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  • Homélie du rassemblement diocésain des Jeunes 2022

    Lc 1, 39-45 Homélie du rassemblement diocésain des jeunes 2022

    « Attends. J’arrive ! » . Voilà la réponse que les adolescents donnent aux parents qui les invitent à venir à table ou à ranger leur chambre ! Plus jeunes, souvent, c’est dans un long soupir. Marie, elle, après que l’ange Gabriel lui ait annoncé la naissance de cet enfant, ne rechigne pas. Elle écoute, elle accueille et elle se met en route « avec empressement ». La réponse n’est pas à venir, hypothétiquement, lorsqu’elle l’aura décidée. Elle va droit au but.

    Notons ici qu’il n’y a pas de précipitation. Le mot empressement dit aussi son zèle, sa ferveur, son désir profond. Et voilà pourquoi il est essentiel de s’arrêter sur cet empressement. Si, du point de vue de la foi, nous reconnaissons la réponse ajustée à l’appel de Dieu, nous pouvons aussi y voir un trait de notre humanité  : qu’est-ce qui nous motive au point de partir « avec empressement ». Le départ pour les JMJ ? L’envie de trouver quelqu’un pour partager sa vie ? Le désir de rencontrer le Seigneur ? Plus qu’une description d’une scène de vie, l’Évangile nous presse à descendre en profondeur : qu’est-ce qui motive ma vie ?

    Ce qui motive la vie de beaucoup – et la mienne également – c’est d’aimer à mon tour. Lorsque j’ai été ordonné prêtre j’ai choisi un verset de l’Évangile pour dire ce qui me permet de me lever chaque jour. «  Pour que l’Amour dont tu m’as aimé soit en eux » (Jn 17, 26). C’est ce même amour reçu qui donne sens à la vie de Marie et lui permet, avec empressement, de partir rejoindre Élisabeth. Voilà ce qui fait son bonheur.

    Élisabeth le sait bien d’ailleurs, en disant à sa cousine : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ». Si parfois, il arrive à quelques-uns de ne plus savoir quel est le désir profond qui anime leur vie, l’Évangile nous offre ici une piste : chercher ce qui fait le bonheur des autres. Non pas ce bonheur éphémère d’une fête ou d’un bien de consommation. Ces plaisirs sont immédiats et nous font entrer dans une spirale de l’insatisfaction. Non, Elisabeth contemple le bonheur durable dans lequel Marie est. Ce qui donne sens à sa vie.

    Il n’est pas grave que, quelques fois, nous ne saviez pas encore ce qui fera votre bonheur et comment y parvenir. Car, certes, ce bonheur se reconnaît après coup mais surtout il se reçoit. Quel était le projet de vie de Marie ? D’épouser Joseph et d’avoir une vie de famille avec ce charpentier. Qu’est ce qui a fait son bonheur ? D’être choisie par Dieu et, en accueillant cette volonté de Dieu pour elle, de donner naissance à Celui qui nous donne la vie, la croissance et l’être.

    « Tu es bénie » s’exclame Élisabeth. Une manière de dire ce qu’il y a de beau en l’autre plus qu’à s’arrêter sur ce qui manque, ce que l’on n’a pas. Vous le savez, avec le Christ, le cœur de notre vie ne consiste pas à chercher notre bonheur individuel et immédiat. En revanche, nous sommes invités à vivre dans l’action de grâce, à dire combien nous sommes bénis, soutenus et fortifiés par le Seigneur. Un chrétien est toujours là pour dire ce qui l’anime, ce qui est beau. Nos journaux insistent sur ce qui va mal. Mais c’est dans nos cœurs, que règne cette action de grâce d’Élisabeth qui sait distinguer ce qu’il y a de beau, de juste et de bon autour d’elle.

    P. Julien DUPONT