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  • Zachée, descends de ton sycomore

    Le malheureux Zakkaï (Zachée) avait tout ce qu’il fallait pour attirer l’hostilité. C’était un publicain, un collecteur d’impôts. Il était même le chef des publicains, rapporte Loukas (Luc) ; en somme le patron de la corporation redoutée.

    Aux yeux de ses compatriotes juifs, il apparaissait comme un traître au service des Romains, puissance militaire occupant la Palestine. Dans sa permanence de Jéricho, Zakkaï ne manquait pas de majorer à son profit les sommes imposées aux contribuables. L’évangéliste Loukas le qualifie d’un mot : « Il était devenu riche ».

    Une tradition chrétienne assimile Zakkaï (Zachée) à Saint Amadour. Venu en Gaule, il s’installe dans une grotte du Quercy. Zakkaï serait mort à Rocamadour où a été fondé par la suite le sanctuaire portant son nom.

    Un jour Yéshoua (Jésus) vint à passer par Jéricho. Sa réputation l’a précédé ; en effet, peu de temps auparavant, il avait rendu la vue à un aveugle dans cette même agglomération. Les nouvelles vont vite ; la foule accourt pour voir le prophète Yéshoua de Nazareth.

    JPEGZakkaï cherchait à voir qui était ce Yéshoua, nous dit l’évangéliste. Curiosité désintéressée ? Certes pas, plutôt l’ambition d’étendre son champ de relations ; le prophète ne pourrait-il pas lui être de quelque utilité ? ne pourrait-il pas lui transmettre quelques bons conseils pour sa réussite professionnelle ?

    Rencontre inopinée, le Christ se trouve à passer dans une rue de Jéricho, non loin du bureau de Zakkaï. Yéshoua aperçoit notre percepteur des impôts camouflé dans les branches d’un sycomore (arbre connu sous le nom de figuier d’Egypte, le shikma).

    Les branches premières d’un sycomore se développent horizontalement, ce qui permet à notre petit personnage de grimper aisément ; Loukas confirme : « Il était de petite taille ».

    - Yéshoua interpelle Zakkaï.
    - Comment me connaît-il ? C’est un étrange sentiment pour une conscience polluée que de se savoir repéré et qui plus est par Celui qu’on appelle Christ.

    Se produit un moment d’affolement, d’angoisse lorsqu’on réalise que rien n’échappe au regard de Dieu.

    Le prophète Yéshoua en rajoute : « Zakkaï, descends vite car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi ».

    Yéshoua serait-il l’ami des publicains ? il mange avec eux.

    La foule réagit : Yéshoua sait-il qui est Zakkaï ? s’interrogent les gens suffisants.

    Le prendrait-il pour un homme de Dieu ? ricanent les autres.

    Le prophète de Galilée ne serait-il pas un peu naïf ? ajoutent les moqueurs.

    Comment l’ami des pauvres descend-il chez un riche ? Le scandale est à son comble.

    L’évangéliste note : « Vite, Zakkaï descendit et reçut Yéshoua avec joie ».
    Tout accueil du don de Dieu est marqué par la joie.

    La rencontre avec le Christ fait émerger le péché, puis le repentir : « Voilà, Seigneur, je vais donner la moitié de mes biens aux pauvres, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je lui rendrai le quadruple ».

    Christ annonce la Bonne Nouvelle à tous les pauvres quels qu’ils soient. En ce qui concerne Zakkaï, c’est la pauvreté morale.

    « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu ».

    Cet évènement nous est relaté par Loukas, médecin à Antioche et écrivain (Luc 19, 1-10)

    Dans le désert de Juda, "la rose de Jéricho"

    Père Joseph GUILBAUD

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