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  • La fête de Pessah des Yehoudim (la Pâque des juifs) approchait ; et pour la première fois, nous dit l’évangéliste Yohanan, Yéshoua était monté à Yerushalaïm pour accomplir son pèlerinage à l’occasion de cette grande fête de printemps. Des juifs de toute la Palestine mais aussi beaucoup de juifs de la Diaspora étaient venus en pèlerins célébrer Pessah : la sortie d’Égypte des hébreux et conjointement le début de la fête des moissons.

    Le récit de l’évangéliste Yohanan nous décrit un Yéshoua totalement désolé de constater, à son arrivée au Temple, que l’enceinte de l’édifice religieux était envahie de commerçants et de changeurs de monnaies :
    « Il trouve au sanctuaire les vendeurs de bovins, d’ovins, de palombes et les changeurs de monnaies, assis là. Il fait un fouet avec des cordes et les jette hors du sanctuaire avec les ovins et les bovins. Il éparpille la monnaie des changeurs et renverse leurs tables. Il dit aux vendeurs de palombes : enlevez cela d’ici. » (Jean 2, 14-16 – texte traduit par l’israélite André Chouraqui)

    Pour les responsables du Temple, les Sadducéens, tout ce commerce s’apparentait à une opération mercantile ; les exposants y faisaient de juteuses affaires :

    d’une part les changeurs en dégageaient des profits importants ; les monnaies étrangères étaient changées en « sicles », seuls deniers admis pour l’achat d’animaux, en vue des offrandes sacrificielles. Les changeurs étaient incontournables en raison des diverses origines des juifs de la Diaspora venus en pèlerinage dans la Ville Sainte ; les monnaies à l’effigie de souverains d’autres pays étaient proscrites.

    d’autre part les commerçants qui s’étaient installés eux aussi dans l’enceinte du Temple, plus précisément sur le « parvis des Gentils », la partie la plus éloignée du Saint des Saints, vendaient, sans scrupules parfois, des animaux en vue des sacrifices rituels et en retiraient des bénéfices substantiels.

    Il est à noter que le Christ, fort sévère avec les vendeurs de gros animaux, est plus tolérant avec les vendeurs de colombes ; cela tient sans doute au fait que Yossef et Myriam n’avaient pu acheter, lors de la présentation au Temple de Yéshoua enfant, que deux petites colombes.
    Yéshoua avait donc évincé les uns et les autres ; « Ne faites pas de la « maison de mon Père » une maison de trafic. » (Jean 2, 16)

    Le prophète de Galilée a donc fait preuve d’une réelle colère ; pourtant il faut bien reconnaître que ces commerçants étaient indispensables au service du Temple ; pour les juifs pratiquants il fallait bien acheter des animaux pour les holocaustes. Les changeurs étaient bien utiles aussi pour que les étrangers puissent accomplir leurs devoirs envers le culte à Yahweh. En fait ce qui a irrité le Christ Yéshoua c’est un comportement irrévérencieux dans le cadre du Temple et une mauvaise interprétation du culte rendu à Dieu.
    N.B. : Cette description du trafic dans l’enceinte du Temple de Jérusalem s’apparente quelque peu à la situation de nos lieux de culte ; aujourd’hui certains boutiquiers n’auraient-ils pas à craindre la visite du Seigneur !

    Les responsables du Temple prirent la parole et dirent : « Quel signe nous donneras-tu pour faire cela ? » Yéshoua leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire et, en trois jours, je le relèverai. »

    Les juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ? » (Jean 2, 18-21) Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
    Dans ce texte nous passons du sanctuaire lieu de présence visible de Dieu, à la personne de Yéshoua, véritable présence de Dieu.
    En situant l’épisode du Christ chassant les vendeurs du Temple au début de son évangile, Yohanan (Jean) dévoile le sens de la Mission de Yéshoua. Christ Yéshoua est présenté à la fois comme celui qui vient instaurer le culte véritable mais aussi comme étant lui-même l’unique sanctuaire par lequel on peut avoir accès à Dieu.

    « Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car, sans moi vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15, 5)

    Père Joseph GUILBAUD

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