Neuville, Nueil, Secondigny ou Berrie, il est debout et veille sur l’horizon, gardien de la paix de sa patrie. A saint Benoit ou Poitiers, il sort des tranchées pour amener la victoire. A Cuhon, il part à l’assault. Il parade victorieux à Oyré avec un blason portant le nom des victoires. Il est récompensé par la France à St Pierre les Églises. La guerre semble bien loin devant une telle assurance. Seul Mont sur Guesnes le représente fauché dans son élan par une balle. Sommière le montre rendant le dernier souffle à Jeanne d’Arc. Saulgé osera le représenter allongé, dans le repos de la mort de même que l’église de la Chapelle Bâton où un ange lui remet les palmes de la victoire. Vivonne présente ces poilus dans un vitrail au-dessous du Christ qui verse son sang. Dans ces tranchées, eux aussi ont versé leur sang .

    • Les femmes sont-elles présentes ?

    Elles ne sont pas absentes de cette guerre d’hommes. Elles pleurent au pied du monument comme à Asnière sur Blourd ou regardent avec tristesse les listes de noms comme à Lusignan. Ce sont des mères qu’on ne peut consoler. A Chatellerault, la femme drapée devient allégorie de la victoire. Elle triomphe du haut de ce mur de pierres blanches. De même Loudun, Montmorillon ou Latillé voient en elles la République victorieuse de la barbarie. A Poitiers, l’allégorie prend des ailes pour soutenir le poilu. 0ngle-sur-Anglin se distingue avec un ange (Saint Michel ?). Sommière du Clain a fait appel au grand sculpteur Maxime Real Delsarte qui montrera Jeanne d’Arc qui se penche vers le soldat mourant.

    • On trouve aussi d’autres monuments :

    colonnes (Cerizay) ou avec une urne au sommet (Bonneuil) qui sont deux modèles funéraires traditionnels. Dans le Var, on trouve des monuments avec une fontaine comme à Nice ..

    • Trois exemples de métaphores animales

    Avec le combat du coq contre l’aigle : à Usson, ou Joussé. L’aigle le dos à terre ouvre les ailes. Le coq pose ses ergots sur le volatile vaincu contre toute logique animalière. Le coq trône seul à Dissay ou Pleumartin. Il est posé sur le casque allemand à Availles en Châtellerault. Dernier animal symbolique, le dragon expire, terrassé par un poilu à Chasseneuil.

    • Les églises pleurent aussi leurs disparus

    L’Église et l’État étant séparés, les symboles religieux sont refusés au profit de la croix de guerre sauf si le monument est dans le cimetière. Mais 63% des communes proposent une messe ou une bénédiction lors de l’inauguration. L’union est sacrée presque partout : « Le dimanche 4 septembre, la paroisse de Neuville a tenu à s’associer à la fête du souvenir organisée à l’occasion de l’inauguration du monument commémoratif. Montant en chaire, Monsieur le Doyen invita les fidèles à s’unir de toute leur âme à la fête du jour dont le but était d’honorer les morts. » Semaine religieuse du 18 septembre 1921.

    Pour les monuments dans les lieux de culte, se retrouve la même variété avec des listes de noms très sobres. Au temple de Rouillé, un grand panneau de chêne expose sur deux colonnes les noms des 72 morts pour la France. Au sommet, deux petits drapeaux couronnent l’ensemble avec un verset biblique à la base « Ceux qui sèment dans les larmes moissonnent dans les chants de triomphe ». Les noms prennent la première place sans aucun qualificatif selon le mot de Job « Nu je suis sorti du ventre de ma mère, nu j’y rentrerai. » Dans les églises catholiques, les listes de noms sont assorties de plus de précisions avec les grades dans plus de la moitié des cas. Les médailles sont d’ailleurs plus souvent citées que les grades.

    On trouve parfois des scènes réalistes comme à Chasseneuil ou Vivonne. En ceci, l’Eglise apporte une nouveauté avec ce moment du trépas alors qu’il est complètement absent des monuments civils, avec juste une allusion à Smarves ou un treillage au pied du poilu rappelle les tranchées... Après tout, les tombes des cimetières ne représentent jamais le motif du décès.
    La douleur des familles s’identifie avec celle de la Vierge Marie qui porte son enfant mort sur les genoux. La pieta est présente soit en sculpture à Neuville ou à la Mothe-Saint-Héray ou au fronton de la Chapelle-Bâton. Le chagrin prend même exceptionnellement une forme plus personnelle avec une femme en pleur revêtue d’un voile à la Villedieu du Clain.

    L’analyse est délicate. Mais le silence du deuil fait place à la consolation. Les morts sont non seulement honorés mais il s’agit de savoir mourir. Le sacrifice est aussi mis en valeur pour souligner le patriotisme des catholiques. Deux plaques dans le transept nord de la cathédrale énumèrent les 44 prêtres et 3 diacres du diocèse morts pour la patrie. Plus loin, on annonce « Catholiques de Lusignan, morts pour que la France vive ».

    • Donner sens à la mort

    Il n’y a pas de sens à donner à cette mort si ce n’est qu’elle est celle du chrétien. La certitude de savoir que ceux qui nous ont quitté ont pu se confier à un prêtre avant de rendre l’âme permet d’espérer le paradis. Les deux retables de Smarves et la Villedieu mérite une visite. La scène à Smarves semble prise sur le vif avec le poilu allongé et l’aumônier en soutane avec le calot accroupi qui lui soutient la tête. Le soldat pose sa main sur son cœur et regarde la croix. Encadrant la scène, deux personnages en pied exprime la France éternelle : celle qui va du gaulois en casque affublé d’ailes au poilu toujours prêt à défendre sa patrie. L’église de la Villedieu a reçu deux ex votos. A droite de l’entrée, le visiteur aperçoit une statue de Sainte Radegonde, patronne de Poitiers. A son pied, une plaque de marbre blanc exprime la joie de ceux qui ont traversé l’enfer « victorieux et reconnaissants, les mobilisés ont offert cette statue ». C’est le seul exemple connu par l’auteur d’une reconnaissance après cette guerre de 5 ans. En face, une aquarelle au ton bleu horizon montre un beau chasseur, cor en bandoulière, qui tend son clairon comme pour une haie d’honneur. Sur ce tableau de 30 cm sur 50, une femme pleure les 27 noms des soldats morts pour la France. Mais une cohorte d’anges monte vers le ciel. Non seulement les morts reposent en paix, mais ils trouvent le chemin de la vie éternelle.

    Le thème du sacrifice et de la primauté du bien commun sur les intérêts particuliers est fréquent. Ainsi dans une homélie à Mougon en 1919 : « Ecoutons : que nous disent-ils ? L’union fait la force et conduit à la victoire. Deux, rien ne se fait sans le sacrifice ... Avons-nous assez souffert ? Nos souffrances n’ont pas été inhumées. » L’encyclique du Pape Benoit XV sur le rétablissement de la paix chrétienne aura besoin de temps pour être entendue : « Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Nous appelons à la réunion des Etats en une association, famille apte à conserver la liberté de chacun et à protéger la famille humaine ... La charité ne doit pas se contenter de ne pas haïr ses ennemis et de les traiter comme ses frères. Elle exige que nous les traitions avec bonté ».

    • Des monuments peu guerriers

    Le qualificatif peut surprendre mais les armes n’apparaissent pas sur 10% des monuments, encore ne trouve-t-on que des fusils avec les poilus et jamais en joue, des sabres comme à la Villedieu (sabre d’officier et pas une baïonnette). A Maisonneuve, l’épée est même brisée. Nulle part, on ne trouve avions, tanks... les nouveautés de cette guerre ou les canons voire les taxis de la Marne. La guerre a touché des hommes et les monuments rendent hommage à ceux qui ont souffert. Montmorillon cite trois infirmières militaires et Lésigny sur Creuse, un docteur. Pour autant, les monuments portent rarement la mention pax.

    Les militaires ne sont jamais invités et le Maréchal Pétain, présent à la Roche Posay le jour de l’inauguration, attendra la fin des cérémonies pour déposer une gerbe.

    • La mémoire actuelle en mouvement

    Au-delà de ces considérations sociologiques, savez-vous que les monuments vivent et se déplacent. Cette transhumance d’un type particulier qui vient de la Mémoire surprend. Pourtant, toutes nos places de villages ont été modifiées. Certaines stèles ont déménagé deux ou trois fois (à Ligugé en 1963 et 1980). Certains monuments ont même traversé les mers en quittant l’Afrique du Nord pour être remontés, souvent dans le sud de la France. Le voyageur trouvera des monuments de la grande guerre à Madagascar. Dans certaines églises, la volonté de simplicité les a écartés, remisés voir détruits.

    La mémoire reste et le deuil de ceux qui ont voulu défendre la patrie.. un regard pour ceux qui marchent le long du monument, un regard ou une prière pour ceux qui veillent sur la paix du monde avec le Chrsit , Prince de la Paix.

    • Père Jérôme de la Roulière, 2001

    Bibliographie

    • Jérôme de la Roulière, La Grande Guerre  ; les monuments aux morts dans le Poitou. Le Picton, n° 165, mai-juin 2004.
    • Alain Prost, Lieux de mémoire, Seuil, 1997
    • Annette Becker, Oubliés de la grande guerre, Noesis, 1998
    • Pierrick Hervé, thèse de doctorat d’histoire soutenue en 1998 : Le deuil, la patrie, construire la mémoire communale de la grande guerre, l’exemple du département de la Vienne.

    Additif 1 le monument aux morts de Noirterre (Deux-Sèvres)

    Noirterre

    A la sortie du bourg de Noirterre, un vaste calvaire s’impose comme monument aux morts.

    Il est dû à l’initiative d’un prêtre hors norme, le Père Vatel, curé de 1920 à 1935. La croix de 4m de haut domine avec ses 10 tonnes et les cèdres qui l’environnent donne un aspect de jardin des plantes à ce rappel de la guerre.
    Pourquoi une telle initiative quelques années après la grande guerre ? Le terrain de 700 m² fut offert par la veuve de Maurice Chalhoub, aviateur. En 1916, cette femme qui disposait de fermes sur la commune perd son mari ; elle donne le terrain au curé pour qu’il édifie « selon son gré, un calvaire-mausolée, l’entretien étant à la charge du curé et de ses successeurs catholiques ». Le curé se mue alors en démarcheur, il va de ferme en ferme pour récupérer les pierres que les attelages de paysans charrient jusqu’au jardin de la grange. Tout repose sur le travail de bénévoles sauf les convois les plus difficiles confiés à Lutton de Bressuire, Durand taillant les pierres. Le travail s’effectue sans tarder car la première pierre est bénite le 2 février 1917 et l’ensemble sera inauguré devant 6000 personnes dont le sous-préfet, le maire de Bressuire, M. René Héry ami du curé, M. de Puyneuf député et autres officiels. L’ensemble aura coûté 51000 francs soit 5 fois le prix d’une simple stèle.

    Tous ont participé. Les familles en deuil prirent en charge la gravure des 5 plaques avec les noms. Chaque soldat se vit demandé 10 francs pour l’érection de la croix. Le conseil municipal vota 3 subventions de 900 f au total. En 1923, une kermesse rapporta 3000 f. A l’insu du curé, une souscription de 263 jeunes filles récolta plus de 800 f ce qui permis l’achat d’une vierge en fonte. Le curé adressa même une lettre à Clemenceau, alors ministre de la guerre, pour obtenir deux canons comme trophées « Je suis un tout petit curé de campagne qui a fait un beau rêve. » La lettre terminait par « Audaces fortuna juvat ». Il obtint 6 obus et 2 canons, pièces fondues à Perm dans l’Oural, prises aux Russes par les Allemands et retournées contre la France.

    Le calvaire est construit sur deux étages. A la base, le sacrifice humain est symbolisé par un cénotaphe entouré de 5 colonnes tronquées pour les 5 années de guerre. Comme dans le chœur d’une église avec le déambulatoire, on accède à l’autel par les côtés. La croix domine l’ensemble des pierres et des végétaux. Le curé féru de géologie reconstitua un jardin avec un trentaine d’espèces : Acanthes, bambous, canne, cèdres de l’Atlas, cassis fleurs, hortensias, lavande, tamaris, if, lauriers cerise ... comme une couronne funéraire. De même pour les pierres alternent le granit pour la pierre tombale et les 5 colonnes, une pierre à fossiles antédiluviens derrière la Vierge, des pierres volcaniques autour de l’autel, une base de la balustrade en porphyroïde de St Pierre du chemin (85).

    Cette réussite fit grincer des dents. Le préfet traînait à régulariser ce projet privé comme monument communal. Le maire, M Boureau, qui avait perdu un fils pendant la guerre, défendait le projet « Le monument attirera le regard des passants sur les noms de nos chers disparus mais provoquera aussi des hommages de respectueuses admirations et de reconnaissance pour leur patriotisme et le sacrifice de leur vie à la patrie. » Le 13 juillet 1924, l’autorisation d’élever un monument arrivera de Niort - soit trois ans après l’inauguration. « Par delà les questions juridiques, les communes ont fait dans l’ensemble ce qu’elles ont voulu », commente Alain Prost. Le monument se visite librement.

    Documents : mémoire de maîtrise de Guillaume Benoist

    • Additif 2 homélie de Mgr de Durfort pour la remise du monument aux morts de la ville de Poitiers

    C’est une sainte et salutaire pensée de prier pour les morts (2 Mc12.46)

    « Nul d’entre vous n’a perdu le souvenir de ce jour tragique où le tocsin, écho de la France en alarme, appelait aux armes ses fils provoquant dans tous les foyers un long frémissement de douleur et d’angoisse. La guerre venait d’être déclarée à la France par un peuple de proie qui ne rêvait de rien moins que l’hégémonie universelle. D’un même élan et avec le même cœur, tous les français répondirent à l’appel de la patrie en danger. Pendant plus de quatre ans d’une guerre telle que l’histoire n’en a pas raconté de plus terrible, ils ont livré bataille sans trêve ni repos, rivalisé de bravoure et d’héroïsme, subi les mêmes privations, enduré les mêmes souffrances ...

    Une si vaillante conduite et d’aussi beaux exploits méritaient d’être sauvés de l’oubli et immortalisés.

    Votre monument redira leur bravoure et leur héroïsme. II sera de plus une éloquente leçon pour les générations futures. Par ce monument, nos vaillants morts ne cesseront de parler. Ecoutez leurs nobles accents, leurs invitations pressantes : « aimez la France, cette patrie est si bonne et si belle ! Ne désespérez jamais d’elle. Aimez la justice : demeurez les chevaliers du droit et de l’honneur. Pour ces saintes causes, soyez prêts à tous les sacrifices. Nous, nous n’avons pas hésité à donner notre sang. Nous l’avons fait pour que la France vive et que soient sauvés nos foyers, nos enfants et tout ce que nous avons de plus chers sur la terre ...

    Qui que nous soyons : hommes d’épée, de science ou d’église, hommes des champs ou de la ville, hommes de tout rang, rappelons nous donc toujours que les grandes causes méritent que l’on souffre ou que l’on meure pour elles. Donnons à Dieu, à l’Eglise, à la France notre part de sacrifice et d’abnégation ....

    Nos soldats méritent mieux que la gloire ! Ils méritent, avec l’immortalité terrestre qui passera, la véritable immortalité, celle du ciel qui, seule, demeurera. »

    Semaine religieuse de 1927, p 206