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  • Résumé de la thèse du Père François (Bessines, Magné, St-Liguaire)

    RESUME DE LA THESE DE DOCTORAT EN THEOLOGIE (Soutenue à l’Institut Catholique de Paris – Vendredi, le 11 avril 2014)

    TITRE : LE RECOURS AUX ECRITURES DANS LE RECIT MATTHEEN DES TENTATIONS DE JESUS (Mt 4,1-11)

    Cette thèse de doctorat en théologie – orientation biblique – comporte trois grandes parties avec un total de neuf chapitres encadrés par une introduction et une conclusion générales. C’est un volume de 446 pages. Cette recherche s’inscrit dans la problématique toujours actualisée de l’exégèse biblique concernant la relecture, la réception et l’appropriation des Ecritures.

    La littérature biblique se donne pour la lecture en tant que Parole de Dieu inspirée et révélée aux hommes de toutes les époques. Ainsi, la pratique du recours aux Ecritures comporte une grande actualité dans les communautés des croyants. Mais comment les Ecritures Saintes elles-mêmes ouvrent-elles des pistes de relecture, de réception et d’appropriation par le lecteur ?
    La Bible est marquée par des reprises et des échos internes. Les écrits du Nouveau Testament font état de réminiscences vétérotestamentaires. L’évangile de Matthieu, sur lequel porte notre attention, est caractérisé par des racines juives qui trouvent leur accomplissement en Jésus. Le texte matthéen des tentations de Jésus (Mt 4,1-11) revêt un statut paradigmatique au sein du premier évangile en tant que prolepse et analepse par la densité de sa thématique. Cet épisode est construit sur quatre citations explicites (Dt 6,13.16 ; 8,3 ; Ps 91 (90),11-12) ainsi que quelques références et allusions scripturaires (tentation, désert, quarante jours et quarante nuits, etc.). L’intersection entre la voix du narrateur et ses sources donne à penser à nouveaux frais la problématique de l’exploitation actuelle des Ecritures. Notre analyse de ce texte se réalise sur la base des outils méthodologiques ancrés dans les théories de l’intertextualité et de l’exégèse intrabiblique sous l’unique label de « l’intertextualité intrabiblique ».

    Il ressort parmi les résultats de nos recherches que la narration de Mt 4,1-11 se présente comme un « midrash chrétien » élaboré sur des données typologiques et targumiques qui éclairent l’expérience de Jésus à la suite de la marche d’Israël au désert. Du point de vue synchronique, cet épisode qui inaugure la vie publique de Jésus se comprend mieux dans le contexte élargi de l’ensemble du premier évangile dont il reflète les thèmes majeurs (la filiation divine de Jésus, la mise à l’épreuve, le jeûne, le pain, la montagne, les royaumes du monde et leur gloire, l’adoration, l’assistance des anges, etc.). Cette péricope renferme des perspectives théologiques axées sur les attentes messianiques, la christologique théocentrique, la conception des miracles par le Fils de Dieu et le caractère apologétique du récit.

    Comme Jésus, le diable et le narrateur matthéen font chacun une lecture des Ecritures, il se dégage quelques orientations herméneutiques qui interpellent le lecteur actuel de la Bible. Les approches littéralistes telles que pratiquées par le diable dans sa relecture du Ps 91 (90),11-12 sont à éviter au profit des relectures contextuelles (cf. Jésus) et actualisantes (cf. le narrateur matthéen). Les apports de la lecture canonique de la Bible sont actuellement d’une très grande importance pour une telle exégèse.

    A la lumière du recours aux Ecritures en Mt 4,1-11, le lecteur actuel de la Bible doit s’inscrire dans la tradition réinterprétée progressivement qui a généré ces écrits. Le Nouveau Testament se comprend mieux à la lumière du recours à l’Ancien Testament qu’il vient éclairer par sa réalisation en Jésus. Les deux grandes parties de la Bible chrétienne doivent se lire dans une intertextualité interprétative. Pour en dégager le sens, il importe de respecter le contrat de lecture inhérent à chaque texte. L’appropriation des Ecritures rejoint le lecteur dans son contexte particulier qui se perçoit dans la dynamique du texte. C’est le cas aussi pour les communautés chrétiennes d’Afrique dans leurs propres approches des textes bibliques.

    Par François PONGO LOWANGA