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  • Intervention de Jean-Claude PETIT, lors de la venue à MELLE le 18 mars 2010 de Mgr Michel SABBAH, Patriache de Jérusalem de 1987 à 2008

    Monseigneur,

    C’est une très grande joie et un grand honneur pour l’Espace Saint Hilaire, pour la ville de Melle et le Pays mellois d’accueillir ce soir, chez nous, en votre personne, le premier patriarche palestinien de Jérusalem de l’Histoire. Votre nomination à cette haute fonction par le pape Jean-Paul II en 1987 fut un événement considérable dans l’Eglise universelle et dans le monde palestinien. Créé après les Croisades, le poste de patriarche latin de Jérusalem, qu’on pourrait comparer celui d’archevêque, avait toujours, en effet, été occupé par des étrangers à la Terre Sainte.

    En vous nommant vous, Mgr Michel Sabbah, à cette fonction, dans la ville de Jérusalem, terre de Dieu, ville trois fois sainte des trois religions monothéistes, Jean-Paul II signifiait l’Eglise universelle et au monde entier l’intérêt et l’amitié qu’il convenait d’apporter aux chrétiens de la Palestine occupée, leur vie difficile, à leur foi enracinée depuis vingt siècles dans la terre et le message du Ressuscité, à leur liberté religieuse souvent battue en brèche par l’occupant, leur résistance on violente et leur engagement pour la paix.

    Pendant vingt ans, jusqu’au printemps 2008, vous avez été, Mgr Sabbah, le berger, le père de ce petit troupeau de chrétiens de Palestine auquel il faut ajouter les chrétiens de Jordanie, de Chypre et d’Israël qui constituent le diocèse latin de Jérusalem.
    Inlassablement, discrètement, avec une ténacité et un courage indéfectibles, vous avez travaillé à la formation des laïcs et des prêtres de votre grand diocèse malgré des obtentions de visas rendues de plus en plus difficiles par les autorités israéliennes.

    Avec la même ténacité et le même courage, vous avez travaillé à un rapprochement exemplaire des différents communautés chrétiennes présentes en Terre Sainte, orthodoxes, luthériens, anglicans, réformés, obtenant des uns et des autres, chefs des Eglises de Terre Sainte, des appels solennels à la justice et à la paix signés en commun, comme celui intitulé : « Au nom de Dieu mettez un terme au siège de Gaza ».

    Avec la même ténacité et le même courage, vous avez initié à Jérusalem et développé un dialogue interreligieux avec les juifs et les musulmans qui ne va pas de soi et qui se poursuit aujourd’hui malgré les aléas et la précarité de la situation.

    Enfin, très cher Père Michel Sabbah, avec encore plus de ténacité et encore plus de courage, vous avez été, toute votre vie, et vous demeurerez un inlassable chercheur de paix. Mais pas de n’importe quelle paix. Pas d’une paix au rabais qui met sur le même plan occupants et occupés. Pas d’une paix de la soumission au plus fort. Pas d’une paix de mépris comme trop souvent les forts veulent l’imposer aux faibles et les riches l’octroyer aux pauvres. Non. Vous êtes le chercheur d’une paix fondée obligatoirement sur la justice, autrement dit sur le respect du droit international. Vous l’avez dit et redit, non seulement comme patriarche de Jérusalem mais aussi en tant que président élu du mouvement international Pax Christi que vous avez été de 2000 à 2008.

    Cette exigence de la paix par la justice, vous venez de la redire Noël dernier en signant avec d’autres personnalités palestiniennes, après y avoir beaucoup travaillé, un document historique. Ce document rendu public le 11 décembre 2009 au Centre luthérien de Bethléem par le Conseil oecuménique des Eglises a comme titre : « Kairos Palestine. Un moment de vérité : une parole de foi, d’espérance et d’amour venant du coeur de la souffrance palestinienne ».

    C’est de tout ce travail de plus de vingt ans pour l’unité et pour la paix par la justice, le vôtre et celui des chrétiens de Palestine, dont vous allez nous parler ce soir.

    Merci vraiment Mgr Rouet d’avoir invité dans notre diocèse cet artisan inlassable de la paix que vous êtes, cher Mgr Sabbah. Il est temps de vous écouter et mieux encore de vous entendre.

    Jean-Claude Petit
    Melle, 18 mars 2010