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  • L’évangéliste Matthieu nous rapporte que, sur les bords du Yarden (le, Jourdain), au gué de Béthabara, Yohanan le Baptiste avait proclamé un baptême de conversion ; de toute la Palestine les juifs accouraient pour écouter le message du prophète et se faire baptiser.
    Un certain Yéshoua (Jésus), de Nazareth en Galilée, était venu lui aussi pour recevoir le baptême. À cette occasion le Baptiste avait déclaré, en voyant son cousin Yéshoua venir à lui : « Voici l’agneau de Dieu, voici celui qui enlève le péché du monde. » (Jean 1, 29). En somme Yéshoua est bien le Messie attendu.

    Par la suite Matthieu nous apprend que le Baptiste a été jeté en prison pour avoir dénoncé le mariage de Hérode Antipas avec la femme de son frère Philippe. Même étant en prison, Yohanan avait quelques relations avec ses disciples, puisqu’il les envoie demander au prophète de Galilée : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » (Matthieu 11, 3)

    Dans l’accablement de la prison, Yohanan s’est mis à douter, à s’interroger ; Yéshoua est-il vraiment celui qui doit venir ?
    L’interrogation chargée d’inquiétude de Yohanan le Baptiste est la question qui nous est souvent posée, à nous les chrétiens. Le Christ est-il vraiment l’envoyé de Dieu ? Sa parole, sa vie, sa mort ouvrent-elles vraiment le chemin du salut ?

    Christ Yéshoua répond à l’interrogation angoissée de Yohanan, non en paroles mais par les faits. Yéshoua ne dit pas : oui, je suis le Messie, mais allez dire à Yohanan ce que vous entendez et voyez : « Les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres ». (Matthieu 11, 5)

    Les signes que donnent le Christ Yéshoua renvoient aux paroles du prophète Esaïe (42,18) :

    « Vous, les sourds, entendez.
    Vous, les aveugles, regardez et voyez. »

    A l’instar de Yohanan nous devons nous interroger : quels signes libérateurs donnons-nous à voir ? quel christianisme vivons-nous ? quelle est notre annonce de la Parole évangélique ?

    Dans ce même passage de l’évangile, le Christ fait l’éloge de Yohanan : « En vérité, je vous le déclare, parmi les enfants des hommes, il ne s’en est pas levé de plus grand que Yohanan le Baptiste. » (Matthieu 11,11).

    D’ailleurs plusieurs fois dans les évangiles, le Christ a fait l’éloge de personnages remarquables en raison de leur valeur spirituelle, pour ne citer que le centurion de Capharnaüm (Matthieu 8, 10) : « En vérité, je vous le déclare, chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi ».

    Le Christ aurait-il la même admiration pour chacun de nous, pour la qualité de notre recherche de Dieu, pour la vérité de notre vie, pour la miséricorde dont nous témoignons auprès de nos frères les plus pauvres ?

    Yéshoua termine par cette phrase étonnante (en raison de la contradiction apparente avec l’éloge du Baptiste) : « Le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que le Baptiste. » En effet, Yohanan étant le dernier des prophètes de l’Ancienne Alliance, le Christ veut nous faire comprendre que le plus petit de la Nouvelle Alliance est encore plus grand que le Baptiste.

    Cette petite phrase de Yéshoua nous fait ressentir toute la joie de notre foi en Christ, toute notre fierté d’être chrétiens aujourd’hui au cœur de ce monde préoccupant.

    Le Jourdain

    Père Joseph GUILBAUD
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