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    Un carême inattendu

    Le mercredi des Cendres, nous entrions dans ce temps nouveau du Carême. Avec la Parole de Dieu, mais aussi par un geste humble, vrai : l’accueil des cendres, nous avons ouvert un chemin. Peut-être ira-t-il jusqu’au chemin de croix unis au Christ qui nous invite à le suivre ?

    Quel est donc ce chemin « souviens-toi que tu es poussière ». les cendres en témoignent, mais sous les cendres, il est encore quelques braises en attente d’un feu capable de tout embraser et de réchauffer chaque jour de ce carême inattendu.

    Inattendu ce qui nous arrive ici, mais aussi dans le monde entier. Tu es poussière, fragile, même toi qui te croyais invulnérable. Les événements qui se précipitent et se multiplient, créent un présent impensable il y a quelques jours. En quoi ces événements, face à la vie et à la mort nous donnent-ils à vivre ce carême 2020 ? S’ils nous permettaient de vivre l’évangile en nous laissant conduire vers la prière, le jeûne et le partage.

    L’Évangile du 4e dimanche nous éclaire

    « En sortant du temple, Jésus vit un homme aveugle ». Tout d’abord, il voit un homme. Des questions se posent. Entre autre par les disciples, porteurs de l’opinion commune quant à sa cécité depuis son enfance.

    Serait-il ainsi le fruit du péché ? Et s’il était d’abord le fruit d’un amour ?
    Dans la nuit depuis sa naissance, lui aussi est appelé à vivre dans la lumière. Et pour lui aussi, la vraie lumière, c’est Jésus.
    Finalement, il ne demande rien, mais il reçoit tout, gratuitement. Seulement une démarche : « va te laver ». C’est la seule réponse exigée. « Quand il revient, il voyait ».

    Cette entrée dans la lumière lui permet de découvrir tous ceux qui l’entourent : ceux qui s’interrogent, cherchent à comprendre ou s’enferment dans leurs certitudes. Finalement, ils sont victimes de leur aveuglement.
    En ces jours exceptionnels, Jésus passe et pose ses yeux sur notre terre, ce monde que Dieu aime. Ils sont nombreux les aveugles de naissance enfermés dans leur nuit, dans la certitude de tout dominer, de gérer cette terre sans penser à son devenir, de mépriser l’économie, l’avoir démesurée, au bénéfice de profiteurs insatiables.

    Et puis un virus invisible, sournois, dévastateur, vient tout compromettre de ce qui nous paraissait intouchable. Grande est notre cécité ainsi que notre pauvreté depuis l’origine quand l’homme veut se faire Dieu, s’en sortir par lui-même, sans rien n’attendre de la source créatrice.

    Ce carême inattendu nous convie à ouvrir l’évangile à la bonne page. Tout simplement celle du mercredi des cendres. Ainsi chacun de nous prend conscience qu’il est une personne unique devant le Seigneur et toujours uni à ses frères.

    « Quand tu pries », dans ta maison où tu dois vivre le confinement, retire-toi dans le silence pour parler très simplement à ton Père et lui confier tous tes frères inquiets et souffrants ou mourants.

    « Quand tu jeûnes », par manque de biens habituels, ces petits plats délicieux ou encore en s’abstenant de visites, de rencontres, d’heureux moments, pense à toutes les personnes qui sont exposées à la solitude et au danger.

    « Et quand tu partages », l’argent est nécessaire, mais le respect des autres passe aussi par de sages précautions. Un geste d’amitié, un coup de téléphone, une petite carte et tant d’autres gestes qui traduiront notre solidarité et l’amour de nos frères.

    Inattendu, ce carême l’est vraiment ! En l’ouvrant nous ne pensions pas à autant de changements pour notre quotidien. Quand à l’absence de toute célébration, n’est-ce pas un jeûne capable de faire naître en nous un vrai désir de prière et de découvrir aussi l’Eucharistie dans notre vie ? Sortir de notre routine peut-être, nous recentre sur une vraie prière adressée au Seigneur de la vie en lui parlant de tous nos frères.

    Les prêtres de la paroisse Ste Sabine
    Claude BARATANGE et Auguste SAMBOU