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  • (Ac 10, 34-48)

    Deux récits de la venue de l’Esprit Saint

    Dans le livre des Actes des Apôtres, nous trouvons deux récits du don de l’Esprit Saint. Le récit le plus connu, c’est celui que nous lisons le jour de la Pentecôte. Les disciples rassemblés, avec Marie, reçoivent ce don sous l’apparence de langues de feu. Remplis de cette force, ils s’adressent aux juifs de tous pays venus à Jérusalem pour la fête.
    Le second récit se passe dans une cité non-juive, Césarée, au bord de la Méditerranée. Pierre est invité à venir chez un centurion de l’armée romaine nommé Corneille qui désire s’entretenir avec lui. Il comprend alors le sens de la vision qu’il venait d’avoir, une invitation à manger de la viande considérée comme impure par les juifs (voir Ac 10, 9-16) : il ne devait pas hésiter à entrer chez un païen pour lui annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. Le texte proposé ici rapporte le discours de Pierre et le don de l’Esprit aux païens.


    34 Alors Pierre ouvrit la bouche et dit : " Je me rends compte en vérité que Dieu est impartial, 35 et qu’en toute nation, quiconque le craint et pratique la justice trouve accueil auprès de lui. 36 Son message, il l’a envoyé aux Israélites : la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ, lui qui est le Seigneur de tous les hommes.
    37 " Vous le savez. L’événement a gagné la Judée entière ; il a commencé par la Galilée, après le baptême que proclamait Jean ; 38 ce Jésus issu de Nazareth, vous savez comment Dieu lui a conféré l’onction d’Esprit Saint et de puissance ; il est passé partout en bienfaiteur, il guérissait tous ceux que le diable tenait asservis, car Dieu était avec lui. 39 " Et nous autres sommes témoins de toute son oeuvre sur le territoire des Juifs comme à Jérusalem. Lui qu’ils ont supprimé en le pendant au bois, 40 Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et il lui a donné de manifester sa présence, 41 non pas au peuple en général, mais bien à des témoins nommés d’avance par Dieu, à nous qui avons mangé avec lui et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. 42 Enfin, il nous a prescrit de proclamer au peuple et de porter ce témoignage : c’est lui que Dieu a désigné comme juge des vivants et des morts ; 43 c’est à lui que tous les prophètes rendent le témoignage que voici : le pardon des péchés est accordé par son Nom à quiconque met en lui sa foi. "
    44 Pierre exposait encore ces événements quand l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui avaient écouté la Parole. 45 Ce fut de la stupeur parmi les croyants circoncis qui avaient accompagné Pierre : ainsi, jusque sur les nations païennes, le don de l’Esprit Saint était maintenant répandu ! 46 Ils entendaient ces gens, en effet, parler en langues et célébrer la grandeur de Dieu. Pierre reprit alors la parole : 47 " Quelqu’un pourrait-il empêcher de baptiser par l’eau ces gens qui, tout comme nous, ont reçu l’Esprit Saint ? " 48 Il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ et ils lui demandèrent alors de rester encore quelques jours.


    L’Esprit rassemble juifs et païens en un seul peuple

    Ne cherchons pas dans l’Ecriture une définition de l’Esprit Saint. Nous le reconnaissons à ce qu’il produit par les hommes auxquels il est envoyé. Dans le premier récit, l’Esprit pousse les Apôtres à ne plus avoir peur, à sortir, à annoncer Jésus Christ mort et ressuscité, à appeler à la conversion, à recevoir le baptême et à se rassembler pour former l’Eglise, la communauté des croyants en Jésus Christ, si bien qu’on peut dire que la Pentecôte, c’est l’acte de naissance de l’Eglise.
    Mais, au départ, cette Eglise est exclusivement composée de juifs. La deuxième partie du Livre des Actes des Apôtres raconte l’ouverture de cette Eglise à tous les êtres humains, quels que soient les races, les peuples ou les langues. Paul en sera le principal artisan.
    Mais, déjà, Pierre, sous l’inspiration de l’Esprit Saint, inaugure cette ouverture. Il le fait par la même annonce de Jésus Christ, de sa naissance jusqu’à sa mort et sa résurrection. Mais, dans son discours à la famille de Corneille, il n’a pas le temps de parler du Baptême ; l’Esprit Saint le devance (v 41). Il en tire la conclusion qu’on ne peut refuser le baptême à ceux qui ont reçu l’Esprit. Le baptême devient donc ici le Signe de l’entrée dans l’Eglise.

    Les difficultés surmontées

    Nous savons, par la suite du récit, que cette entrée des païens dans l’Eglise ne se fit pas sans difficultés. Pierre dut s’expliquer auprès des membres de l’Eglise de Judée. Le ch. 11 des Actes nous le raconte. Mais les mêmes réticences se retrouvent quand Paul admet des païens dans l’Eglise sans les obliger à passer par les obligations de la Loi juive. Il faudra une « Assemblée Générale » de l’Eglise à Jérusalem (Ac 15, 1-40) pour aplanir les difficultés. Notons la belle formule employée pour authentifier les conclusions de l’Assemblée (Ac 15, 28) : « l’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé… »

    Identité de l’Eglise : rassembler

    Le Père Rouet se plaisait à dire que le choix essentiel, dans la société comme dans l’Eglise, était entre fermeture ou ouverture, repliement sur soi ou accueil de l’autre. Dès le début, nous l’avons vu, l’Eglise a été amenée à s’ouvrir au monde. Dans la société d’aujourd’hui, il est beaucoup question d’identité ; on met le plus souvent l’accent sur ce qui nous différencie des autres, quitte à s’en servir comme d’un mur de protection. L’identité de l’Eglise, poussée par l’Esprit qui, déjà, travaille au cœur de chacun, et cela depuis ses origines, c’est d’abolir toute frontière, de détruire tous les murs, pour rassembler tous les êtres humains en un seul peuple.
    Pour conclure, rappelons une fois de plus la parole de Paul aux Galates (3, 27-28) : « Oui, vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu Christ. Il n’y a plus ni Juif, ni Grec ; il n’y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus Christ  ». Le centurion Corneille et sa famille, unis aux juifs chrétiens rassemblés autour de Pierre, sont le modèle de l’Eglise pour aujourd’hui, si elle veut rester fidèle à l’Esprit qui l’anime.
    Joseph CHESSERON