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  • Mc 7, 1-23
    Homélie de la messe de rentrée paroissiale
    Dimanche 29 août 2021, église Saint-Etienne, NIORT

    Qu’est-ce qui vide les églises ? Pour les uns, on doit cette situation aux décisions du deuxième concile du Vatican, pour d’autres aux prêtres pédocriminels, pour d’autres encore à l’incapacité des responsables à être « innovants ». Or, si nous écoutons bien la Parole de Dieu ce matin, ce qui vide l’assemblée – l’écclésia – de son sens, c’est les incohérences et les disjonctions. Jésus-Christ ose même qualifier ses auditeurs d’hier et d’aujourd’hui, d’« hypocrites » (Mc 7, 6).

    Oui, sœurs et frères, c’est donc nous tous, baptisés, qui ne sommes pas en Vérité, c’est-à-dire à l’image et à la ressemblance de Dieu. C’est nous tous, baptisés, qui sommes ces serviteurs quelconques (Lc 17, 10) tous marqués par l’un des douze péchés reconnus comme tels en ce jour. Mais ne l’oublions pas : Dieu seul suffit ! La vie chrétienne n’est – et ne sera jamais – une question de rituels ou de pureté, mais de rachat : Dieu a donné sa vie pour nous. Dieu est Celui qui peut tout. Nous n’avons donc qu’à nous abandonner entre ses mains, d’abord et avant tout.

    Comme l’attestent les Écritures, « là où le péché abonde, la grâce surabonde » (Rm 5, 20). S’abandonner entre les mains du Seigneur, c’est reconnaître que toute liste d’incohérences est vaine. Il nous faut aussi voir comment la Parole de Vérité abonde en nos existences. Autrement dit, nous nous devons de développer une théologie de la grâce. La grâce, c’est ce don gratuit et efficace de Dieu dans chacune de nos vies. Plusieurs théologiens la définissent même comme « la visite de Dieu en nous ». C’est le cas de Karl Rahner, célèbre théologien du XXème siècle, qui nous exhorte à ce propos : « cherchons nous-mêmes l’expérience de la grâce dans la réflexion sur notre vie. Non pour dire : elle est là, je l’ai. On ne peut la trouver pour la réclamer d’une manière triomphante comme sa propriété et sa possession. On ne peut la chercher que lorsqu’on s’oublie, on ne peut la trouver que lorsqu’on cherche Dieu et qu’on se donne à lui dans un amour désintéressé, sans se retourner encore vers soi-même ». (Rahner, Écrits théologiques, III, p. 73-77 – 1962)

    Se donner à Dieu, aimer. Non pas à demi-mesure, mais entièrement : c’est là que nous sommes attendus. Celui qui aime « à moitié » est empêtré dans les incohérences mises en avant par le Seigneur dans cette page d’Évangile. Celui qui aime comme lui, c’est-à-dire jusqu’à l’extrême (Jn 13, 1), est celui qui vit de la Parole de Vérité. Alors oui frères et sœurs, n’ayons pas d’autre devise en cette rentrée que celle d’aimer sans mesure, comme Jésus, le Christ.

    Vous le savez, l’église Catholique, en France, va être secouée en cette année : le rapport de la commission Sauvé va être rendu public d’ici quelques jours. Et beaucoup auront beau jeu de souligner les hypocrisies et incohérences de chacun. Se conformer à une Parole de Vérité, c’est indispensable. Tant d’institutions devraient entrer dans un tel processus. Mieux vaut nommer le mal pour le mettre à l’écart. Oui, par son silence, notre Église n’a pas eu foi en Son Seigneur. Le silence semblait être une solution pour « protéger l’institution » sans compter sur la justice miséricordieuse de Dieu, sans faire confiance en son œuvre pour son Église. Ce manque de confiance, c’est un manque d’accueil de la grâce. En ce sens, je nous invite tous à entrer avec confiance dans cette année. Â compter sur Dieu qui guide son Église, son Peuple Saint. Ne nous laissons pas prendre au piège de ce mal qui guide nos vies.

    Notre paroisse n’est pas exempte de ce chemin de foi. Tous nous pouvons nommer la paille dans l’œil du voisin (Mt 7, 3-5). Voir ce qui va mal, ce qu’il est urgent de changer. Pourtant, avoir foi, c’est reconnaitre que l’œuvre de Dieu est plus vivante et réelle que tout. Vous le savez, notre projet d’année sera d’appeler, de former et de relier. Appeler comme le Christ à s’engager pour bâtir son Royaume, comme baptisés ou ordonnés. Former, pour être des disciples-missionnaires. Relier, enfin, les différents membres du même corps : « L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi » ; la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous ». (1 Co 12, 21). Ce projet est une manière d’agir. Mais il n’a de sens qu’en comptant sur Dieu seul pour agir, et non sur nos seuls talents.

    Avec foi, sœurs et frères, entrons donc dans cette année scolaire avec la certitude que Dieu, le Père des lumières (Jc 1, 17), fera resplendir son soleil sur chacun de nous, que nous soyons justes ou injustes (Mt 5, 45), purs ou impurs. Depuis notre baptême, Dieu est entré en nous pour toujours. Laissons-le régner en nos cœurs à jamais, et alors sortira de nous ce qu’il faut pour témoigner de Lui, ici et maintenant. Amen.

    P. Julien DUPONT

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