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  • Dimanche 22 septembre 2013, 25ème du temps ordinaire, année C.

    Luc 16, 1 à 13 : le gérant trompeur.

    Les usuriers, par Marinus van Reymerswaele, vers 1540 (Musée Stibbert, Florence).

    Au début de la Renaissance, les villes du « plat pays » flamand sont en plein essor.
    Le commerce et l’argent prennent beaucoup d’importance dans la société et jusque dans les familles. De nombreux tableaux l’expriment avec le réalisme de détail que permet la peinture à l’huile : banquiers, percepteurs, changeurs, manipulant pièces d’or et balances, on dirait aujourd’hui caisses enregistreuses.

    Marinus van Reymerswaele, peintre à Anvers, se situe dans ce courant. On a de lui plusieurs toiles sur le thème des usuriers. Celle-ci, presque caricaturale, n’est pas faite pour illustrer la parabole de ce jour en Luc, mais regardons-la bien. Que voyons nous ?

    Deux hommes, l’un au bonnet rouge, l’autre au bonnet vert, serrés l’un contre l’autre, tous deux accoudés à une table où traînent des pièces de monnaie.

    Le premier, visage grave et yeux baissés, très attentif derrière son binocle, sa plume légèrement soulevée, s’apprête à signer quelque contrat sur son livre de comptes.

    L’autre a un corps tout tordu entre la main qui tient le gros ruban d’une bourse et une paire de lunettes, l’autre main s’appuyant sur l’épaule de son voisin. Son visage aussi est tout tordu : bouche ricanant à moitié, regard filou posé sur nous, comme pour nous prendre à témoins de l’action, nous appelant comme complices.

    Pas de paroles, mais deux lignes, de la plume et d’un doigt, pointent vers le même texte, qui est le cœur de la scène. L’argent trompeur prend visage de papier.

    Il s’agit bien d’argent, de fausse attestation… Relisons la parabole ; qui pouvons-nous mettre derrière chaque personnage ?

    « Les fils de ce monde sont plus habiles entre eux
    que les fils de la lumière ».

    Jacques Lefebvre