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  • 5ème conférence : Conclusion du Discours d’ouverture du Concile Vatican II, du Pape Jean XXIII

    Cinquième Conférence Conclusion du Discours d’ouverture du Concile Vatican II, du Pape Jean XXIII

    Introduction :

    Nous arrivons au terme d’un long parcours de cinq rencontres qui nous a permis de découvrir les mouvements intellectuels et pastoraux qui préparent les travaux du Concile Vatican II que pourtant personne n’attendait ! L’unique intuition en revient à Jean XXIII qui en ressent l’impérieuse nécessité trois mois après son élection au Souverain Pontificat ! Un homme de 77 ans qui devait être un « pape de transition » convoque, contre toute attente un Concile Œcuménique, et le prépare en un temps record, en trois ans à peine. Nous avons ensuite survolé le contexte historique pourtant si peu encourageant. Avec l’audace des prophètes, dans son discours d’ouverture, Jean XXIII fait une lecture très positive du monde contemporain. Jamais ce rendez-vous ne tombait à un moment aussi opportun ! Pourtant une minorité influente faisait une autre lecture de la situation, ne retenant que les signes inquiétants, elle réclamait la condamnation de tant d’erreurs de ce monde sans dieu ! Il faudra du courage et de la détermination pour leur résister ! Dans le discours que « le Bon Pape » prononce à l’issue de la célébration solennelle d’ouverture de ce 21ème Concile Œcuménique, il indique divers points d’attention sur lesquels les travaux des Pères devront s’appuyer ! L’histoire des quatre sessions, démontre que les Pères ont non seulement bien reçu le message, mais, ils prouveront, par leurs travaux, la pertinence de l’analyse de Jean XXIII. Ce dernier a su maintenir d’une façon inattendue la fidélité absolue à la tradition en son intégralité, et la volonté de réaliser ce qui lui apparait comme urgent : rendre ce message accessible au monde contemporain. Il lance un mouvement de mise à jour du message pour permettre aux hommes du monde d’aujourd’hui de le recevoir et de le faire valoir ! Parmi les priorités que nous avons découvertes lors de la dernière rencontre, restaurer l’unité des chrétiens, dans l’Esprit de la prière du Christ (dans le 4ème Évangile) et même favoriser le dialogue avec ceux qui ne sont pas chrétiens (ce qu’on appelle désormais le dialogue interreligieux).

    Enfin, contrairement à tous les Conciles antérieurs, Jean XXII invite les Pères de Vatican II à ne pas terminer leurs travaux par une liste d’anathèmes de toutes les erreurs des courants de pensée du monde contemporain ! Il les invite à avoir le même regard de miséricorde que Dieu lui-même !

    Jean XXIII, jusqu’au bout veut garder son optimisme vis-à-vis du monde et allumer, dans le cœur des hommes de bonne volonté, la vive flamme de l’Espérance.

    CONCLUSION

    Vénérables frères dans l’épiscopat, « Nous vous avons parlé en toute liberté ». (2 Cor., 6, 11.) Nous voilà rassemblés dans cette basilique vaticane, pivot de l’histoire de l’Église, et où maintenant le ciel et la terre sont étroitement unis auprès du tombeau de saint Pierre et de tant de Nos saints Prédécesseurs, dont les cendres, en cette heure solennelle, semblent animées d’un mystérieux frémissement d’allégresse.

    Avec sa conclusion Jean XXIII revient dans la dynamique du début de son discours. Par une seule phrase il résume la pertinence de sa démarche (malgré le nombre des participants, des fidèles, et des médias qui lui donne une dimension planétaire) c’est un frère qui parle à des frères « en toute liberté » dans les mêmes dispositions de l’apôtre Paul quand il s’adresse à ses chers Corinthiens ! Il voit dans cette assemblée conciliaire réunie près du tombeau de saint Pierre et d’un nombre impressionnant de ses successeurs dont les tombeaux sont dans les cryptes vaticanes, l’expression originale de la communion des saints. Il l’exprime avec audace « maintenant le ciel et la terre sont étroitement unis ». Le « Bon Pape » révèle encore la lecture spirituelle, voire mystique, de l’événement qu’ils sont en train de vivre ! Au point de ressentir que : « les cendres (de Pierre et des prédécesseurs de Jean XXIII), semblent animées d’un mystérieux frémissement d’allégresse ». Jean XXIII nous invite à faire une lecture apocalyptique de l’événement. Nous sommes comme transmutés à la fin des temps où ciel et terre s’unissent en une seule réalité ecclésiale. « Il y a grande joie dans le ciel… » en communion avec les joies et l’allégresse de notre terre !

    Le Concile qui vient de s’ouvrir est comme une aurore resplendissante qui se lève sur l’Église, et déjà les premiers rayons du soleil levant emplissent nos cœurs de douceur. Tout ici respire la sainteté et porte à la joie. Nous voyons des étoiles rehausser de leur éclat la majesté de ce temple, et ces étoiles, comme l’apôtre Jean nous en donne le témoignage (Apoc., 1, 20), c’est vous. Avec vous, Nous voyons briller autour du tombeau du Prince des apôtres comme des chandeliers d’or, ce sont les Églises qui vous sont confiées (ibid.). Nous voyons aussi de hauts dignitaires qui sont venus à Rome de tous les continents pour représenter leurs pays. Tous, ils sont ici dans une attitude de respect et d’attente bienveillante.

    Apocalypse : 1, 9 Je suis Jean, votre frère ; uni comme vous à Jésus, je suis votre compagnon dans la détresse, le Royaume et la persévérance. J’ai été exilé sur l’île de Patmos, à cause de ma fidélité à la parole de Dieu et à la vérité révélée par Jésus. 10 Le jour du Seigneur, l’Esprit Saint se saisit de moi et j’entendis derrière moi une voix forte, qui résonnait comme une trompette ; 11 elle disait : « Écris dans un livre ce que tu vois, et envoie le livre aux sept Églises suivantes : à Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. »
    12 Je me retournai pour voir qui me parlait. Alors je vis sept lampes d’or. 13 Au milieu d’elles se tenait un être semblable à un homme ; il portait une robe qui lui descendait jusqu’aux pieds et une ceinture d’or autour de la taille. 14 Ses cheveux étaient blancs comme de la laine, ou comme de la neige, et ses yeux flamboyaient comme du feu ; 15 ses pieds brillaient comme du bronze poli, purifié au four, et sa voix résonnait comme de grandes chutes d’eau. 16 Il tenait sept étoiles dans sa main droite, et une épée aiguë à deux tranchants sortait de sa bouche. Son visage resplendissait comme le soleil à midi. 17 Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Il posa sa main droite sur moi et dit : « N’aie pas peur ! Je suis le premier et le dernier. 18 Je suis le vivant. J’étais mort, mais maintenant je suis vivant pour toujours. Je détiens le pouvoir sur la mort et le monde des morts. 19 Écris donc ce que tu vois : aussi bien ce qui se passe maintenant que ce qui doit arriver ensuite. 20 Voici quel est le sens caché des sept étoiles que tu vois dans ma main droite et des sept lampes d’or : les sept étoiles sont les anges des sept Églises, et les sept lampes sont les sept Églises. »

    Le Pape continue à contempler l’événement, laissant entrevoir sa pratique de la « lectio divina » dont son « Journal de l’âme » nous a rendus familiers ! « Aurore resplendissante qui se lève pour l’Église », il compare ce Concile à un printemps pour l’Église… toujours cet optimisme impénitent « comme s’il voyait l’invisible ». Déjà, il voit cette assemblée transportée dans le temple céleste qui reproduit ce que les yeux des pères voient dans ce temple de la terre, « les chandeliers d’or qui brillent autour du tombeau du prince des Apôtres » ce sont les Églises dont chaque Père est le représentant. Les hauts dignitaires ne sont pas oubliés dans la vision, ils représentent tous les pays de tous les continents ! Aux yeux du « Bon Pape Jean » ce concile n’est pas seulement œcuménique il est universel, catholique, au sens étymologique du terme (ce qui est répandu partout).

    On peut donc dire que le ciel et la terre s’unissent pour célébrer le Concile : les saints, pour protéger nos travaux ; les fidèles, pour continuer à prier avec ferveur ; et vous tous, pour vous mettre à l’œuvre avec ardeur, en obéissant aux inspirations de l’Esprit-Saint, afin que vos travaux répondent pleinement aux vœux et aux besoins des divers peuples. Cela requiert de vous paix et sérénité de cœur, concorde fraternelle, pondération dans les propositions, dignité dans les discussions, et sagesse dans toutes les décisions.

    Fasse Dieu que vos travaux et vos efforts, vers lesquels convergent non seulement les regards des peuples, mais l’espoir du monde entier, répondent pleinement à ce que l’on en attend.

    Continuant sa contemplation, Jean XXIII énumère les catégories de ses fidèles et exhorte chacun à réaliser son ministère propre :
    les saints, pour protéger nos travaux ;
    les fidèles, pour continuer à prier avec ferveur ;
    et vous tous, pour vous mettre à l’œuvre avec ardeur,
    en obéissant aux inspirations de l’Esprit-Saint,
    afin que vos travaux répondent pleinement aux vœux
    et aux besoins des divers peuples.
    Dans cette finale Jean XXIII implique tous et chacun aussi bien l’Église du ciel que celle de la terre dans cette œuvre conciliaire… les saints, les fidèles, les Pères, l’Esprit-Saint, et les destinataires tous les peuples ! Pour tous, il réclame le climat favorable, paix, sérénité du cœur, concorde fraternelle,
    Enfin pour l’efficacité du travail : pondération dans les propositions, dignité dans les discussions, et sagesse dans toutes les décisions.

    Prière conclusive :

    Dieu tout-puissant, c’est en vous et non en nos faibles forces que nous mettons toute notre confiance. Regardez avec bonté ces pasteurs de votre Église. Que la lumière de votre grâce nous assiste dans les décisions à prendre comme dans les lois à établir ; et daignez exaucer les prières que nous vous adressons d’une même foi, d’une même voix, d’un même cœur.

    O Marie, secours des chrétiens, secours des évêques, qui Nous avez donné tout récemment une preuve particulière de votre amour dans la basilique de Lorette où il Nous a plu de vénérer le mystère de l’Incarnation, faites que tout s’achemine vers des réalisations heureuses et prospères. Avec saint Joseph, votre époux, les apôtres saint Pierre et saint Paul, saint Jean-Baptiste et saint Jean l’évangéliste, intercédez pour nous.

    A Jésus-Christ, notre Rédempteur très aimant, au Roi immortel des peuples et des temps, amour, puissance et gloire dans les siècles des siècles. Amen.

    (1) Traduction de la D. C., d’après le texte latin publié par l’Osservatore Romano du 12 octobre 1962. Les sous-titres en italique sont de notre rédaction. Toutes ces citations ont été faites d’après la traduction diffusée par le Bureau de presse du Concile, laquelle a été faite d’après la traduction italienne du discours publiée dans le même numéro de l’Osservatore Romano. Cette traduction, sur plusieurs points, diffère d’une façon notable du texte latin officiel qui a été prononcé par le Pape.

    Ce discours a été abondamment cité et commenté dans toute ta presse, inspirant les gros titres des journaux parisiens du soir sur toute la largeur de la première page.

    (2) L’Église du silence était représentée au Concile par dix-sept évêques polonais, ayant à leur tête S Em. Le cardinal Wyszynski, tous les évêques yougoslaves, deux prélats bulgares (NN. SS. Kokoff et Kourtev), quatre évêques d’Allemagne de l’Est (NN. SS. Bengsch, Spülbeck, Rintelen et Schraeder), trois évêques de Tchécoslovaquie (NN. SS. Necsey, Lazik et Tomasek), trois chefs de diocèses hongrois (NN. SS. Hamvas, président de l’épiscopat hongrois, Kovacs et Brezanoczy) ; trois prêtres, vicaires capitulaires de diocèses de Lituanie et Lettonie. Parmi les chefs d’Église empêchés par leurs gouvernements, citons principalement S. Em, le cardinal Mindszenty et S. Exc. Mgr Beran, archevêque de Prague. Aucun évêque n’est venu de Chine (Il reste vingt-trois évêques en Chine, tous en prison ou empêchés), de Roumanie, d’Albanie, du Nord-Viet-Nam et de la Corée du Nord. (N. D. L. R.)

    Pour conclure nos rencontres de Carême, pour prouver l’actualité de Vatican II cinquante ans après, je vous lis les lettres de trois témoins représentant les trois grandes confessions, adressées au rassemblement des diocèses de France à Lourdes, les 24 et 25 mars, pour célébrer les cinquante ans de l’ouverture de Vatican II : (voir texte pdf ci- joint)

    Message de Benoît XVI

    Message du Pasteur Baty

    Message du Patriarche Bartholoméos 1er

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