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    Le paradis perdu.

    Dieu veut le bonheur de l’homme. C’est ce que nous dit la Bible, dans le second chapitre de la Genèse.

    Pour manifester cela, le narrateur, qui est de culture paysanne, ne peut imaginer le bonheur que sous la forme de ce qui constitue l’idéal pour lui : une campagne verdoyante, donnant beaucoup de fruits qu’il suffit de cueillir, sans aucun effort. C’est le Paradis (du grec, qui signifie : parc, lieu planté d’arbres, où l’on entretien des animaux), le jardin d’Eden.
    Comme souvent dans la Bible, le narrateur aime jouer sur les mots, même si les linguistes ne s’y retrouvent pas toujours.
    Mais ce qui importe c’est le gain de sens. Le mot « eden » désigne la steppe, mais il signifie aussi l’idée de volupté. Le paradis, c’est le lieu de la vie heureuse et facile, sous le regard aimant de Dieu.

    Or il se trouve que dans la réalité quotidienne, concrète, loin d’être heureux et de mener une vie facile, beaucoup d’hommes et de femmes vivent dans la peine et dans la souffrance. Et cela les atteint dans leur être même.
    L’homme qui devrait se contenter de récolter les fruits d’une nature généreuse, est contraint de lui arracher sa nourriture au prix d’efforts incessants et n’en est jamais le maître ; la femme, mère des hommes, ne peut donner naissance que dans la souffrance !

    D’où vient la rupture entre la création bonne et le malheur de l’homme ?
    La Bible nous raconte alors la fameuse histoire de « la pomme » (Gn 2, 25 - 3, 24) ! En réalité, le texte hébreu ne parle que de fruit !

    Que penser de cette histoire où, comme le dit Diderot, Dieu « est un père qui fait grand cas de ses pommes et fort peu de ses enfants » ?
    L’homme et sa compagne ont droit à tous les fruits des arbres peuplant le jardin. Un seul leur est interdit : celui de « la connaissance de ce qui est bon ou mauvais ».
    L’Histoire pourrait se terminer là, tant il est vrai que les gens heureux n’ont pas d’histoire. Mais la tentation leur tombe dessus. Elle prend la figure du serpent. Il est la ruse par excellence, c’est dire qu’il a l’art de présenter les choses sous l’aspect le plus sympathique, alors même qu’il y a danger.

    N’absolutisons pas ce récit ! Il s’agit d’un « conte » et non d’un récit historique.
    Ce que le narrateur veut nous dire c’est que l’homme est, par nature, à la fois libre et faible. La grande tentation pour lui est de décider de ce qui est bien et ce qui est mal. Il ne s’agit pas de connaissance pure et simple, mais de détermination, de création, de fixation des valeurs.

    Il importe, en effet, de savoir ce qui est bien et ce qui est mal.
    L’homme ne peut-il décider par lui-même des valeurs morales ?
    En fait, elles le dépassent. Prétendre fixer les valeurs est une erreur. On ne peut les décréter sans risquer une déconvenue.

    A cause de cette désobéissance, la peine infligée à l’homme est l’effort éreintant pour tirer sa nourriture du sol, celle de la femme est la souffrance de la maternité.
    Cela ne signifie pas que la science, qui allège la peine et les souffrances de l’humanité, doive être refusée. Le progrès technique, quand il aide l’homme et lui rend la vie plus facile, n’est pas à refuser. Dieu ne veut pas le mal et la souffrance.
    Mais, s’il est vrai que l’homme aspire au bonheur, la vie n’est pas pour lui « un long fleuve tranquille » ! La science ne résout pas toutes les difficultés aux-quelles nous sommes confrontés, elle ne remplit pas notre désir d’être heureux.
    Ce serait une illusion de croire qu’il puisse exister une « pilule » du bonheur ! Par sa faute l’homme sort de l’innocence originelle, il prend conscience de ses limites. Il va devoir retrouver une innocence consciente et voulue. Ce qui devait être facile est devenu difficile, le monde est devenue « une vallée de larmes » !

    Mais Dieu n’abandonne pas l’humanité.
    Dans l’immédiat il vêt l’homme et sa femme de tuniques. Il ne les laisse donc pas sans protection contre les attaques de la nature. Le plus important pour nous, c’est que Dieu ne renonce pas à faire le bonheur de l’homme et à le faire revenir au paradis.
    C’est toute l’histoire du salut. Ainsi commence l’épopée humaine !

    Le chapitre trois de la Genèse est beaucoup plus riche que ce qu’en dit cette rubrique. Je n’ai choisi que d’éclairer certains passages, mais il y aurait bien d’autres choses à dire.
    Rien ne vous empêche de faire aussi des remarques après une lecture attentive. Chaque mot est lourd de sens !
    Alain.

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