• Logo
  • Ma vie va-t-elle changer après le sacrement de la confirmation ?

    Voilà une question entendue de la bouche de jeunes se préparant au sacrement de la confirmation. Que répondre ?

     

    Un sacrement n’agit pas comme par magie

    Un sacrement reste d’abord l’action de Dieu-même : ce n’est pas de la magie. Le geste de l’onction avec l’imposition des mains et la parole sacramentelle n’est pas un geste ni une formule magique. Cela peut paraître évident, à première vue, mais cela n’est pas toujours si évident pour des jeunes abreuvés de la littérature des contes fantastiques et de leurs films, qui mettent en scène des “magiciens”.

    L’action de Dieu n’est pas comme une force en suspension autour de nous, que le prêtre libèrerait en disant une formule bien choisie ! Sinon, cela voudrait dire que l’on peut agir sur Dieu et qu’au fond, on se met à la place de Dieu. (C’est le péché par excellence !)

    Célébrer un sacrement, c’est simplement être fidèle au commandement du Christ qui a promis qu’il agirait dans l’Église par son Esprit. C’est croire que le Christ est ressuscité et en vivre. C’est implorer Dieu pour qu’il agisse de nouveau comme le Christ agissait avec ses contemporains pendant son ministère, et qu’il agisse par le Christ ressuscité. C’est avoir la certitude que Dieu nous aime, qu’il veut notre bien et nous faire grandir dans cet amour.

    Dieu agit au cœur d’une relation

    L’action de Dieu ne se déploie que dans une relation. Recevoir un sacrement n’a de sens et de force que dans une relation à Dieu, même si elle reste ténue. Il s’agira donc de faire grandir cette relation, sachant que, comme le dit saint Paul, l’Esprit Saint est celui qui nous fait dire à Dieu : Père ! (Rm 8,15, Ga 4, 6) c’est-à-dire que l’Esprit Saint est force lui-même pour accroître la relation avec Dieu.

    Une relation, c’est toujours un lien entre deux personnes. Et il n’y a de vraie relation qu’entre personnes qui restent libres l’une par rapport à l’autre. Dieu respectera toujours notre liberté, y compris celle de le refuser. Il n’a que l’amour qu’il nous porte pour “conquérir” notre liberté. (C’est le paradoxe de l’amour vrai que de laisser l’autre pleinement libre mais en même temps de l’attirer à soi.) Cette relation, le chrétien peut donc la rechercher, l’entretenir, ou bien la refuser, l’oublier.

    Pour comprendre ce qu’est cette relation à Dieu, on se référera à l’article : Vivre des dons et fruits de l’Esprit Saint. La vie changera si l’on prend au sérieux cette relation, si l’on apprend à se laisser faire par l’Esprit Saint, si l’on se donne pour faire vivre sa foi, avec d’autres et pour d’autres.

    Dans la continuité avec un grand respect du point où nous en sommes

    Après avoir reçu le sacrement de la confirmation, il n’y a normalement pas de changements brusques (sauf cas extraordinaires, car il faut laisser à Dieu, la possibilité d’agir comme il l’entend.) Mais si l’on entretient cette relation, il y aura des changements au jour le jour. L’action de l’Esprit Saint s’enracine dans une continuité et elle commence bien avant qu’on ait reçu le sacrement de la confirmation. À cause de notre liberté, Dieu respectera toujours ce que nous sommes et agira plutôt comme à l’intérieur de nous-mêmes, en partant du point où l’on est. Cette disponibilité à l’Esprit Saint a besoin d’être nourrie avec la prière et plus particulièrement avec l’eucharistie ; cette ouverture à l’Esprit Saint a besoin d’être ravivée ou comme “débouchée” par le pardon reçu et donné et plus particulièrement avec le sacrement de la réconciliation ; cette docilité à l’Esprit Saint a besoin d’être renforcée par l’engagement qui fait sortir de soi, pour aimer, aider ou servir davantage l’Église, le monde et tout homme.

    S’il y a continuité dans notre vie, il est essentiel que celui qui se prépare à recevoir le sacrement de la confirmation soit ouvert et initié, pendant la préparation au sacrement, à cette relation et ce qu’elle appelle.

    Que peut faire Dieu si l’on reste plutôt fermé à cette relation ?

    La question se redouble si l’on ne fait rien, si l’on n’entretient aucunement cette relation, cette disponibilité, cette ouverture ou cette docilité à l’Esprit Saint. Mais si les sacrements ne sont pas de la magie par laquelle Dieu serait obligé d’agir, l’action de Dieu ne dépend pas non plus de notre activité. Dieu se donne toujours complètement dans les sacrements. Et ce que Dieu a donné, il ne le reprend jamais. Son action pourra sembler comme en sommeil si tout en soi la refuse. Mais la Bible nous décrit Dieu comme rempli de patience. Et Dieu peut agir dans le secret des cœurs, au-delà du visible. Viendront dans la vie, et jusqu’au face à face au-delà de la mort, bien des occasions pour raviver le don reçu, en plénitude.

    Faut-il rechercher des changements sensibles ?

    Parfois, certains jeunes peuvent être à la recherche de changements ou d’évolutions sensibles. Comme si ce qui était ressenti était l’unique preuve de l’action de Dieu. L’expérience des mystiques — ces experts de la vie avec Dieu, dans l’Église, depuis deux millénaires — permet de répondre avec assurance que l’action de l’Esprit Saint ne se joue pas d’abord dans le sensible, mais qu’elle doit se situer plus profondément encore. Rechercher uniquement le sensible pourrait être une recherche tournée vers soi-même et non pas vers Dieu. Néanmoins, les fruits de l’Esprit comme la paix, la joie, la douceur, la confiance, peuvent avoir une expression sensible. Quand cela est donné, il s’agit de ne pas le refuser et de l’accueillir au mieux.

    P. Jérôme Guingand, sj