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  • Jésus : Messie ou Christ ?

    On me pose la question suivante : « A propos de Jésus, faut-il dire le Messie ou le Christ » ?

    La question, en effet, se pose dans le passage où Matthieu nous montre les Mages, guidés par l’étoile et s’interrogeant sur le lieu de naissance du Sauveur, descendant du roi David. Hérode n’en sait pas plus qu’eux, mais il interroge les experts que sont les grands prêtres et les scribes.

    On trouve alors deux types de traduction de ce le texte de Matthieu (2,1-4).

    Nouvelle Bible Segond

    Après la naissance de Jésus, à Bethléem de Judée, aux jours du roi Hérode, des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem et dirent :
    Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus nous prosterner devant lui.
    A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. Il rassembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple pour leur demander où devait naître le Christ.

    Traduction œcuménique de la Bible

    Jésus étant né à Bethléem de Judée, au temps du roi Hérode, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus lui rendre hommage. »

    A cette nouvelle, le roi Hérode fut troublé, et tout Jérusalem avec lui. Il assembla tous les grands prêtres et les scribes du peuple, et s’enquit auprès d’eux du lieu où le Messie devait naître.

    Les traductions donnent soit le Messie soit le Christ ?

    La questions est d’importance pour nous aujourd’hui, alors qu’elle ne se posait même pas avant l’ère chrétienne. En effet nous, qui venons après la Résurrection, savons que le Messie et le Christ sont une seule et même personne.

    Le grec, qui est la langue originelle du Nouveau Testament, donne Christos, ce qui est un calque exact de l’hébreu mashiah.

    Ce terme vient du verbe « oindre d’huile, pratiquer l’onction de consécration ». Pour les chrétiens, le Messie annoncé est venu en la personne de Jésus, reconnu comme Christ (Mathieu 1,16). La connotation n’est pour nous, chrétiens d’aujourd’hui, pas la même, alors que le sens est le même.

    D’autre part, dans l’Evangile de Jean, la Samaritaine s’adressant à Jésus pose la question (Jn 4,25) :

    Nouvelle Bible Segond
    La femme lui dit : Je sais que le Messie vient — celui qu’on appelle Christ. Quand il viendra, lui, il nous annoncera tout.
    Jésus lui dit : C’est moi qui te parle.

    Traduction œcuménique de la Bible

    La femme lui dit : « Je sais qu’un Messie doit venir – celui qu’on appelle Christ. Lorsqu’il viendra, il nous annoncera toutes choses.  »

    Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »

    Les deux mots sont écrits et ne nous invitent pas forcément à la distinction. La Samaritaine ne connaît pas Jésus comme prophète, encore moins comme le Messie attendu, puisqu’elle en aura justement la révélation.

    Il semblerait juste, cependant, que la distinction soit maintenue et que la question des Mages devrait parler du Messie plutôt que du Christ.

    Luc, dans les Actes (Ac 2, 36), marque bien la différence :

    Que toute la maison d’Israël le sache donc avec certitude : Dieu l’a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous aviez crucifié.
    Ainsi Jésus ne peut qu’être Messie avant sa mort, il devient Christ après la Résurrection car Dieu l’a élevé, l’a exalté.

    Faire une distinction entre Messie et Christ - en tout cas dans la question d’Hérode aux érudits - relève plus de la lecture que de la traduction. Mais cette lecture se justifie dans la mesure où le Messie relève en quelque sorte de l’Ancien Testament, alors que le Christ est identifié à Jésus de Nazareth, révélé comme Fils de Dieu et sauveur.

    Cette lecture est donc post-pascale. Mais le Nouveau Testament n’est-il pas entièrement écrit après la Résurrection ?

    Alain.