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  • Le centurion de Capharnaüm

    Chaque dimanche, dans la célébration de l’Eucharistie, nous proclamons la résurrection du Seigneur, une tradition qui nous vient des premiers chrétiens. Mon propos aujourd’hui est d’attirer l’attention sur un personnage étonnant que nous citons précisément à chaque célébration, avant le partage du pain, le centurion de Capharnaüm.

    Un centurion était un officier de l’armée romaine qui avait pour responsabilité de commander une centurie (100 soldats). La garnison de Capharnaüm appartenait probablement à la 10ème Légion romaine (legio fretensis) stationnée, à cette époque, en Syrie. Une légion romaine comprenait 6000 hommes.

    On imagine aisément que le centurion de Capharnaüm, ce dignitaire de haut rang a dû être impressionné par la personnalité du prophète de Nazareth récemment arrivé dans sa juridiction de Galilée.

    On peut penser que ce haut gradé, en mission de surveillance, s’était glissé dans la foule, discrètement, pour écouter le prophète Yéshoua proclamer ses béatitudes sur la colline qui surplombe la cité portuaire.

    Sans doute était-il au courant des discours du Christ dans la synagogue que lui-même avait fait construire pour les juifs. Le prophète Yeshoua n’était pas un inconnu pour lui, déjà un officier du roi Hérode était allé à Cana obtenir du prophète de Galilée la guérison de son fils. Cette guérison avait fait grand bruit dans Capharnaüm (Jean 4, 46-54).

    Dans la cité de Kfar Nahum résidait l’évangéliste Matthieu, mieux connu à cette époque, sous le nom de « Lévi, le fils d’Alphée », était percepteur des impôts, en somme un publicain ; une autre source fait de Lévi le chef de la douane de la cité-frontière. Un évènement comme la rencontre du Christ avec un officier romain ne pouvait pas lui échapper ; son récit est un témoignage vécu.

    Le reporter Matthieu raconte : De bon matin Christ Yéshoua était allé sur les bords du Lac enseigner la Parole à des disciples. Le soir venu, alors qu’il rentrait dans la cité de Kphar Nahum, le centurion de la garnison romaine « s’approcha de lui et le supplia en ces termes : Seigneur, mon serviteur est couché à la maison, atteint de paralysie et souffrant terriblement. »

    Le prophète Yéshoua le rassure : « Moi, j’irai le guérir. » Le centurion reprend : «  Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit ; dis seulement une parole et mon serviteur sera guéri. »

    Yéshoua dit au centurion : « Rentre chez toi. Qu’il te soit fait comme tu as cru. »

    Et le serviteur fut guéri à cette heure-là.

    « Seigneur, je ne suis pas digne… »  : de fait l’officier romain sait que la loi israélite n’autorise pas le Christ à entrer dans sa maison. Par ailleurs cet homme a eu l’intuition que la personnalité du prophète Yéshoua était exceptionnelle, que ce personnage récemment arrivé de Nazareth appartenait à un autre monde. « Seigneur, je ne suis pas digne… »

    Le centurion est une autorité qui sait donner des ordres, il le dit lui-même ; mais il sait aussi que le prophète Yéshoua peut faire que son serviteur soit guéri. Cet officier romain soumet la politique et son pouvoir à ce Yéshoua représentant de l ’amour du prochain, de la compassion, en somme de la miséricorde.

    De son côté, le Christ reconnaît que ce militaire est un homme bon, juste et il le présente comme un modèle de foi authentique : « Je vous le dis, même en Israël, je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. »

    Le reportage de Matthieu sur la rencontre du Christ et du centurion romain nous amène à conclure à un double miracle : le miracle de la guérison du serviteur et le miracle de ce militaire qui s’éveille à la foi en Christ.

    A chaque célébration de l’Eucharistie - (le terme « eucharistie », terme évangélique, est préféré au mot « messe » issu d’une tradition tardive) – à chaque célébration eucharistique donc, nous pouvons nous souvenir de ce centurion romain qui fut l’un des premiers à exprimer sa foi en Christ.

    N.B. En Gaule, au 4ème siècle, la formule « ite missa est » désignait la fin d’une réunion publique ou d’un office religieux. Par la suite le mot « missa » a été retenu pour désigner la célébration eucharistique qui est devenu la « messe ».

    "Seigneur, je ne suis pas digne"

    Père Joseph GUILBAUD

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