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  • Sur une butte du Marais, un lieu de pèlerinage
    Le sanctuaire de Sainte-Macrine apparaît dès le milieu du 10° siècle dans le cartulaire de l'abbaye Saint-Cyprien de Poitiers.
    La chapelle est bâtie sur un terrain nommé le Champ des Idoles et des trouvailles permettent d'affirmer que le site était occupé dès l'Antiquité. Si l'on ajoute les trois fontaines liées au culte de Macrine, parfois nommée Matrina ou Materna, la représentation de la sainte tenant une corne, liée à certains épisodes de ses légendes, on serait tenté d'évoquer la christianisation d'un culte très ancien d'une déesse-mère.

    II est difficile de dire qui était Macrine tant traditions et légendes sont contradictoires. Elle et sa soeur Colombe seraient venues d'Espagne au 4° siècle, au temps des dernières persécutions contre les chrétiens. Rejointes par Pezenne, Macrine et Colombe créent un petit monastère dans les environs de Niort. Fuyant à nouveau un seigneur voisin, elles se réfugient sur l'île de Magné, au milieu du Marais.
    Le culte de Macrine, après sa mort sur le plateau où elle avait fait sa demeure, devait se perpétuer. Des fondations permettront la desserte du sanctuaire par le clergé, notamment celle de la collégiale de Magné, en 1508.
    Macrine, sainte légendaire du Marais, est fêtée le 6 juillet. II faut la distinguer de deux saintes orientales du même nom, fêtées le 2 janvier.

    Un lieu de pèlerinage, qui abritait les reliques de la sainte, fut encore (re ?)construit au 13/14° siècle. Au nombre des pèlerins qui s'y rendaient en foule depuis une époque reculée, on comptera Louis XI, roi de France, en 1469.
    Malgré quelques velléités de suppression au 17° siècle, la démolition partielle puis la vente de la chapelle pendant la Révolution, les dévotions perdurent.
    En 1806, aux frais des fidèles de Magné et des environs, la chapelle rendue au culte est agrandie. Les campagnes de travaux se succéderont depuis la fin du Second Empire. La dernière, qui agrandit encore l'édifice par la nef, sera menée à partir de 1896.
    La chapelle, aux dimensions d'une église rurale, présente un plan en croix latine avec abside polygonale.
    Certaines analogies de structure l'apparentent à l'église de Sansais, qui n'est guère éloignée. Curieusement, l'église de Sansais est dédiée à saint Vincent... martyr espagnol du 4° siècle ! Autre similitude, les deux édifices ne sont plus orientés, - littéralement : "tournés vers l'est" - comme l'étaient probablement ceux qu'ils ont remplacés, mais regardent le couchant. Une différence cependant : l'église de Sansais, paroissiale, est pourvue du clocher qui manque à la chapelle Sainte-Macrine.

    On accède à l'édifice par un degré de quelques marches. La porte s'ouvre dans une façade limitée par deux contreforts à pinacle. Le pignon est percé d'un oculus polylobé.
    Dans la nef à vaisseau unique, une première travée, étroite, est aménagée en tribune. Les trois autres travées reçoivent la lumière de baies garnies de vitraux à losanges. Le couvrement a disparu et laisse la charpente apparente, la toiture ayant été refaite en 1945.
    Le carré et les deux bras du transept sont couverts de voûtes légères à ogives et liernes. La travée droite du choeur est agrémentée de deux arcades aveugles latérales elle est prolongée par une abside dotée de nervures radiales.

    Les vitraux du transept sont des grisailles d'ornement sorties des ateliers Martin d'Angers. Ils sont datés de 1880.
    Ceux de l'abside sont d'époques et de provenances diverses. Le vitrail d'axe, fabrication de Martin, est partiellement masqué par une grande statue de sainte Macrine en pierre réalisée par H. Maître sur un projet de P. Roux en 1926. Deux autres grisailles sont l'oeuvre du verrier Lécureuil (1913) et proviendraient de l'église de Saint-Liguaire. Les deux dernières (1941) sont de l'atelier bordelais Dagrand, chargé après la guerre de la réparation des vitraux.
    L'autel est orné, sur le devant, de la scène des disciples d'Emmaüs, fréquemment représentée à un tel emplacement.
    "Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors, leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent." (Luc 24, 30)

    Aux pignons des deux bras du transept sont aménagées deux arcades surbaissées. A gauche, une belle gravure de la Crucifixion fait face au confessionnal, à droite. De même, deux plâtres modernes sont en symétrie : une Notre-Dame de Lourdes à gauche, une Vierge médiatrice à droite.
     
    Une toile de 1806
     

    La toile accrochée dans l'angle du bras droit a été restaurée en 1978. (inscription sur la toile)

     
    C'est en 1806, lors de la réparation de la chapelle, que Pauline de Cugnac, jeune demoiselle du château d'Epannes (...Hyspannia en 1243 !), peignit ce tableau.
    Macrine, représentée comme une dame romaine, se tient derrière une balustrade sur la terrasse de sa demeure. Elle distribue de la nourriture aux pauvres. A gauche et à l'arrière-plan, dans un paysage champêtre, semblent rappelés certains épisodes légendaires de sa vie.
     
    Ailleurs
    Avant la Révolution. une chapelle Sainte-Macrine existait au Gué-de-Velluire (Vendée).
    Une fontaine Sainte-Macrine, à La Chapelle-Thireuil, explique sans doute la pose dans l'église, en 1870, d'un vitrail représentant la sainte. Un autre vitrail de sainte Macrine avait été commandé à Frontenay-Rohan-Rohan dès 1853.
    On ne peut passer sous silence le plâtre moderne de l'église de Magné. Une autre statue se voit aussi... à Notre-Dame-la-Grande de Poitiers.


    Aujourd'hui...
    ...on ne vient plus en grande foule invoquer sainte Macrine pour demander miracles et guérisons dont les anciens ex-voto rappellent le souvenir. On ne vient plus les pieds nus de Niort comme le faisaient les pèlerins du Moyen Age.
    Le pèlerinage du deuxième dimanche de juillet est devenu un temps de prière collective et individuelle, un jour de conversion, un rassemblement des chrétiens du Marais qui expriment la vitalité de leur foi.
     

     

    © PARVIS
    février 2002
    réalisation : atelier HISTOIRE ET FOI
    Centre théologique de Poitiers