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  • La Samaritaine. "Si tu savais le don de Dieu" (3ème dimanche Carême Année A)

    « Donne-moi à boire ». On le comprend Yéshoua de Nazareth.
    Il est midi sous le soleil de Samarie.
    Le soleil est dur, la chaleur implacable.
    Venant de Judée pour se rendre en Galilée, le voyageur a marché de longues heures.
    Parvenu à proximité du village de Sichar, le marcheur a soif, s’assied sur la margelle d’un puits. Yéshoua s’arrête au « Puits de Jacob », au pied du mont Garizim – (là même où je me suis arrêté parfois, comme le Christ, pour un peu d’eau fraîche).

    Une femme vient puiser de l’eau. Donne-moi à boire, lui demande l’étranger.
    Scène banale et pourtant le dialogue qui va suivre est d’une densité fantastique.
    Mais qui donc es-tu, femme de Samarie ?

    La Samaritaine a de l’humour.
    L’humour c’est ce qui permet à une personne de prendre du recul devant les évènements de la vie.
    Elle ne se prend pas au sérieux. Elle ne possède pas la vérité. Elle est en quête de vérité. Elle se présente avec humilité. Dépouillée d’elle-même, elle est toute attention à l’autre. Alors elle rencontre le Christ.

    Qu’est-ce qui fait que les gens ne rencontrent pas le Christ ? Les gens souvent se prennent au sérieux. Ils possèdent la vérité, la leur. Les gens marchent en sens inverse de la Samaritaine. Les gens font leur christianisme sans jamais rencontrer le Christ. On est loin de la personnalité de la femme de Samarie.

    La Samaritaine est intelligente.
    Elle fait preuve de clairvoyance. Elle sait écouter – cheminer avec la pensée de l’autre. Elle cherche à comprendre.
    C’est tellement vrai qu’avant que le Christ ne se soit révélé, elle a déjà eu l’intuition que cet étranger est le Messie attendu : « Je sais qu’il vient le Messie, celui qu’on appelle Christ ». (Jn 4, 25)

    La Samaritaine a compris que cet homme Yéshoua est le Messie, alors que les disciples, les apôtres n’ont sans doute pas encore réalisé la mission universelle du Christ ; il semblerait qu’ils se soucient plus de la nourriture matérielle que de l’eau vive du don de Dieu. « Les disciples en effet étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger ». (Jn 4,8)
    La Samaritaine possède cette clairvoyance spirituelle qui lui fait découvrir le Christ.

    La Samaritaine ne confond pas morale et religion.

    Elle a dû sourire, la femme de Samarie, quand elle vit les apôtres s’indigner du fait que Yéshoua s’entretenait avec une femme – scandale !
    avec une étrangère – rendez-vous compte !
    et qui plus est une samaritaine : les juifs n’ont rien en commun avec les samaritains.

    La femme aux cinq maris sait que quel que soit l’état moral d’une personne, l’important c’est de chercher Dieu, de se mettre en route sur le chemin du Royaume, comme l’ont fait Marie de Magdala, Zachée de Jéricho, Paul de Tarse. Le message évangélique n’est pas un code de morale mais un chemin, une destination.
    Alors que les gens souvent réduisent le christianisme à une morale, la Samaritaine a l’audace d’aimer malgré son péché, de croire quand même, d’espérer malgré tout ; c’est la personnalité étonnante de la femme de Samarie.

    Le prophète Yéshoua se révèle à la Samaritaine :
    « Moi qui te parle, je le suis, le Messie ».
    Cette femme a découvert le don de Dieu.

    Yéshoua de Nazareth avait besoin de la Samaritaine
    pour puiser l’eau : « l’eau vive de la vie éternelle ».

    La femme de Samarie devient
    la première missionnaire de l’Evangile.

    En regagnant son village, sur le chemin qui gravit le mont Garizim,
    à ceux qui voulaient l’entendre, elle allait répétant :

    « Si tu savais le don de Dieu »

    Merci à toi, femme de Samarie

    Père Joseph GUILBAUD
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