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    Nous sommes en l’année 30, à quelques jours de la fête de la Pâque juive à Jérusalem. Des évènements importants vont se dérouler : vendredi 7 avril, mort d’un certain Yéshoua de Nazareth ; puis plus surprenant, dimanche 9 avril, la résurrection de ce même Yéshoua. C’est alors que, à quelques jours de ces évènements, se situe le récit de l’évangéliste Luc : le prophète de Galilée chasse les vendeurs du Temple (Luc 19, 45-46).

    « Yéshoua monta à Jérusalem ».

    Le Nazaréen est un juif pratiquant ; il fait partie des Hassidim, les fervents. Sept fois dans son évangile, Yohanan de Yérushalayim note que Christ Yéshoua participait aux grandes fêtes, spécialement à la fête de la Pâque au printemps, en hébreu, la fête de Pessah. Pour les juifs, c’était shabbat hagadol, c’est-à-dire le grand shabbat.

    « Yéshoua entra dans le temple et se mit à chasser ceux qui vendaient. » (Luc 19, 45)

    L’iconographie chrétienne ne s’est pas privée de représenter cette scène, haute en couleurs et en mouvements : le Christ en colère, fouet en main, chassant les marchands du Temple ; scène qui nous oblige à jeter un autre regard sur Yéshoua de Nazareth : son exigence, son intransigeance.
    À remarquer que le Christ, en Jean 2, 16, réserve un sort différent aux vendeurs de colombes, qu’il semble traiter avec plus de gentillesse que les autres : « Enlevez cela d’ici ». En effet, les colombes étaient le sacrifice des pauvres, le sacrifice de ceux qui, comme Yosseph et Myriam jadis, ne pouvaient faire à Yahvé qu’une petite offrande ; dans son annonce du Royaume, Yéshoua de Nazareth portera une attention particulière aux pauvres.

    « Il leur disait : « Il est écrit : Ma maison sera une maison de prière, mais vous en avez fait une caverne de bandits. » (Luc 19, 46)-

    Les vendeurs et les changeurs n’étaient pas forcément de mauvaises personnes. Sans doute auraient-ils dû poser leurs tables plus discrètement, plus à l’écart du Saint des Saints. Mais ils rendaient un service considérable aux fidèles qui venaient de loin et avaient besoin de trouver sur place ce qui était indispensable pour offrir un sacrifice selon la coutume juive.
    Yosseph et Myriam, venant au Temple pour la présentation de l’enfant Yéshoua, avaient été bien contents de trouver les marchands pour acheter deux petites colombes (Luc 2, 24), pour les offrir en sacrifice au Seigneur.

    Mais n’en restons pas à une lecture superficielle de cet évènement.

    Icône de la Trinité. Andreï ROUBLEV

    En citant les paroles du Christ, Loukas écrit : « Ma maison sera une maison de prière ». Cette expression porte en elle, de toute évidence, l’identité de cet homme Yéshoua de Nazareth : nous avons là le sens profond de l’évènement : entre le Fils et le Père, il y a l’affirmation d’une grande intimité d’amour. Yéshoua est chez lui dans le Temple sacré de Yahvé. Ce lieu saint, c’est sa maison. C’est la « maison du Père » mais c’est aussi la « maison du Fils ».
    En somme nous avons dans ce récit, apparemment anecdotique, une affirmation de toute première importance, l’identité du Père et du Fils, l’affirmation de la divinité du Christ.

    Déjà à l’âge de 12 ans, le Christ avait affirmé que le Temple était la maison de son Père. En effet le jeune Yéshoua avait déjoué la surveillance de ses parents ; c’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple. Certes Yosseph et Myriam n’avaient pas apprécié la fugue de Yéshoua ; à ce moment précis, les parents n’avaient pas réalisé encore la mission de leur enfant.
    Myriam lui dit : « Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous ? »

    "Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ?" (Luc 2, 49)

    Père Joseph GUILBAUD
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