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  • En ce vendredi 7 avril de l’année 30 de notre ère, Yérushalayim (Jérusalem) se réveille sous un soleil radieux. Afin d’éviter les heures les plus chaudes du jour, de bon matin Simon quitte la demeure familiale, puis, passant par la porte dite « des immondices » à l’est, descend dans la vallée verdoyante où il met en valeur un lopin de terre. Son jardin qui jouxte celui de Yossef ha Ramathaïm lui permet de faire vivre aisément sa famille.

    Simon avait quitté les terres pauvres et souvent désertiques de Cyrénaïque pour venir s’installer sur les terres fertiles de Judée ; en tant que juif pratiquant, il avait toujours désiré revenir sur les terres de ses ancêtres.

    Simon était un solide gaillard, courageux et travailleur. Il était aussi de tempérament très tolérant et il s’était intégré très facilement dans la vie cosmopolite de la Cité Sainte ; d’ailleurs ses deux garçons portaient des noms païens : un nom grec pour Alexandre, un nom latin pour Rufus.

    En ce vendredi printanier, à 9h du matin, le soleil est déjà haut dans le ciel de Palestine ; la chaleur devient pénible à supporter, mieux vaut revenir à la maison et se livrer à des travaux domestiques. Après avoir rangé ses outils dans le cabanon en pierres sèches, notre cultivateur quitte son champ, passe les murailles de la Cité Sainte et se trouve à croiser une troupe bruyante : des troufions romains, fort mécontents de la mission que Pilatus leur a confiée, conduisaient un condamné à la crucifixion.

    Des passants s’apitoyaient sur ce spectacle de violence. Des femmes se jetaient à genoux en pleurant, manifestant contre cette scène de désolation. Un militaire saisit notre brave Simon par le col de son vêtement et lui intima l’ordre de porter la croix du condamné.

    Simon souleva la croix, la posa sur son épaule gauche et du bras droit traînait le malheureux condamné qui butait sur les pavés irréguliers de la chaussée romaine.

    Quand le cortège arriva sur la butte rocheuse appelée « le crâne chauve » (Golgotha) située au-delà des remparts, un membre de la soldatesque chassa Simon sans le moindre ménagement.

    Le cœur lourd, l’esprit égaré, Simon rejoignit un groupe de curieux au pied des remparts de la Cité, des curieux qui contemplaient le spectacle de violence :
    des gens demandaient : « Qui est-il ? Qui est-il le condamné ? »
    les uns répondaient : « C’est le prophète Yéshoua de Nazareth en Galilée. »
    les autres précisaient : « C’est celui qui disait : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix chaque jour, et qu’il me suive. »

    Alors Simon se cacha les yeux dans ses mains calleuses de travailleur des champs… Simon pleurait.
    Simon de Cyrène prit conscience qu’il avait porté la croix du Fils de Dieu.

    Remarque : Des historiens pensent que Yéshoua ne portait que le patibulum (la traverse de la croix) attaché sur ses épaules ; en ce cas on comprend difficilement comment Simon de Cyrène aurait pu soulager le Christ. En outre les quatre évangélistes ont écrit que "Jésus portait sa croix".

    Père Joseph GUILBAUD
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