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    Babel ou l’orgueil humain

    On donne beaucoup d’importance, dans la culture générale, à l’histoire de la tour de Babel, qui ressemble étrangement à la grande tour de Babylone. Si vous vous reportez au texte dans votre Bible, vous la trouverez au début du chap 11. Elle n’occupe que neuf petits versets. Elle a cependant une certaine importance théologique. Le texte se présente en deux épisodes.

    Premier épisode.

    Les hommes, parlant la même langue, décident de bâtir une tour qui atteigne le ciel, c’est à dire le séjour de la divinité. Ils se mettent au travail. De la sorte ils sont assurés, pensent-ils, de ne pas être dispersés et d’assurer leur puissance par l’unité.

    Deuxième épisode.

    Dieu ne voit pas cela d’un bon œil. Il reproche aux hommes cette unité (mais l’unité est-elle mauvaise ?). Cependant, loin de détruire les hommes (car il s’agit bien ici de la totalité de l’humanité), il déjoue leur plan. Il tient ainsi la promesse qu’il avait faite de ne plus détruire sa création à cause de l’homme, malgré ses fautes (Gn 8, 21-22).

    Il importe de remarquer le sens des mouvements, indiqués dans le texte, et qui est plein de signification :
    - mouvement ascendant des hommes qui veulent atteindre le ciel, c’est à dire se donner les pouvoirs de Dieu,
    - mouvement descendant de Dieu qui vient voir ce que font les hommes.
    Dieu s’abaisse alors que les hommes prétendent s’élever par eux-mêmes. Dieu se fait proche des hommes pour leur bien. Il ne les condamne pas sans avoir constaté par lui-même ce qu’ils font et quelles sont leurs intentions.

    Dans ce texte nous découvrons la méthode de la Genèse. Le narrateur veut rendre compte de l’état du monde dans lequel il se trouve. Pour le faire il part de ce qu’il constate et, de là, remonte jusqu’à l’origine (de type théologique plus que chronologique) pour comprendre pourquoi les choses sont ainsi plutôt qu’autrement et cela à partir de l’acte primordial et unique de Création.

    Ainsi le narrateur ne peut que constater la diversité des langues parlées par les peuples qui l’environnent. Il vit cette diversité comme un mal. Dieu ne peut en être responsable puisque tout est bon dans la Création.

    Pourquoi Dieu refuse-t-il l’unification de tous les hommes ?
    Parce qu’il s’agit d’une unification « politique », basée sur l’impérialisme d’un seul Etat, la prestigieuse Babylone !
    Par un jeu de mots, dont la Bible est friande, le nom de Babylone qui signifie, en sumérien, « La porte des dieux », devient en hébreu « La ville de la confusion » ! Les ambitions des hommes ont été déjouées. Nul ne peut se faire, sans illusion, aussi grand que Dieu. Dieu n’est pas contre l’unité des hommes, au contraire mais lorsqu’elle est basée sur l’écoute de la Parole.

    C’est à la Pentecôte que l’unité voulue par Dieu se réalise (Ac 2, 1-11). Après avoir reçu l’Esprit qui doit faire d’eux des « témoins » de Jésus Christ, c’est à dire de la Bonne Nouvelle, les Apôtres s’adressent aux gens qui sont réunis à Jérusalem, pour célébrer la Pâque. Ceux-ci comprennent ce que disent les Apôtres dans leurs propres langues. Ils s’étonnent de ce fait extraordinaire.

    Luc, l’auteur des Actes, insiste sur cet aspect en faisant un catalogue des nations présentes ce jour-là et qui écoutent les Apôtres. Ce qu’annoncent les Apôtres est Bonne Nouvelle pour tous, au delà des cultures et des civilisations. La Bonne Nouvelle est unificatrice parce qu’elle est universelle. Mais cette unité ne passe pas par une uniformisation de langues réduites à une seule, mais elle est unité par delà la diversité des langues, qui loin de l’amoindrir ne font que l’enrichir. La diversité des langues n’est pas remise en question dans ce texte des Actes. Cela traduit la nécessité d’adapter, de « traduire », la Parole de Dieu en termes compréhensibles par quelque civilisation que ce soit.
    Le message chrétien est à la portée de tous. Ce qui montre qu’il n’y a pas de langue sacrée dans le christianisme. L’Ecriture est Parole de Dieu, elle n’est pas un texte figé.
    « La variété des langues qui était, à la tour de Babel, signe de dispersion et d’éparpillement vers toutes les nations, est devenue, dans le Christ, signe du rassemblement dans l’unité par l’Esprit, et gage de l’accès aux réalités d’en haut. »
    , écrit Cyrille d’Alexandrie au IV° siècle.

    Alain.

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